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On en est où ?

La démocratie, enfin ce qu’elle est devenue, se décline non plus en chiffre de pourcentage, mais en qualifiant les électeurs : d’intéressés à indifférents, de très satisfaits à désespérés. Cela fait une sorte de bouillie électorale, les uns votant contre eux-mêmes sans le savoir, les autres votant comme on va à l’église honorer le libéralisme ou le socialisme, la plus grosse part votant en traînant les pieds ou n’y allant pas du tout. On ne sanctionne pas d’une amende les abstentionnistes, attendu qu’on n’a pas le personnel pour les répertorier et leur envoyer la notification de l’amende.
Enfin, pour couronner ce décompte, la classe dirigeante sélectionnée dans les études s’échelonne de bachelier à docteur es sciences, héritière souvent de parents bien placés ou richissimes, se fout éperdument de notre opinion, suit les avis des économistes libéraux et se prosterne devant l’Union Européenne.
Le problème n’a jamais été les 1 % de vélociraptors capitalistes qui raflent tout avec la bénédiction du MR, comme l’extrême-gauche le donne à penser. Je le dis ici sans méchanceté, attendu qu’elle est chère à mon cœur.
Si on voulait casser les grands profiteurs, mécènes intéressés des oligarchies, il faudrait plutôt fouiller vers les 0,001 % qui se comptent sur les doigts. Le nœud gordien de toute la grande débine qui pulvérise tout espoir gît dans les 10 % qui, ne souffrent de rien, sans être pleins aux as, heureux et fiers de vivre dans une Belgique qui leur a tout donné ! Ils adhèrent à tous les énoncés de l’hégémonie, les répandent comme évidences autour d’eux, s’interloquent qu’on ne les partage pas. Récemment, ils se sont amourachés de Georges-Louis Bouchez. Il est des leurs. Son faux idéal est incomparable. C’est le boutiquier qui leur manquait.
Je le dis à l’extrême gauche chère à mon cœur : la bourgeoisie, c’est la classe nuisible. Regardez ces pseudo-intellectuels tout en posture et artifice évoluer dans le microcosme bruxellois, vous aurez compris pourquoi les quelques figures de cet ordre de Didier Reynders à Laurette Onkelinx se sont repliés sur Bruxelles.
La classe MR compte des socialistes, des CDH et même des Écolos. Leur crédo est identique : la mondialisation contre le repli, l’Europe contre les nationalismes, la diversité ethnique puisque jusqu’à nouvel ordre, les pauvres venus d’ailleurs se mélangent à nos pauvres, loin de leurs quartiers résidentiels et leurs carrés d’herbe verte entourant leur résidence.
L’ennemi, le seul, je le dis et redis assez souvent dans ces chroniques : c’est le bloc bourgeois, multipartis, gaiement cosmopolite, prêt à tout pour conserver la démocratie historique, capable de s’entendre avec le Grand Turc et les Talibans quand ils auront des chefs partageant les mêmes besoins.

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Les bourgeois sont au pouvoir en Occident et entendent bien y rester contre la majorité. Ils en ont les moyens, une position matérielle telle qu’elle permet les profits avec de la hauteur de vue, sans aucun égard pour les 90 % de l’entité occidentale des ploucs rivés à la nécessité et incapables de penser à autre chose qu’à leurs fins de mois,
Cette élite de circonstance (il y a de tout dans ces 10 %, du malfrat au licencié es-Lettres) se porte en pensée au niveau des gouvernants, avec lesquels elle dialogue, partage des idées : « le pays a besoin de profondes réformes », le regard tourné vers les « grands enjeux », le séparatisme est un danger, etc. Et comme sa position matérielle la rend étrangère à toute conséquence elle se moque totalement du reste. « Tout en poses et en revendications du moral highground, ce sont des pharisiens » (Le Monde). L’étrange dans tout cela, c’est qu’elle fait son métier de citoyenne, mais à son seul profit et selon son strict point de vue.
En fait le rêve d’un Destenay libéral et d’un Maurice Dehousse socialiste, pour rester dans la comparaison à la liégeoise, baigne dans un formol giscardien, agent conservateur de la démocratie avancée, les bourgeois en témoignent et en sont fiers.
On trouve dans ces 10 % le sublimé de ceux qui ont droit à la parole automatique : entrepreneurs complaisamment interviewés, experts, journalistes, qui bourrent les crânes à longueur de journée typiquement, pour la RTBF et RTL.
Depuis quarante ans, on nous répète que le PS est de gauche, envers et contre toute évidence et que le MR est un grand parti de réformes sociales, malgré ses fureurs contre les chômeurs et les vieux. C’est à ce point qu’on mesure la difficulté qu’ont les gens à voir plus clair, comme s’ils sortaient d’une salle de cinéma, sous l’euphorique emprise de l’acteur qui nous a quittés cette semaine.

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