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On me prend pour qui ?

Si comme certains le disent, Houellebecq est le Balzac des temps modernes, ce n’est certes pas dans son dernier livre « Anéantir » que cela paraît. Mes « illusions perdues » gisent justement dans ce gros bouquin, mal foutu, baroque et stupéfiant à la fois.
L’auteur s’en fiche, évidemment mon avis ne compte pas. L’important pour lui, c’est de tirer à 300.000 pour commencer, ce qui lui laisse cinq ans de farniente à une demi-page la journée pour nous revenir un lustre plus tard, avec une autre vision du gros tas de merde qu’on appelle les Français, sur fond de capitalisme, version fromage à la moisissure nidoreuse.
Être pour la liberté de ton, l’expression libre, les amoureux de la liberté en conviennent ; mais « sucer la bitte de son oncle, en lui caressant les couilles » à 400 euros de l’heure, n’apporte rien au roman, à la littérature en général et à la comparaison avec Balzac en particulier.
Non seulement Houellebecq va au bout de notre patience à la recherche d’un reste d’illusion, mais ce qu’il régurgite a suri dans l’ulcère d’estomac qu’il met à la carte d’un menu à 26 euros pour 734 pages.
Un type et Prudence, sa compagne, après avoir longtemps été des stéréotypes dans l’œuvre du « Maître », sortent en finale de la mélasse de la stupide vie des bipèdes contemporains. Ils finiraient par se fourrer leur dernier gadget dans le cul, si Houellebecq ne se retenait pas un peu, laissant à ce couple le seul rayon de soleil que l’auteur tolère encore. Attention, nous devons ce privilège au mariage de l’écrivain suffisamment récent pour qu’il s’en souvienne, à la fin de son livre.
La plupart des personnages politiques sont arrogants et cyniques, avec ce rien de stupidité allant de pair avec des premiers de cordées sortant de l’ENA et de Polytechniques. Bien sûr qu’ils le sont, mais Balzac nous en aurait conté l’insignifiance grandiloquente, en laissant l’apparence du fruit intact qui rend encore supportable la démocratie.
En dehors de cette faune d’honorés dégueulasses, le reste de la société est croquée dans son jus par un Houellebecq sous-traitant du marquis de Sade avec les pudeurs de Raskolnikov, l’assassin du roman de Fiodor Dostoïevski, Crime et Châtiment et toujours pas de Balzac à l’horizon.
Chez notre surhomme des lettres à la Alfred Jarry, le désespoir est standardisé, les familles sont décomposées, les femmes sont ou en dévotions, ou en vices rentrés. Le seul être sensible et nécessairement malheureux finit par se pendre à la suite d’une confidence faite à une épouse cumulant les vices puisqu’elle est en même temps journalistes et en instance de divorce.
On se demande si la seule admiration que Houellebecq laisse percer dans son œuvre n’est pas pour cette personne (la journaliste) à l’âme tellement pourrie qu’elle finit par susciter une horreur respectueuse au lecteur.
Au contraire de « Soumission » porteur d’une thématique actuelle, « Anéantir » déroule les petits malheurs des uns et des autres en un ruissellement vers le grand égout à ciel ouvert que notre société est devenue.

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Dans la marmite où trempent nos carcasses, Lelouch y aurait certainement vu trois films : un ministre de l'Economie qui rêve d'un destin national, une famille aux prises avec le cauchemar des « ignobles mouroirs » que sont les EHPAD en France, un couple qui se ressoude face à l’effilochage du corps en proie à la maladie.
Comme Orwell, l’action se situe dans le futur, en 2027. Le candidat favori de la droite à la présidentielle, face au Rassemblement national, s’appelle Benjamin Sarfati, ancien cireur de pompes sur TF1, candidat populaire, sinon populiste des quartiers, qui monte au feu en duo avec le « meilleur ministre de l'Economie depuis Colbert ».
On est étonné, dans le patchwork pas l’ombre d’une histoire sur la pandémie. Houellebecq anticipe sur sa fin, avant 2027.
Trop compliquée pour être dénommée lecture de buffet de gare, l’œuvre oscille entre thriller métaphysique et déshumanisation de la société. L’auteur invente un terrorisme numérique anonyme sur Internet par une décapitation fictive du ministre de l'Economie, l’opérations de torpillage de porte-conteneurs, jusqu’à un navire de migrants qui disparaît avec 500 personnes à bord. Le tout entrecoupé des rêves de Paul qui transpose une réalité livresque déjà horrible à d’épouvantables cauchemars, en-dessous de ce à quoi le lecteur s’attend au chapitre suivant.
Les critiques dont ce n’est plus pourtant le métier de critiquer afin de pousser à la vente, rattrapent le coup pour qualifier de juste, l’humour dans les saillies sur la « détérioration des raisons de vivre ensemble ». Pour s’ébaubir sur la vision du couple de Houellebecq, faut-il y voir une inculture inquiétante des nouvelles générations qui n’ont pas lu vraisemblablement les « Chroniques maritales » de Marcel Jouhandeau.
On leur pardonne, comme l’auteur, ils font partie du nouveau monde qui prend son savoir sur Wikipédia.
Une récente interview de Houellebecq m’a fortement irrité contre lui, lorsqu’il s’est permis de dénigrer l’œuvre d’une toute autre envergure de Louis-Ferdinand Céline. Il m’a fait penser à Macron qui devient sot à force de se croire intelligent.

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