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Libanisation de la Belgique !

L’explosion qui a ravagé le centre ville de Beyrouth a été un événement déclencheur qui a mis à nu la société libanaise dans toute sa crudité, livrant au regard de la foule les gens qui vivent derrière les façades effondrées, dans leur mobilier et leurs habitudes. Le Diable boiteux de Beyrouth, s’est offert le gouvernement libanais, comme dans le livre de Le Sage !
Certains témoins disent s’être rendu compte que le système de corruption était plus grand que l’État. Le diagnostic du Premier ministre libanais Hassan Diab, dans son discours de démission du 10 août, a fait froid dans le dos et montré l’ampleur du désastre politique que traverse le Liban.
De toute l’Union Européenne, la Belgique est probablement le pays le plus proche par sa situation, de la crise politique de Beyrouth, le drame des pertes humaines et des destructions du patrimoine en moins.
Quand on compare les deux situations, ce qui frappe d’abord c’est le Hezbollah libanais, un État dans l’État et sa presque représentation chez nous avec le mouvement séparatiste flamand.
Au Liban, l’enchevêtrement des partis, incapables de s’entendre dans un élan constructif, mais obligatoirement tenus à un accord, s’entendent plutôt bien sur le dépeçage des biens et le partage des profits au prorata des différentes puissances en présence. Voilà qui nous plonge quasi directement dans les méandres de la politique belge, cet étonnant marchandage qui donne l’impression aux citoyens de se trouver en permanence sur un marcher aux bestiaux où les vendeurs se tapent dans les mains et se voient comme des maquignons en concrétisant leurs ventes et leurs achats.
Les Libanais durant les rassemblements tumultueux d’octobre 2019 n’avaient cessé de dénoncer l’incompétence et les négligences de la classe politique.
En Belgique, la fin lamentable du gouvernement Michel à propos d’un accord international dont la N-VA ne voulait pas, lors de la même période qui voyait le mécontentement libanais prendre de l’ampleur, a laissé le peuple belge abasourdi plutôt que furieux. Mais cela ne signifie pas que les Belges n’aient pas compris que le degré d’incompétence et le manque de prise de responsabilité des responsables de la crise étaient en partie la cause d’une corruption générale moins spectaculaire que celle du Liban, mais tout aussi profonde et irrémédiable.
Le système belge est encore plus complexe que le système libanais. Tellement même, qu’un nombre incalculable de failles a permis aux acteurs des partis de se multiplier et de se blinder dans des mandats aussi variés que somptuaires.
Nous sommes en train de prouver qu’une caricature de démocratie nuit à la démocratie. Nous avons conçu une usine à gaz impossible à démanteler et dont les partis profitent en casant leurs créatures à tous les étages.

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Il n’y a plus qu’une explosion comme à Beyrouth qui réussirait peut-être à mettre par terre cette usine à gaz, sauf qu’ici il ne s’agit pas d’installations portuaires, de silos à blé, de capitaineries et de hangars des docs que des maisons d’habitations entourent, mais d’un échafaudage baroques de lois linguistiques, une captation hétéroclite des pouvoirs par les Régions, les Provinces, les Villes et les Communes, le tout administré par un réseau de bureaux administratifs dont le but n’est pas de simplifier les rapports du citoyen avec son administration, mais au contraire de les compliquer, afin de masquer l’inutilité de la plupart des gestes administratifs.
Au Liban après l’explosion du 4 août, le gouvernement a démissionné, les autorités libanaises ont ouvert une enquête sur l’accident, l’aide internationale s’organise à l’instigation de la France et les manifestations de la colère, parfois sévèrement réprimées, n’ont pas cessé.
La Belgique montre un gouvernement le plus stable du monde puisqu’il est non renversable jusqu’au 17 septembre. Il ne s’appuie sur aucune majorité. Il n’est pas sûr que son cahier des charges « limité » à la gestion au quotidien le soit réellement. Sophie Wilmès prend des initiatives de droite et donne aux partis libéraux un avantage sur tous les autres.
“Le risque aujourd’hui, c’est la disparition du Liban” a averti le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, jeudi 27 août. Est-on vraiment en train d’assister à l’effondrement du pays, questionnent les journaux.
“Il y a une certaine fatalité à être Libanais”. Je sais bien que la situation sociale du Liban est incomparable, tant l’urgence de sauver les enfants, de manger de se vêtir et de s’abriter est autrement plus grande qu’en Belgique.
La comparaison s’arrête là.
De la disparition probable du Liban et le processus logique qui mène à la disparition de la Belgique, il y a toute la différence entre le « probable » et le « certain ». C’est l’ambition de cette chronique, de montrer que la Belgique, c’est fini ! Faut-il le regretter ou l’applaudir ? La parole est aux citoyens.

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