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Le roi se représente !

Tout un temps, la Pologne élisait ses rois, plus de deux siècles plus tard, la France élit le sien. Malgré les prérogatives de ce puissant monarque, les Français ont décidé qu’il serait toujours appelé président de la République.
Comme l’égo devient vite l’hubris en monarchie, le règne est de cinq ans renouvelable une seule fois.
On est à 100 jours de l'élection présidentielle. Autre référence qui sent l’Empire : les Cent jours. Sans le savoir Bonaparte accédait à son périgée. D’aucuns attendent l’apogée de Macron.
Contrairement à ce qu’on croyait, cela se passe « comme prévu » beaucoup de candidats, peu ou pas de critique sur le monarque sortant qui pourtant n’a pratiquement avancé sur aucun des dossiers de son programme de candidature, se contentant se surfer sur la crise du sars-cov-19, avec plus ou moins de bonheur, sous la houlette d’un premier ministre brouillon et d’un ministre de la santé calamiteux.
Les habitudes prises lors des élections précédentes présupposent une abstention record, sans doute plus de la moitié du corps électoral. Si bien que déduction des troupes des prétendants non élus, c’est à peu près avec moins d’un quart des voix de la population, que Macron II succédera à Macron I, selon toute probabilité.
La campagne se déroule comme un roman de Houellebecq : une mince intrigue avec des personnages qui évoluent dans des décors certifiés authentiques par Wikipédia et la Maison éditrice du bottin des chemins de fer, pour l’horaire des trains. Campagne informe, sans reliefs, comme l’écriture anti-Céline de l’anodonte écrivain, qui depuis son succès « Soumission », en qualité de nouveau Balzac, a pu se payer un bridge avec ses royalties.
Le virus fait l’histoire depuis 2019, en dicte les épisodes, devant un pouvoir multipliant ses ukases comme autant de gestes d’impuissances. Pour un roi absolu voilà qui est plutôt fâcheux, heureusement il y a Castex, une caricature de MM les Ronds-de-cuir. Macron I a confiance, les Français le dissocieront de cette caricature. Comme avait prévu Hugo, on ne jettera des pierres que sur le vilain crapaud.
Signe que le roi est encore très couru, comme on dit dans les salons, le résident de l’Élysée a envie d’emmerder les non-vaccinés et son mot a fait florès. Tout le monde en parle !
Le complotisme prospère sous d’aussi heureux auspices. Le spectacle vire à la magie noire. Le sommet serait que la dernière nasarde complotiste de Dieudonné vînt à maturité dans les réseaux sociaux « Brigitte Macron serait un homme » ! Rabâchée entre deux mèches chez le coiffeur, la réalité dépasserait la friction ! Ce bouteillon est tellement faux que cela en devient drôle. Même si des bijoux de famille s’étaient trompés de slip, ils ne pourraient empêcher le sacre.
Plus il y a d’abstentions, plus il y a de candidats ! Le peuple, regardant ailleurs, accouche d’une portée d’ambitieux qui a honte pour lui.
Tous les candidats, Macron I compris, partent à la rencontre d’un peuple indiscernable. C’est embêtant de ne pas savoir par où le ramener à son devoir démocratique. On devrait faire comme pour le Covid-19, en-dessous de 1 % de contaminations, il n’y a plus de démocratie.
Sans les lanceurs de tomates, devant une salle vide, les fausses valeurs pullulent. On n’est pas loin d’un vaudeville sans spectateur. Plus aucune valeur du rire certain n’est acquise, de De Gaulle à Pétain, de la Résistance à la Collaboration, Zemmour en blouson à la Communale, Marine en chaudasse se tapant de l’ouvrier et Valérie Pécresse en précieuse ridicule, le peuple réputé le plus blagueur d’Europe fait la gueule ! Devant le bide, le politique s’autodévore !

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Seule madame Hidalgo suscite des ricanements. Sa bêtise profonde résume bien l’état de vide absolu du parti socialiste français. Pour éviter la faillite, le dernier secrétaire PS, lui-même en assistance respiratoire, va devoir couper le courant du micro et la traîner de force, s’il le faut, hors de la tribune où elle cumule les conneries.
L'actualité se fiche des indignations morales et du calendrier électoral, comme du PK. Elle sème la panique chez les militants fanatisés les plus cyniques. Les états-majors suivent les sondages à défaut de suivre l’opinion des rues qui leur échappe. La période actuelle n’est ni l’occasion de revenir aux Trente Glorieuses, ni un essoufflement passager du néolibéralisme, à force de monter dans les maisons de passe avec des Bruno Lemaire et des Edouard Philippe. C’est un ovni incolore et inodore avec des bras comme des entre-parenthèses aux digressions infinies.
À défaut de bien lire la carte actuelle, Zemmour se croit en 1933, inquiet du discours d’Adolf qu’il perçoit aussi dans des mosquées ; Hidalgo est en 36 au front populaire, avec les réfugiés de Barcelone passant les Pyrénées ; Pécresse et Marine se partagent la Ligne Maginot de 38.
Je ne sais plus quel journaliste, moins tordu que d’habitude, sert de cul de lampe à cette chronique qui prend l’allure d’édito : « La globalisation a entraîné partout dans le monde une dénationalisation de l'espace économique qui a eu pour effet paradoxal de provoquer une renationalisation des discours politiques. »
Cela doit être la raison profonde du micmac. Tant qu’on n’attaquera pas au système économique repeint en façade, l’Europe sous la Démocratie libérale, ne n’en sortira pas.

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