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Le Brexit, une affaire de harengs !

La Covid-19 nous a épargné les rodomontades des dirigeants des deux camps Europe-Brexit, engagés dans un bras de fer, ont écrit les gazettes, entre deux avalanches de dépêches sur la pandémie.
Parfois, par un brusque regain d’informations, nous avons été sommés de trouver admirable la ténacité de Michel Barnier, notre négociateur, devant les Anglais. La presse unanime saluant la volonté des Européens de sauvegarder le droit de pêche dans les eaux britanniques, tous laissaient entendre que c’était la pierre d’achoppement et que l’accord général était impossible si ce « grave » problème n’était pas résolu à l’avantage des pêcheurs riverains de la Grande-Bretagne.
Toutes les autres difficultés étaient de la petite pale ale à côté : ridicule le différend sur la frontière irlandaise, billevesée des droits de douane, etc.
Ursula von der Leyen avec le très combattif Charles Michel musclaient les pourparlers de leur volonté de les durcir en cas de non-deal, nous apprenaient les journaux bruxellois. Un thuriféraire de l’UE, donnait quelques coups d’encensoir supplémentaires en ajoutant qu’il était impensable de conclure un accord qui donnait autant de droits commerciaux à un pays en-dehors de la zone européenne, qu’aux 27 constituant cette zone. Autrement, concluait-il à quoi servirait l’Europe ? La France engageait des douaniers et envisageait de construire des routes parkings et des centres administratifs de la douane. Les autres pays n’en faisaient rien, se doutant du cinéma fait autour des barrières douanières. On revérifiait les armes de part et d’autre de la frontière des deux Irlande, bref ça paraissait gamberger ferme afin de montrer ce qu’il en coûtait à un membre de l’union Européenne de prendre la fuite en laissant aux 27 le soin de payer l’ardoise.
Oui, on vous le demande, comme le bordel c’état déjà rien que d’y penser !

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La réponse vient « presque » de tomber. Il est possible que les trompettes d’airain retentissent même avant la publication de cette chronique, publiée alors que l’accord est imminent.
Tout était bien préparé et bidonné autour de cette affaire de harengs qu’on a monté en tête d’épingle pour cacher le reste : à savoir que la Grande-Bretagne quitte l’Europe sans trop la quitter, puisque tout ce qui concerne le commerce ne changera rien, qu’il n’y aura pas de frontière et que tout sera comme avant, sauf que la Grande-Bretagne ne paiera plus de redevance à l’Europe et qu’elle ne placera plus ses créatures dans l’administration de ladite.
Ce deal qui met en boîte tous les Européens est risqué… seulement pour les adhérents à l’UE. Des membres, sur cet emboîtage fameux d’un pays qui part mais garde tous ses avantages, pourraient trouver le deal intéressant et se fabriquer un petit référendum de départ.
Les milliers de pages du traité, parce qu’il faut bien des milliers de pages pour protéger le vide absolu, portent uniquement sur la concurrence « déloyale », dans le sombre dessein de pratiquer un dumping sur les prix et les salaires de la Grande-Bretagne.
L’épidémie a évidemment occulté la dramatisation de tout cela et les Européens vont se trouver éberlués devant ce qu’ils croyaient déjà être la guerre de position entre l’Europe et un état dissident.
Mettez-vous à la place des Européens qui travaillent à Londres et les Anglais qui ont acheté une maison en Normandie pour y finir leurs vieux jours, comment on les as tenaillés et poussés à bout pendant deux ans, pour finir par leur dire que rien ne se passerait vraiment et cela Ursula, Charles et Boris le savaient depuis le début !
Presque à l’épilogue, mais pas encore, la chose ayant un besoin de tension pour être crédible, Bruxelles annonce qu’un accord commercial entre l’Union européenne et le Royaume-Uni pour l’après-Brexit est imminent et pourrait être conclu dès ce jeudi 24 décembre 2020 dans la matinée. (Reuters)
Pour ne pas perdre la face, chacune des deux parties annonce que l’autre a fait d’énormes concessions notamment sur des points très importants relatifs à la pêche. Les patrons-pêcheurs exultent du côté d’Anvers et de Cherbourg, on criait également victoire, à Londres, comme le montre cette Une du tabloïd pro-Brexit The Sun, présentant Boris Johnson en Père Noël apportant un accord aux Britanniques. (L’illustration de cette chronique)
Il n’y a pas que les poissons qui poursuivront leur long trajet de la mer du Nord britannique à la minque d’Ostende. On ne savait pas pourquoi Charles Michel laissait derrière lui, comme l’odeur d’une « petite qui se néglige », la caque sent toujours le hareng !
Maintenant, on le sait !

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