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Un samedi d'artiste.

Les acteurs du culturel ont mené une action symbolique samedi 2O février dans les grandes villes de Wallonie. Comme toujours, « qu’est-ce que la culture et qui en fait partie ? », la question reste sans réponse. On ne va pas ergoter. La confusion semble être de mise entre les conventionnés et les « amateurs ». J’ai toujours eu des difficultés à concevoir l’alliance entre le riche et le pauvre dans la vie sociale. Je ne vais pas changer d’avis dans la vie culturelle. La mansarde de Murger restera à des années lumières de la fosse d’orchestre d’un théâtre subventionné. Une manif sans les non-professionnels aurait tourné à la revendication syndicale, pourquoi alors ne pas s’associer aux cuisiniers et aux maîtres d’hôtel ?
Admettons qu’il était de bonne guerre que tout le culturel soit dans la même galère et embarqué dans la même protestation.
Les prémices furent le fait de la Direction du Patrimoine culturel et l’Association des Archivistes francophones de Belgique qui sonnèrent le branle début du mois en organisant une série de webinaires. Le mot passe mal. La francophonie n’a pas trouvé un mot pour désigner les formes de réaction de type séminaire. C’est fâcheux.
Parmi les manifestants à pancartes de ce samedi, c’est pareil. À côté des affichettes du genre "Silence, on meurt", "L’art, c’est ce qui rend la vie plus intéressante" ou encore "je suis non essentielle", c’est le petit génie qui a trouvé le slogan rassembleur qui inquiète : « StillStanding For Culture » ! Traduction du sabir cher à l’anglo-saxon mania « Toujours debout pour la culture ».
Bien soyons StillStanding et fier de l’être et pas qu’en anglais si possible.
Une question ne sera jamais affichée. Elle est pourtant essentielle, toujours pendante et d’une brûlante actualité : qu’est-ce que la société libérale dite de consommation fait pour les arts, autrement que subventionner « l’art prétexte », celui qui ne la contredit pas ?
Histoire d’être caustique et critique, le « Mariage de mademoiselle Beulemans » va finir par devenir un théâtre d’avant-garde ! Pour l’oligarchie qui vient, il sera à l’extrême limite de ce que le pouvoir tolère. Que les artistes qui se disent mal-aimés, se le tiennent pour dit. Ils ramasseront leur cachet sans moufter.
C’est dérangeant de faire équipe dans la rue sous des slogans en anglais avec des « artistes » qui meublent l’espace désespérément vide des arts, tant les créateurs libres sont tous en train de crever, sachant que la Covid-19 et le confinement du public n’y sont pour rien, et que c’était déjà bien avant tout ce bazar !
Mes propos vont paraître indignes, je m’en fous. La consécration officielle n’est qu’une reconnaissance mondaine. Il se trouve plus d’incultes décorés des Arts et des Lettres sur les fauteuils d’orchestre des grandes premières, que dans les réunions du dimanche matin des maisons de la culture, quand le permanent communal donne les clés du local à un plouc poète.
« La culture souffre comme d’autres secteurs mais elle est bien plus qu’une activité économique, elle participe au bien-être psychique des citoyens et pour l’instant, elle ne peut pas remplir ce rôle sociétal », disent les « artistes » engagés, c’est-à-dire à contrat.

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On a l’impression d’entendre la caissière du Théâtre Royal qui se plaint de ne plus pouvoir vendre ses tickets. C’est quoi le rôle social de la plupart des artistes conventionnés, sinon faire les propagandistes d’une démocratie bidon aux relents libéraux !
Partenaires de cette société, certes, mais valets de pied de la comédie de la rue de la Loi, les propagandistes de « Madame est servie » comédiens pontifiants des outrances de l’usine à gaz, que plus personne ne maîtrise désormais, tenaient encore le haut du pavé ce samedi.
Ils veulent qu’un débat s’installe ! Mais entre qui et pourquoi ? Il ne s’agit pas de relever les salaires des trois ou quatre metteurs en scène subventionnés, mais de trouver une issue aux crève-la-faim, bannis de partout, artistes montrés du doigt, moqués et pourtant persistants, parce qu’ils ont le métier dans les tripes !
On voit bien où l’on va, les atteintes à la liberté des artistes en les affamant d’un gouvernement fédéral qui n’a même pas un ministre de la culture à part entières. Et en face, des réunions larmoyantes d’acteurs qui attendent soumis que les Autorités leur bottent le cul.
Ils ne savent pas que la liberté se prend et ne se négocie pas.
Avec Wilmès « coordinatrice des Arts », ce n’est plus « La Muette de Portici », mais la Muette de la porte d’ici.

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