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Borsus en carafe : pas question !

Les frères Dardenne terminent leur premier western. Ils l’ont tourné l’année dernière dans les Hautes Fagnes, en pleine canicule. Le script est simple, mais efficace. Will Borsus, aventurier professionnel, chasseur de primes et pilleur de banques, est poursuivi par le sheriff de Walkcity, Ra Hed-Bouw, à travers le désert qui débute à la sortie de Thombstone, ville que les frères ont reconstruite en planches de sapin du Haut-Plateau.
La dernière scène a été montrée à Chaudfontaine au festival Coca-cola-Bacqcountry.
Will Borsus, au milieu de nulle part est à la recherche de l’eau indispensable à sa survie. Il a déjà tué Jumper son cheval, pour en boire le sang. Il marche avec peine entre les cactus géants, ignorant comme tous les cow-boys qui n’ont pas fait beaucoup d’études, que le carnegiea gigantea pourrait lui donner de l’eau par une technique indienne que Ra Hed-Bouw, par son métissage avec une mère Pawnie, connaît parfaitement.
Will Borsus jette ses dernières forces pour gravir un minuscule halde de calcite, vestige des mines d’argent de LLango, cité fantôme.
Au sommet, il reprend confiance, en contrebas, une grande baraque sur le toit de laquelle une cheminée fume ! Will borsus rassemble ses dernières forces. Après des efforts surhumains, il s’effondre sur la terrasse en planches. Le bruit de sa chute a mis en éveil l’occupante des lieux. Elle ouvre la porte, winchester sous le bras et voit Will Borsus effondré, mais le colt à la main, dans un dernier réflexe de prédateur.
C’est la redoutable Maggie Sablok, républicaine, adversaire de Calamity Jane, démocrate. C’est une célébrité du Nord de l’Ouest américain (dans la version en flamand, les Frères ont supprimé « Nord »).
De son pied, elle envoie le colt de Will Borsus loin de sa portée.
– What do you want, stranger?
Will lève un œil lentement, cette voix lui rappelle une femme violente et brutale qui, jadis, le terrorisa et qu’il dut épouser sous la menace d’un deux coups qu’elle avait gardait sous l’élastique d’une jarretière, à Reno, au bar Attin.
– To drink, god's name, to drink!
Maggie se baisse, et passe un bras au-dessus de son énorme poitrine, soulève la tête de Will Borsus, le reconnaît et lâche la tête du malheureux qui retombe lourdement sur les planches de la terrasse.
– It's you ! old scum ... Ra Hed-Bouw hasn't had your skin yet!
– To drink, please, to drink !
Mais les Frères ne voulant pas trop s’attarder sur l’anglais, font poursuivre en français.
– Toi, vouloir boire ? (Les Frères veulent un accent germanique pour une copie destinée à un distributeur de Frankfort).
– Ja !
– Tu as de la pépite, mec ? Alors, tu bois. Tu n’en as pas, mec !... tu crèves.

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Le réveil sonne dans la chambre bleue du petit castel de Marche que Willy Borsus a acheté avec ses dernières indemnités, merci la Patrie ! Ce qui précède n’était qu’un rêve !
Il se rendra bientôt au parlement wallon. Il y est un des plus beaux fleurons, le pendant exact du socialiste, Elio Di Rupo.
Il est heureux. Il fait beau. Il a bien le temps. La première chose à faire, c’est de boire un grand verre d’eau de Chaudfontaine que son ami Bacquelaine fait venir par camions entiers à Namur, dont Floche, son chauffeur, ramène un casier toutes les semaines à Marche.
Il ricane, une bouteille comme celle-là doit valoir dans les dix euros dans un restaurant chic ! Il bénit la providence en songeant qu’au moins 20 % iront dans les poches des hardis financiers de la Jean-Luc Crucke Connexion.
Il entrouvre d’un doigt les rideaux de baptiste de la cuisine. Floche astique la 508 de la Région. Dans quelques heures, il sera à la tribune du parlement.
« La carafe d'eau gratuite dans tous les restaurants de Wallonie, ce n'est vraisemblablement pas pour demain », dira-t-il de cette voix reconnaissable entre mille "Je plaide pour que nous n'imposions pas la carafe d'eau gratuite, mais pour que nous restions déterminés dans le déploiement de l'accès à l'eau dans les lieux publics". « Ainsi il n’est pas question de taxer l’eau des robinets des fontaines publiques », dira-t-il ironiquement à Eddy Fontaine – le bien nommé – qui l’interrogeait en commission du parlement wallon, sur la carafe gratuite.

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