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C’était à Liège en octobre 1945.

Il n’a pas fallu remonter très loin, 1938, pour saisir le « drame wallon », drame de toutes les minorités en cohabitation avec un peuple différent, parlant une autre langue.
L’histoire de la Wallonie que l’on raconte aux enfants est fausse. Une minorité n’a pas le droit d’avoir une histoire autocritique d’elle-même, sans heurter la majorité, qui est toujours décisive par le nombre.
Hannah Arendt montre l’importance du témoignage « un événement qui n’est pas raconté n’a pas eu lieu ».
Tous les faits qui suivent ne sont absolument pas appris dans les écoles wallonnes.
La loi sur la flamandisation de l’Armée fut d’application en 1938. Ce fut pratiquement la première démonstration de force du mouvement flamand. Je ne dis pas qu’elle était inutile, mais dans son application elle fut brutale, de telle sorte que l’État-major en fut bouleversé et de 1938 à aujourd’hui la majorité des postes supérieurs de l’Armée sont dévolus aux Flamands et le sont encore. C’est ainsi que la Belgique s’est jetée sur l’avion de chasse américain, tant il était hors de question d’envisager un avion français, fût-il cent fois plus commode d’avoir les instructeurs à une demi-journée de Bruxelles et plus utile d’avoir des avions hautement polyvalents comme les avions Dassault.

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C’est donc avec un État-major très majoritairement flamand que nous nous sommes engagés dans la guerre en mai 1940. Attaqués par l’armée allemande, repliés sur la Lys nous y résistâmes du 23 au 26 mai 1940. Déjà quelques régiments flamands avaient fait défaut. Les Nazis avaient astucieusement balancé des prospectus de propagande sur les lignes flamandes signifiant que cette guerre n’était pas la leur et leur enjoignant de rentrer chez eux.
Des historiens se recoupent sur le fait que dans la campagne dite des dix-huit jours, une majorité de divisions flamandes fit défection, le reste manqua manifestement de combativité. Ce sont ces défections qui ont précipité la capitulation du 28 mai 40. Or l’Armée belge dès ce cessé le feu, découvrait les Armées alliées du Nord.
Des documents approuvés par Léopold III montrent qu’avant la capitulation, des unités s’étaient rendues à l’ennemi, sans ordre reçu et sans combattre. Après la guerre, le commandant Hautecler signala le manque de combativité des régiments flamands. Plus personne n’entendit parler de cet épisode dans les précis d’Histoire.
Selon la légende, Léopold III songeait à épargner le sang de ses soldats en capitulant. Cependant, cette « noble » initiative laissa aux autres, la nécessité de combattre l’hitlérisme et fut une sorte d’insulte aux 14.000 résistants fusillés principalement wallons.
L’armée française fut déforcée et ne put résister à la percée de Sedan des blindés allemands. Le peuple wallon minoritaire en ressentit seul le déshonneur.
La suite est plus connue elle concerne la « captivité » du roi, le scandale de la vie de la famille recomposée dans un château au bord du Rhin, tandis que les soldats wallons restaient cantonnés dans les Stalags et que les soldats flamands rentraient chez eux, et pour certains, repartaient sur le Front de l’Est dans l’uniforme SS, acclamés par une partie de la population flamande.
Tout cela édulcoré dans les livres, la vérité officielle est toujours chez celui qui occupe le plus de hautes fonctions politiques.
D’où la fureur qui s’empara des rescapés de la Wallonie résistante en 1945 et qui préjugea de l’affaire Royale de 1950, quand après s’être assuré de pouvoir rentrer librement dans le pays, Léopold III, ses enfants et quelques autres supplémentaires de Lilian Bals, débarquèrent de Suisse pour réoccuper Laeken.
Ah ! ce Congrès de Liège des 20 et 21 octobre 1945 ! Introuvable dans le matériel de classe officiel.
Présidé par Joseph Merlot, ce Congrès vota à la majorité en faveur de la réunion de la Wallonie à la France, à la suite d’un discours de François Simon, disparu des archives, probablement détruit par les monarchistes de l’époque ! Il reste l’idée générale dans une pièce de théâtre écrite sur ce Congrès.
Le Congrès se rallia le deuxième jour à Fernand Dehousse, suite à ses observations sur le fédéralisme comme alternative. Son analyse était fausse puisqu’aujourd’hui la majorité flamande est toujours aussi prédominante dans toutes les organisations communes et influence même sur le comportement du gouvernement régional wallon.
Le Congrès se termina par une vibrante allocution de Charles Plisnier, la dernière, pour le rattachisme (que j’ai cherchée vainement dans l’œuvre écrite). Les congressistes jurèrent que le fédéralisme était le dernier essai dans le cadre belge.
Que l’on soit d’accord ou pas avec ce Congrès, c’est un fait historique. Pourquoi en faire un objet honteux ? Parce qu’il embarrasse ? Parce qu’on n’est pas d’accord ? Mais alors, qu’est-ce que la démocratie ? A-t-elle besoin de tromper les gens pour exister ?

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