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Le PS à la lutte déclasse.

L’abandon de la classe ouvrière par le PS en France a vu l’éparpillement des voix sur d’autres partis de gauche, mais surtout beaucoup d’électeurs de gauche dégoûtés par ce lâche abandon sont venus grossir les rangs du parti de Marine Le Pen !
En Belgique, la situation n’est pas encore si extrême et si le PS perd des plumes, elles vont principalement au PTB, ce qui semble logique.
Les partis de refus du système à l’extrême droite sont infimes sous la houlette d’idiots et de fanfarons, donc la dérive est pour l’instant sans conséquence de ce côté. Il suffirait qu’un type médiatique et intelligent prenne la relève pour que la situation en Belgique soit à peu près comparable à celle de la France.
La déchéance du PS français ne vient pas de François Hollande, même si ce dernier loin de redresser la barque déjà fort délabrée, fit un trou dans la coque dans son quinquennat désastreux.
La perte de sens vient de loin. On sait que la décision d’abandonner la lutte des classes a déclenché une rupture dont la conséquence fut le quasi anéantissement de ce parti. En France on pourrait situer le désastre programmé en 1972 avec le slogan « Changer la vie » qui ne fit que changer le parti en un parti centriste.
La renonciation de la lutte des classes du PS belge est assez floue. Il n’y a pas de date précise. C’est probablement sous la présidence de Jos Van Eynde avant la séparation du parti en deux (Flamand et Wallon) avec André Cools, coprésidents, que ce changement de cap majeur a été décidé à la direction, le tout en catimini, sans congrès ni échange dans les sections.
Par la suite Guy Spitaels et Elio Di Rupo ont confirmé le changement de cap et officialisé le PS dans la mouvance centriste, toujours sans prise d’avis des militants.
Le tobogan vers les abîmes du PS français fut monté inconsciemment par François Hollande dès que sa déclaration des débuts « Mon ennemi, c’est la finance » fut convertie en une vaste pantalonnade d’où il ressortit que la Finance était la bienvenue.
Ces deux partis frères ont vraiment perdu le vote populaire en considérant l’austérité comme nécessaire, alors que la vie d’un ménage avec souvent un seul salaire était déjà limite.
Ils ont presque en même temps sali la belle histoire passée du socialisme en abandonnant les gens au milieu du gué, refaisant de l’ouvrier un nouveau damné de la terre, en regardant sans rien faire la vie sociale se dégrader sous les assauts des nouveautés du commerce et la dispersion des industries traditionnelles dans les pays à bas salaire.
Dame, ils ne pouvaient plus intervenir puisqu’ils avaient gagné le camp du néolibéralisme et qu’aux dernières nouvelles, ils y sont toujours, enfoncés jusqu’au cou dans des alliances qui les auraient fait frémir de rage il y a seulement cinquante ans.
Mais l’agonie du PS français est déjà fortement avancée, son frère belge n’est pas tout à fait moribond, son clientélisme effréné lui permet d’exister encore quelques temps. Il tient toujours la FGTB et la mutuelle bien en main. Tous les cadres de ses anciennes entités doivent nécessairement être affiliés du parti, certains même occupent des postes de confiance dans la direction du parti en cumul avec des responsabilités au syndicat et à la mutuelle.
Comment cette gauche-là, si représentative avant du militantisme ouvrier, a-t-elle pu tomber aussi bas, au point qu’aujourd’hui elle ne correspond plus du tout aux revendications du monde du travail ?

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Le traité de Maastricht, renforçant la bureaucratie de l’UE, réduisant à rien la souveraineté des électeurs fut l’ignominie de trop de François Mitterrand et, bien plus tard, d’Elio Di Rupo qui fit pendant en Belgique, pour que ce traité soit emballé vite fait et acquis.
Cela allait nous conduire à vingt ans de rigueur, relais garanti d’un gouvernement à l’autre parfois socialiste majoritaire, parfois MR quasiment pur jus.
On entendit alors du cabinet Maurois à sa chambre d’écho au siège du PS à Bruxelles un mot qui fit florès « désinflation compétitive ». Changer la vie pour conquérir le pouvoir et s’adapter au réel en baisant tout le monde pour l’exercer, voilà à peu près la philosophie de l’époque, pas si étrangère de celle d’aujourd’hui.
En 2002, Lionel Jospin perdra les élections sur son seul slogan « Mon projet n’est pas socialiste ». C’était à la fois « honnête » parce que c’était la vérité, mais irresponsable du point de vue électoral. Un socialiste de base ne peut évidemment pas voter pour quelqu’un qui ne se dit plus socialiste. Elio Di Rupo n’a pas eu cette honnêteté là, au contraire, il a promis tout ce que les gens voulaient, en sachant qu’ils n’obtiendraient rien de lui, déjà si imbriqué dans le libéralisme ambiant, sachant qu’il accepterait tous les compromis de son allié naturel le MR.

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