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Mansplaining

Deux mots sur le « sofagate » puisque tout le monde en parle… L’info attire de nombreux commentaires à partir du moment où les médias soufflent dessus.
La scène de goujaterie où l’on voit Charles Michel et Erdogan jambes écartées, assis dans des fauteuils, alors qu’Ursula von der Leyen, debout, cherche un siège, est parlante.
Certains relativisent. Le chef de la coalition européenne chez le Turc, c’est Michel. Les deux présidents assis côte à côte n’a rien d’extravagant. Mais presque tous les Européens pensent que Michel fait de la figuration et que la cheffe de la commission européenne est la patronne.
La domination du mâle a paru être un plaisir et une vanité satisfaite de Charles, comme la grossièreté d’Erdogan, allait de soi.
Charles prétend qu’il n’a pas voulu créer l’incident diplomatique. Comme on le connaît, ce n’est pas sa finesse diplomatique qui s’est exprimée, mais sa couardise naturelle.
Car enfin, ce n’est pas Du Guesclin, cet homme. S’il l’avait été, la courtoisie de l’homme d’arme eût certainement pris les dessus et il ne se fût pas assis tant que von der Leyen n’ait eu son siège, quitte à lui céder le sien. Mais Charles Michel n’est pas le chevalier sans peur et sans reproche. C’est même hissé vers des sommets, qu’il se révèle prétentieux, égoïste et méprisant.
Bah ! tout cela ne valait pas une chronique, mais à partir du moment où le monde s’enflamme par la tournure de l’événement, autant observer que personne ne sait plus à quoi cette réunion était destinée : aborder le contentieux entre la Turquie et l’Europe !
La grande faiblesse de l’Europe est dans sa capacité à régler seule ses problèmes extérieurs, sans demander la permission aux Américains. Il a fallu l’initiative de la France, lors du conflit sur les eaux territoriales grecques, pour dissuader Erdogan d’aller plus loin. L’Europe ne l’a soutenue que du bout des lèvres, tant madame Merkel est verte de frousse de déplaire à la Turquie, avec plus d’un million de Turc immigrés chez elle.
Avec le départ de la Grande Bretagne tout semble plus clair sur le continent. La France et l’Allemagne se partagent le commandement de l’Europe. Charles Michel est l’homme de Macron et Ursula von der Leyen le fer de lance de Merkel.
Dans l’esprit des Allemands, Michel fait de la figuration et von der Leyen dirige. En réalité ce sont deux fonctionnaires au service des deux puissances dirigeantes européennes, des bureaucrates un œil sur la porte, dans la crainte de voir surgir un des patrons pour une engueulade.

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Outre la discourtoisie de Michel à l’égard des femmes, la raison pour laquelle il est resté le cul vissé à son fauteuil devant Ursula debout dans un grand moment de solitude, c’est la peur de nuire à sa carrière en se montrant un homme.
Pour l’heure, la Turquie rejette « des accusations injustes… La disposition des sièges a été réalisée à la demande de l’UE ». Cette affirmation est facile à vérifier. Et si les Turcs avaient raison ? Qui a approuvé cette disposition parmi les responsables du protocole à Bruxelles ? Là est la question. Et si c’était le cabinet du président Michel ? Le petit jeu de chaises musicales est dans la manière de ce que l’on connaît de Michel, premier ministre.
Son communiqué, outre ses deux mots d’excuse pour Ursula, est bien dans sa célébration de lui-même pour insister lourdement sur le contentieux important qu’il aurait réglé, sans avoir demandé la permission à Jo Biden… ce qui reste à prouver.
Il y aura peut-être des suites sur le comportement passif de Charles Michel, si l’on en juge par une déclaration de l'Allemand Manfred Weber. "La rencontre à Ankara des présidents von der Leyen et Michel aurait dû envoyer un message de fermeté et d'unité de l'approche européenne vis-à-vis de la Turquie. Malheureusement, elle s'est traduite par un symbole de désunion, les présidents n'ayant pas su faire front commun lorsque cela était nécessaire".
La séquence « rembobinée » cent fois dans la tête de Charles Michel ne serait là que pour nous embobiner ? Affaire à suivre.

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