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You'll never walk alone (1)

Un article publié dans la revue médicale The Lancet ne visait pas Maggie De Block : « Les effets de la pandémie de Covid-19 sur la santé mentale seront peut-être profonds ». Et pourtant, les déclarations de la dame à un journal flamand : "Nous rêvons tous à la vie normale, mais nous devons nous rendre compte que nous n'aurons peut-être plus jamais une vie normale", pourraient bien être la clé d’une analogie de son cas avec ceux de The Lancet.
On ne savait pas la ministre capable de philosopher, plutôt de dire n’importe quoi. Dame, un médecin n’est-ce pas quelqu’un de sérieux ? Voyez, Bacquelaine ! Du haut de leur assurance de notables, ils peuvent, en effet, raconter des craques et être écoutés avec respect.
Qu’est-ce qu’une vie normale ? On devine que dans l’esprit de la ministre, une vie normale, c’est la hiérarchie respectée, l’ordre bourgeois dans toute sa rigueur, une société de labeur qui se soumet au monde des affaires, etc. Mais combien de citoyens peuvent se prévaloir de cette normalité là, et s’y trouver parfaitement à l’aise ?
Il s’agit donc d’une vision personnelle de la normalité après laquelle elle soupire.
Cette vie normale est en réalité une vie anormale pour une part importante de la population. Ne pas ressentir cela de la part d’un médecin, en dit long comme elle conçoit l’art de guérir. Nous avons là deux cas, avec Bacquelaine, d’une perception fausse de la société, une déperdition de l’esprit d’analyse et un aveuglement intellectuel.
Quelles sont les conséquences des crises sur notre santé mentale? La mort qui rôde pousse-t-elle au suicide ou, au contraire, nous en protège-t-elle en stimulant notre instinct de survie?
Les relations que l’on noue sur Facebook font peut-être baisser le taux de suicide plus qu’on ne le pense. On sait que les périodes de guerres ont souvent un effet protecteur, aussi étrange que cela paraisse, sur la santé mentale. Durant les trois mois qui ont suivi le 11-Septembre le taux de suicide a diminué significativement à New York.
Qu’en est-il du Covid-19 ? Une pandémie n’est pas une guerre entre les pays. Au lieu d’une cohésion devant un ennemi commun, les dirigeants offrent l’affligeant spectacle de commis du grand capital effarouchés à la perspective de perdre leur gagne-pain, tachant d’entraîner les autres à faire front à leur manière.
Les foules ne se sentent pas solidaires de ces incompétents. La méfiance est de règle. La cohésion sociale n’existe pas. Les gens ont raison de se méfier, puisqu’il est avéré que le gouvernement poursuivait d’autres objectifs que celui de la protection de la population. On en retrouve les preuves, dans les erreurs avant le début de la pandémie. L’affaire des masques détruits dit tout de Maggie. La gestion busines american des hôpitaux complète le tableau.
La défense collective contre le Covid-19» n’aura pas l’effet protecteur d’une guerre entre pays, en ce qui concerne les suicides. Le contraire est probable. La grippe espagnole de 1919 avait fait grimper le taux de suicide. L'épidémie de SRAS en 2003 qui n’avait pas touché l’Europe, avait entraîné une explosion des suicides chez les personnes âgées : +15% chez les plus de 65 ans, à Hong-Kong. La peur d’alors était d'être contaminé, de devenir un danger et un poids pour sa famille. La perspective d’un isolement influait également. Comme on voit partout dans le monde, les mêmes causes produisent les mêmes effets.

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À l'heure où près de la moitié de l'humanité est confinée, l'isolement reste l'un des facteurs entraînant une augmentation du taux de suicide. Quant au déconfinement, il est encore trop tôt pour dire si être libre aura un effet bénéfique. La deuxième vague possible empêche de se réjouir trop vite.
Ces gens de pouvoir agissent comme des criminels. Ils font porter le poids de la société sur les épaules des plus humbles, sans les considérer avec le respect que la nation leur doit. Ce sont les caissières (2), les éboueurs, les aides-soignantes, les personnels des maisons de retraite, des hôpitaux et tous les métiers de bouche, qui tiennent ce pays à bout de bras et qui ont fait qu’il ne s’est pas effondré.
À ces exclus de fait, comment osera-t-on demander davantage après la crise ? Quant aux chômeurs, pensionnés, malades, la plupart sans ressource, le stress modifie des zones spécifiques du cerveau, accroissant le risque de suicide causé par leur exclusion sociale.
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1. « You'll never walk alone » (Tu ne marcheras jamais seul) chant des supporters de Liverpool.
2. On vient d’apprendre que dix membres du personnel Colruyt sont positifs au coronavirus.

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