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Les bourges, les paumés, le fric.

Selon les témoignages, le mois de mai 1940 fut parmi les mois les plus réussis du siècle passé, celui qui a surclassé tous les autres. C’est dire si la nature se fout de nos histoires, de nos bruits et de nos fureurs et comme les avertissements venus du ciel doivent être comptés parmi les sornettes les plus gratuites, à moins qu’on imagine un Dieu fasciste et dévastateur.
Nous nous ingénions à des constructions auxquelles nous donnons des noms : démocratie, droit de l’Homme, liberté d’entreprendre, d’altérité LGBTQ (queer), antiraciste ou pas, hauteur au garrot pour être qualifié de grand ou petit, beau ou laid, etc. La nature suit son cours et nous nous sentons comme « trompés » par elle, quand elle ne répond pas à nos attentes, pire, quand elle nous balaie d’un coup sec, dès que notre labeur l’outrage, que notre connerie ou notre sagesse la blesse ou quand, enfin, elle nous fait faux bond par caprice.
Est-ce le système profondément pervers, mais les plus monstrueux égoïsmes tiennent le haut du pavé en ces temps de confinement. On a suffisamment dénoncé le bourgeois, à chaque fois renforcé au moment où il paraît perdre de la puissance, par des parvenus de la politique ou par des petits génies qui débutent dans la richesse depuis leur garage. On le voit se transformer en membre du parti d’un dictateur et condamner la démocratie, mais toujours se faisant du lard sur notre couenne. La nature trouve malgré la perversion morale du système, un nouveau mois de mai 40.
Parlons de cet état d’esprit aussi parmi le peuple, ce qui semble confirmer que le système accepté ou contraint, nous a tous plus moins façonnés. Adultérins ou légaux, nous sommes les enfants du capitalisme.
Confrontés à l’effondrement des personnels par l’évolution de la technique robotisée et à l’insuffisance des aides sociales, les gens parmi les plus adaptés au monde de la gagne, n’ont souvent d’autres choix pour se prouver à eux-mêmes qu’ils sont créatifs, de se tourner vers l’économie informelle de la rue, pour subsister.
Quoi de plus dynamique que le secteur de la drogue !
Flirter avec l’illégalité n’est pas affaire de niveau. Le plaisir du franchissement de l’interdit aux fins d’enrichissement est sans doute plus répandu dans les classes aisées que dans les classes malheureuses, les bourgeois dans leur ensemble ne vendent pas de la drogue, leur vice est plus sophistiqué, moins à risques immédiats. Il consiste à tromper l’État et à voler ce qu’ils peuvent dans les filouteries du commerce. Le sursis à la prison et les amendes restent du domaine de l’acceptable. Leurs pairs ne se dissuadent pas de leur serrer la main à l’occasion. Entre compères, c’est le moins.
Il n’en va pas de même pour leurs confrères des trottoirs qui risquent gros dans l’immédiateté de la saisie de leur fonds de commerce, à leur nom répandu dans les journaux et la prison préventive.
En touchant une clientèle de masse, le trafic de drogues est devenu une véritable industrie. Ce sont de farouches adversaires à la légalisation du cannabis. En cela ils rejoignent les bourgeois les plus réactionnaires .
Doté d’une division du travail élaborée, la vente illégale des stupéfiants constitue la principale source d’embauche accessible aux jeunes rejetés par l’école et par l’économie légale (Pierre Bourdieu « La Misère du monde »).
Les risques encourus sont élevés, mais outre que l’on peut y travailler jeune, les qualifications sont minimes, les horaires flexibles et les rémunérations avantageuses par rapport au secteur salarié de type Coca-cola Bacquelaine.

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La croissance vigoureuse de cette forme de capitalisme de pillage (Weber) dont le trafic de drogue représente le must est, avec l’islamisme khomeyniste les causes principales de la violence actuelle. Autre divergence avec la criminalité du haut du panier, les consommateurs de drogue n’ont souvent d’autres choix que la criminalité des rues pour payer leur consommation, tandis que les bourgeois grugés par plus retords peuvent se refaire sur plus faibles qu’eux, en réduisant les salaires des personnels ou le poids des enveloppes glissées sous les tables de négociation.
L’expansion spectaculaire de l’illégalité des deux deals est l’élément commun d’enrichissement.

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