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Une juste cause.

Il y a comme une accélération de l’Histoire. DSK pour le viol du Sofitel est arrêté le 14 mai 2011. Le 25 mai 2018 Weinstein est interpellé pour une agression sexuelle en 2004 et un viol en 2013. Ce qui relance l’affaire Polanski, remet en mémoire Georges Tron et son fétichisme des pieds, ranime l’intérêt pour Patrick Bruel et ses masseuses en 2020, pour déboucher sur le cinéma français avec Richard Berri, 2021 et Science po avec Olivier Duhamel, empêtré dans un inceste avec un fils de Bernard Kouchner, un peu avant l’affaire Berri.
Les répliques du tremblement de terre en 2018, avec un Weinstein pour une fois vedette de ses tournages, n’en finissent plus. Une centaine de femmes, pas moins, ont dénoncé ses drôles de manières et franchement, quand on le voit évoluer entre ses avocats, on se prend à aggraver son cas tant l’homme à la gueule de l’emploi.
Les semaines qui suivirent virent un vrai déferlement, des milliers d’autres femmes à travers les sites #Me Too et #BalanceTonPorc se libérèrent du poids d’un viol ou d’une agression, qu’elles ne pouvaient plus garder pour elles.
Aujourd’hui, en faisant le compte, cela fait déjà un certain nombre de violeurs dans leurs petits souliers. Et ce n’est probablement pas terminé.
C’est sans doute l’affaire Weinstein qui semble avoir été la plus retentissante, tant par le nombre de femmes abusées de ce Barbe Bleue, que par l’impossibilité d’attaquer en Justice Donald Trump, jusque là président des États-Unis et intouchable.
Cette prise de parole, ce déferlement inattendu de femmes réclamant justice, est devenue un événement politique, dont les hommes trustant presque tous les pouvoirs ne pourront se défaire facilement.
Quant à dire que demain ne sera plus pareil, il ne faut pas trop s’emballer. L’argent du violeur jeté à foison en avocats, recours et dédommagements, fait souvent la différence. C’est à celui qui dispose des plus gros moyens pour faire trainer les procédures en longueur et décourager les victimes, contre souvent des moyens dérisoires des plaignantes, pour obtenir des condamnations fermes.
Ces affaires ont permis à certaines femmes de faire des retours en arrière et de revenir sur d’anciennes blessures qu’elles imaginaient effacées, alors qu’elles gisaient intactes dans leur subconscient.

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Il y a des dates qui comptent dans le long parcours des femmes vers la parité parfaite avec l’autre sexe. Ce fut le droit à l’avortement en 1970 et la parité en France en 1990. Encore que, tout le monde le sait, l’égalité professionnelle et économique est encore loin d’être acquise.
L’autonomie économique est la condition première de la liberté.
Il serait temps que dans des milieux essentiellement masculin, on prenne au sérieux le soulèvement de l’opinion et que la réaction, habituellement sarcastique, change de ton.
Car les femmes ne sont plus seules dans leur juste revendication. Elles rallient tous les jours des hommes excédés par le machisme et la suffisance des mâles conquérants, absolument rétifs à prendre en compte la douleur des autres.
Quand un combat est juste, il ne doit pas être uniquement le combat des victimes, mais de tous ceux qui veulent que cette démocratie soit moins moche qu’elle n’est.
Encore aujourd’hui des femmes ne croient pas au féminisme et partagent le sentiment des prédateurs sexuels, sans doute que, pour certaines, elles en sont aussi.
Beaucoup de violeurs, sont assez fiers de l’être tout en restant dorénavant prudent dans leurs histoires « entre hommes », depuis qu’on peut finir en correctionnelle pour un geste. La main aux fesses d’un contremaître sur son passage dans les rangs des ouvrières-machines, ce n’est pas fini, mais cela peut devenir périlleux, d’autant que les Smartphones font de très beaux instantanés.
Presque tous éprouvent encore un sentiment d’impunité. Au point que certains accusés de viol ou de harcèlement contre attaque dès qu’ils ont en poche un non-lieu. Histoire de démontrer leur « innocence ». Alors qu’ils savent très bien ce qu’ils ont fait et qu’ils ne doivent qu’à la prescription ou au manque de preuves, le sauve-conduit qu’ils ont en poche.

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