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Pouvoir et argent endogames.

Le mépris pour les gens de « la rue » et l’indifférence pour leur sort ne se sont jamais tant manifestés depuis que Macron est président de la République. On se doute bien que ce mépris est partagé par toute les droites, sauf que la droite "classique" est plus prudente, moins arrogante diront certains. C’est pareil en Belgique. Georges-Louis Bouchez qui est un personnage assez grande gueule, très à droite au MR, ne montre son mépris que de manière indirecte, dans les réformes qu’il propose, souvent impitoyables pour les plus pauvres d’entre nous.
Depuis son accession à la présidence de la République, Emmanuel Macron a assimilé, dans certains de ses propos, les classes populaires à un groupe de fainéants incultes et braillards. Quand il n’y va pas carrément, on perçoit bien que son éducation primale, sa formation universitaire très éloignée d’un parcours philosophique, quoiqu’il s’en réclame, le destinait à être cet ambitieux « moderne » qu’on connaît, tout en acier de l’Empire State building, empressé d'aligner des millions d’euros pour la banque Rothschild et dorloter sa chérie, qui n’en demandait sans doute pas autant, pour accompagner ses roucoulades.
Ce faisant, il se différencie des chefs d’État précédents vis-à-vis des milieux défavorisés. Ses prédécesseurs les comprenaient en paroles, mais négligeaient leurs revendications. Manu montre en parole qu’il ne les comprend pas du tout, ce qui le met plus à l’aise pour négliger leurs revendications.
Unanimement, ces beaux merles ignorent la domination structurelle dont la rue est l’objet et qui fait toute la différence. C’est une constante transfrontalière, puisque c’est la maladie de l’Europe, ce dont elle mourra un jour.
On touche au point sensible de la rupture entre les dirigeants et la rue : l’incompréhension des intellectuels « pragmatiques » au pouvoir du peuple dont ils ont voulu prendre la charge sans l’aimer ni le comprendre, par ambition personnelle, comme on acquiert une entreprise avec l’argent de papa.
Les petites phrases de Macron disent tout : « salariées illettrées », allocataires des minima sociaux qui coûtent un « pognon de dingue », « fainéants », « cyniques », « extrêmes », « les gens qui ne sont rien », « il suffit de traverser la rue pour trouver un travail », etc.
Pour ces gens-là, la rue, il faut l’éduquer, la rééduquer, en extirper les réfractaires, comme le dentiste d’un chicot, guider ceux qui ont fait profession de geindre au lieu de se prendre en main et responsabiliser ceux qui « ne sont rien », pâte molle à pétrir des mains expertes de « ceux qui savent ».
On croit percer le secret de Macron, mais il est là le grave problème de ces dirigeants, de Bacquelaine, aux Michel, de Reynders à De Wever, de cet ensemble d’imbéciles instruits juste à point pour servir une seule cause, celle de l’argent, avec lequel ils sont intimement liés.
Les enfants de Bourdieu, dont très humblement et modestement je me réclame, remercient le pouvoir de déduction de l’analyse sociale, d’avoir compris les comportements des hommes publics, que ce grand sociologue nous a laissés en héritage.
Le monde ouvrier le pense aussi qui le sait intuitivement sans avoir eu besoin de faire des études, un peuple d’une intelligence intuitive, construite sur le tas de douleurs et d’avanies que cette société lui réserve souvent avec sadisme.

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Ceux du camp d’en face, les ennemis de classe et qui le sont plus que jamais, malgré les pleurnicheries et les logorrhées du socialisme de collaboration, ont tout intérêt à entretenir une vision négative des ouvriers comme groupe social, s’interdisant ainsi le trouble qui pourrait résulter d’une compréhension plus réaliste, situation dernière dans laquelle se retrouve les écologistes, encore perplexes de leur découverte. Car, le désir de comprendre minerait leur croyance en la légitimité de leur participation active aux restructurations industrielles. Le mépris et la méprise conditionnent ainsi l’aveuglement socialement nécessaire à leur mission. C’est cette philosophie du mépris que récusent les gilets jaunes.
Le débat que Macron a suscité à propos de la retraite par points pseudo universelle est intéressant à ce titre, puisqu’on en est à la question, dont on se préoccupe enfin, alors que le monde ouvrier la pose depuis plus de deux siècles, « Qu’est-ce qu’un travail pénible » ?
Même parmi les journalistes élevés et nourris au biberon de la « modernité » un doute se fait qu’on aura difficile à canaliser vers la sortie, des choses dont il vaut mieux ne pas parler qui embarrassent le pouvoir,.
Toute la somme des travaux présentée à la rue contient son pesant de pénibilité, de l’ardoisier à la caissière, du placeur de voiture à l’employé de bureau semi-remplacé par l’électronique, pénibilité physique de l’infirmière, pénibilité psychique du comptable soumis au rendement et au productivisme, comme s’il s’agissait d’un progrès pour tous.
Oui, la morgue, l’arrogance, le déni, l’indifférence des gens les plus hauts placés de cette société finiront par les conduire, non pas dans la rue, ils n’y seraient pas à leur avantage, mais dans le caniveau où ils y ont leur place.

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