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Socialisme pour les riches, capitalisme pour les ploucs !

C’est en jetant un regard par hasard sur l’investiture démocrate à Vegas pour la présidence des States, qu’une réplique de Bernie Sanders m’a frappé. « Deux tiers des électeurs seraient mal à l’aise avec un président socialiste », demande quelqu’un dans la salle ?
« Mais le socialisme existe déjà », répliqua le sénateur, très en forme et sûr de lui.
Et d’approfondir son raisonnent :
« Quand Donald Trump se fait 800 millions de dollars en réductions d’impôts et en subventions pour construire des logements en co-propriétés de luxe, c’est du socialisme pour les riches ! Quand l’état subventionne les travailleurs de Walmart (1) qui sont sous Medicaid (2) et coupons alimentaires parce que la famille propriétaire de Walmart paie des salaires de misère, c’est ça le socialisme pour les riches. Je crois au socialisme démocratique pour les travailleurs. »
Raisonnement pas faux : le socialisme pour les riches n’existe pas qu’aux États-Unis. En 2014, Owen Jones le décrivait au Royaume-Uni, et Christian de Brie en France.
En Belgique, l’intérêt notionnel ne vous rappelle rien ? Ce cadeau de Reynders aux riches, retour de Marrakech où il avait été reçu par Albert Frère, comme un chef d’état ?
Que racontent les grands emberlificoteurs de l’Union Européenne ? Ils n’en ont qu’après les pauvres gens ! Selon la Cour de justice de l’Union européenne, un Etat peut restreindre les prestations sociales des migrants intracommunautaires « inactifs », soupçonnés de courir après les allocations — ce qui est qualifié de « tourisme social ». L’image du pauvre est associée à celle du profiteur. Et pas que pour les migrants, Bacquelaine a étendu le champ des investigations à l’ensemble des prestataires sociaux. L’histoire du facteur qui jette un œil chez le chômeur pour constater qu’il y est bien chez lui, c’est du Bacquelaine à l’état pur !
Qu’est-ce qu’on entend comme conneries des porte-voix de la high class à la télé et la presse sur l’État trop social qui bride l’esprit d’entreprise ! Et de reprendre le laïus tant rabâché : la croissance, l’innovation et le progrès sont du domaine privé ! Macron n’est pas en reste avec sa théorie de ruissellement. Une fois largement abreuvée l’élite industrielle, sortirait son petit arrosoir en or massif, afin d’abreuver nos champs de cul-terreux !
En réalité, l’élite dépend étroitement des largesses de l’Etat. Bouchez, Reynders et les Michel, ainsi que tous les autres, sont des assistés de luxe, touchant de l’argent venant de la même source que celui des chômeurs, un guichet à part bien entendu, celui où l’on est reçu poliment, ce qui n’est pas le lot du commun.

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La garantie de la propriété privée repose sur un onéreux système judiciaire et policier. Elle est soldée à 100 % par nos impôts et ne protège que les riches. Le secteur privé pharmaceutique, pourtant richissime, sollicite régulièrement l’Etat pour qu’il finance la recherche et le développement dont dépend son activité. Avant que nous n’attrapions le corona virus, il aura passé par les caisses enregistreuses de toutes les pharmacies qui paient leur dîme aux fortunes de la pilule en conserve.
Même les petits génies qui, parti de rien, on cite souvent les débuts de Bill Gates dans son garage, sont redevables de l’État. Facebook est né de recherches financées par le gouvernement américain. L’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), c’est l’État, les bénéfices pour l’application des résultats du CERN, c’est le privé et pas vous ! Le moteur de recherche de la société Google (deuxième entreprise du monde en termes de valorisation boursière) n’existerait pas sans un algorithme que lui a généreusement offert la Fondation américaine pour la science (National Science Foundation). L’iPhone d’Apple émerveillerait sans doute moins s’il ne concentrait pas une large gamme d’innovations financées par l’Etat, des écrans tactiles au système de localisation mondiale GPS (Global Positioning System).
Les créateurs de richesse, que les libéraux et leurs médias célèbrent comme des héros, pourraient-ils se passer des infrastructures que l’Etat : les routes, les aéroports, les voies ferrées ?
Le champion du discours exalté, le leader du MR Georges-Louis Bouchez est le même que celui de Charles Michel : rigueur et économie stricte des dépenses publiques, coupes dans le budget social (Avec nos six gouvernements, c’est déjà merveilleux de cynisme), par contre largesse et compréhension dans les secteurs « de pointe ».
J’y reviens encore et toujours, le sauvetage des banques par Reynders en 2008. On ne s’en lasse pas. Des banques privées coulent par leur propre faute et entraînent l’économie mondiale avec elles dans l’abîme. Finalement, ce sont les contribuables qui paient l’addition. C’était pour sauver l’emploi. Depuis dans les banques, il n’y a quasiment plus personne !
« Socialisme pour les riches, capitalisme pour les ploucs ». Ainsi bizarrement exposé, oxymore politique, n’est-ce pas le principe même du tour de passe-passe de la classe dominante ?
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1. Walmart : entreprise américaine internationale dans la grande distribution.
2. Medicaid : programme créé aux États-Unis qui a pour but de fournir une assurance maladie aux individus et aux familles à faible revenu et ressource.

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