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C’est la faute à Jürgen !

Tandis que la gauche stérile gamberge, comme Michel Henrion, sur l’odyssée d’un militaire d’extrême droite qui mystifie tout le monde, l’acide des événements continue ses ravages dans cette démocratie, un volcan en réveil, que d’aucun croirait calme
Mais le PS à la table du gouvernement a autre chose à faire. Il est d’un affairisme sidérant sur les choses sans importance, espérant ainsi sans doute d’instinct qu’on ne s’apercevra pas de l’essentiel.
On se souvient avec émotion de la gauche européenne, son idéal de solidarité des ouvriers du monde entier se confrontaient à la réalité, parfois violente, des nationalités. Que reste-t-il de tout cela, des Fronts populaires, de l’aide à l’Espagne républicaine contre le fascisme, des réfugiés chiliens, de l’aventure castriste, des Premiers Mai de lutte !
Ce ne sont pas les ouvriers qui ont fichu le camp, mais le PS qui les a trahis !
À la lumière de la Crise du projet européen, on découvre un parti socialiste méconnaissable, sans réaction au retour des nationalismes, de la xénophobie et des fermetures de frontière.
Où sont tous les grands débats que la gauche a poursuivis durant près d’un siècle ?
Nous vivons une période d’intervalle qui touche à la crise de la démocratie. C’est étonnant que le PS ne s’aperçoive pas de l’étiolement du consensus qui prévaut de la « démocratie libérale ». Gambader derrières les commandos dans les campagnes à la poursuite de Jürgen Conings est le jeu de piste qui lui convient le mieux. Et si un rebondissement de cette cavale remonte jusqu’à la ministre de la défense, tant mieux, on aura un mini-scandale d’État. Comme les ministres ne démissionnent plus, les affaires se terminent en eau de boudin.
Depuis quelques années, le désir d’une démocratie réelle remet en cause le consensus dans lequel survivent les partis de gouvernement, d’où la question : crise de la démocratie ou crise de l’État ? Sans doute les deux, l’État s’étant couché depuis longtemps devant l’impératif sauvetage, sans cesse recommencé, de l’économie libérale. Sans être pythonisse, le prochain épisode sera l’inflation, le remède proposé : l’austérité, pardi !

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Ne serait-ce pas le rôle d’un parti socialiste faisant encore une certaine audience de montrer la résurgence d’un mouvement critique de l’État ? La révolte des Gilets Jaunes n’ouvrait-elle pas un débat de fond qui valait beaucoup plus que le dénigrement des cadres socialistes pour ce mouvement spontané. Nous avons été ébahis d’un tel aveuglement, nous le sommes encore !
Ce qui s’est joué durant les premiers mois de la crise du Coronavirus est un parfait révélateur de l’incompétence des responsables et de l’incurie de l’État. Les événements semblaient aller en faveur de l’intervention rapide : circulation du virus pour cause de mondialisation débridée, nécessité d’un contrôle aux frontières, appareil industriel national incapable de répondre à la demande de masques, filière pharmaceutique hors de portée, etc. Au lieu de cela, une sorte de panique s’était emparée de Maggie De Block. Vinrent ensuite des chapelets de mensonges.
C’était l’occasion pour le PS de mettre en discussion l’emploi de l’intérimaire Wilmès. Au lieu de quoi, toute cette période fut celle des calculs sur le grand retour du PS aux affaires fédérales au cours duquel le MR fut relativement épargné, au vu des collaborations futures.
On a même été à deux doigts de voir Paul Magnette premier ministre !
C’est clair le MR et le PS ne s’adressent jamais aux adversaires du dit-État, que sous forme de mépris ou d’invectives !
La démocratie se joue au cœur même de l’usine à gaz. Ce foutoir n’est-il pas « un rapport de force entre les classes sociales » (Jaurès). Pourtant, Henrion ne dira pas le contraire, inspiré par le PS : la lutte des classes n’existe plus ! Alors comment explique-t-il le comportement de Karine Lalieux qui tente au nom du PS de revaloriser les pensions les plus misérables, à seule fin de s’attirer les suffrages d’une classe sociale que le PS a perdue ?
L’État présuppose le citoyen, où en est le citoyen aujourd’hui ? On ne peut pas avoir une démocratie, s’il n’y a plus de démocrates, mais des individus justes intéressés par leur propre avenir financier, dans une société qui s’invente comme une entreprise du CAC 40 !
La peur gouverne l’opinion. La perte de revenu par la perte d’un emploi, déjà pas fameux, mais dans l’angoisse de ne pas en retrouver un autre, avec des syndicats réduits aux guichets de pointage et aux avocats abonnés au Prud’homme, le citoyen est entravé comme le cheval à la charrette sous le fouet du charretier.

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