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Gymnopédies

Première gymnopédie – Que voulez vous ! Quand on n’aime pas les choses officielles que des décideurs perpètrent en notre nom, que faire lorsqu’on est insignifiant ? Enfin, pire, quand on suppose que l’ensemble des insignifiants fait une majorité, quel est encore le sens à donner à la démocratie ? On a beau adhérer à l’holisme, quand Wilmès vaut cent bouches, on est sans force.
Le dilemme n’est pas neuf, Aristophane en a tiré parti.
Les utilisateurs dubitatifs, minoritaires de Facebook, sont majoritaires sans le savoir.
La bouffonnerie est encore ce qu’il y a de mieux pour résister à l’insolence du cuistre. Elle permet de se protéger de l’indicible.
Voilà pourquoi j’ai pris l’habitude d’agiter les grelots de la marotte des fous en zappant sur des sites reprenant pour s’en indigner, l’actualité de ceux qui ont du poids dans l’argument du pas grand chose. De Wever, Bouchez, Magnette ont remplacé Michel, Reynders, Miller dans cet exercice, avec la facilité d’un néant en remplacement d’un autre.
Deuxième gymnopédie – Le rire des amuseurs, tentés par l’exercice du pouvoir, devient grinçant. Certains passent de la fanfaronnade à l’acte réel. Est-ce qu’on sent remonter sa propre estime quand un Jean-Marie Bigard décide de suppléer à notre parole par la sienne, comme si elle était notre authentique protestation !
Il me dégrade de la manière dont mes travers refont surface à travers lui. Sa grossièreté c’est la mienne, mais avec un côté faussé qui en fait un imposteur.
De la crise de 2008-2009, sont sortis des humoristes qui ont aidé à supporter un pouvoir sans humour. L’Ukrainien Volodymyr Zelensky, incarne l’archétype de la réussite. Son rôle dans une série télé « serviteur du peuple » le porte candidat à l’élection présidentielle ukrainienne. Il y remporte une victoire écrasante en 2019.
Tous les présentateurs de télé de la RTBF et RTL-TVi ont été élus, sans même avoir besoin d’être les acteurs bouffons des écrans, sans même que l’on sache ce qu’ils pensent, pour tout autant qu’ils pensent.
Jarry avait compris les ressorts d’un pouvoir sans garde-fous, avec sa pièce Ubu roi, tyran avide et sanguinaire. La vulgarité du langage et l’outrance du propos est le contraire d’un Reynders qui conserve le sang-froid de la chose monstrueuse poliment dite. Mais elle conserve toute sa capacité démonstrative dans le personnage intérieur, monstruosité chronique des quelques marottes encore au gouvernement.
Ubu est un être grotesque et ignoble ; il ne s’en cache pas. Il affiche même une certaine transparence lorsqu’il claironne avec emphase ses desseins et ses méthodes. Ainsi : « J’ai l’honneur de vous annoncer que, pour enrichir le royaume, je vais faire périr tous les nobles et prendre leurs biens. ». Mégalomane et autoritaire, il parle de lui à la première personne du pluriel. C’est tout le portrait de Trump.
Idi Amin Dada, Nicolae Ceauşescu le « Danube de la pensée », Bokassa, le Napoléon Noir, autant de père Ubu que notre mémoire pourrait associer à Maggie De Block, la mère Ubu de la machine à périr : l’hôpital sans un sou.

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Troisième gymnopédie – 2016, Trump, nouveau président s’acoquine avec Steve Bannon, l’homme des droites de l’ombre. Trump va s’attacher à détricoter les structures du New Deal, étoffées dans les années 1960, par les réformes de la Great Society. Les éléments de cette déconstruction se sont déroulés devant nos yeux tout au long de quatre ans : ne pas pourvoir certains postes, ou alors à titre intérimaire ; démanteler les administrations existantes, les vider de leur substance, leur couper les vivres ; discréditer les experts et les accuser des plus noirs desseins. En 2018, Trump fit comme Maggie, en supprimant toutes les structures de réserves et de prévention d’une pandémie.
L’objectif de ce monde politique est limpide : réduire la taille de l’État afin de pouvoir le « noyer dans une baignoire », l’incompétence est même réclamée puisqu’elle contribue à discréditer l’idée de service public.
C’est ainsi que le monde libéral s’est distingué dans la lutte contre l’épidémie. C’était bien – cela l’est encore – de détruire l’état et son environnement social, pour consacrer tous les moyens à l’essor d’un libéralisme tellement grotesque, qu’on en a honte pour eux.
Alors autant attendre avec sourire, que l’Histoire chasse le libéralisme destructeur, des coups de pied au cul qu’il mérite.

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