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De l’arquebuse au drone tueur.

Toutes les armées, triomphantes ou défaites, ont un point commun. Elles tuent par caprice ou sadisme, rarement par nécessité (je tue pour ne pas être tué) tout ou partie du vivant autour d’elles, pillent toute habitation visitée selon leur bon plaisir, quitte à détruire l’heure suivante, ce qu’elles considéraient comme un butin intéressant.
Le crime de guerre de Boutcha perpétré par la troupe russe en évacuation de territoire, tout de suite récusé par Poutine, n’est pas un photomontage des autorités ukrainiennes, mais bel et bien une réalité recoupée par différentes sources et témoignages. Ce crime de guerre fait penser à celui commis le 16 mars 1968 par l’Armée Américaine à Mỹ Lai au cours de la guerre du Viêt Nam, qui a fait entre 347 et 504 morts civils.
Tout soldat ayant passé une journée sous le feu de l’ennemi sait qu’il ne doit pas se rendre aux sections d’assaut qui précèdent le gros de la troupe. Elles n’ont que faire des prisonniers. C’est le premier conseil pour rester en vie dans une guerre.
Des choses étonnantes se perpétuent d’une guerre à l’autre, d’un siècle à l’autre pratiquement. Ceux qui ont connu l’exode de 40 de l’armée belge ont rapporté des faits contradictoires. Alors qu’une partie non débandée des troupes se battaient sur la Lys, d’autres fuyaient se mêlant aux civils sur les routes. Il m’a été rapporté qu’un militaire, ayant abandonné fusil et cartouchières, transportait à bout de bras un lustre à girandoles, genre Murano ! Peut-être était-ce son butin qu’il ramenait fièrement chez lui dans un village de proximité ? On ne sait. C’est aussi farfelu, sinon pire, de la part de l’armée russe dont les hommes ont pillé Tchernobyl en partant, saccageant des locaux, volant des équipements et pourquoi pas, s’emparant d’objets radioactifs sans le savoir !
L’homme n’est pas militaire de nature. Selon les caractères, il lui faut du temps pour apprendre la soumission. Certains n’acquerront jamais par hypocrisie ou volonté brisée l’attitude soumise dans une hiérarchie. Si le temps de paix brise les résistances à la soumission par des exercices répétés et des brimades du caporal au lieutenant, la guerre en première ligne remet sur un même plan toute la hiérarchie. Obéir aux ordres est une gageure qui perd parfois tout son sens. On se débrouille pour ne pas trop s’exposer. L’instinct de survie peut, par des prises de décisions à la seconde, faire du même militaire, un héros ou un lâche.
Dans des intervalles plus ou moins protégés, l’environnement appartient de droit à tout homme armé qui l’occupe. C’est parfois un trou d’obus ou une maison encore habitée.
Dans ce dernier cas, le seul maître, c’est le militaire. Il est momentanément le propriétaire de tout, de la vaisselle aux êtres humains qui ont la malchance d’être au mauvais moment au mauvais endroit.
Il suffit que le militaire soit un tortionnaire né, un sadique, voire un schizophrène, pour que son cour séjour vire à l’enfer pour les civils qui s’y sont retranchés.
Même un être qui fut jadis « normal » avant la guerre peut basculer dans la déraison et l’excès par un sentiment de puissance dans l’arme qu’il tient à la main. C’est d’autant plus vif que cette sensation de puissance est toute relative et qu’elle ne durera qu’en fonction de la puissance de feu de l’armée en face.
La sauvagerie du temps rend l’homme sauvage, désespéré ou fou, même si entre deux paroxysmes où se mêlent peur et conscience du devoir, il peut recouvrer la raison et s’étonner de ce qu’il a vu de lui, comme n’étant pas ce qu’il a conscience d’être.
La guerre, quel qu’en soit le motif, est toujours une horreur qui fait descendre ceux qui de près ou de loin y sont mêlés dans les bas-fonds de la misère humaine et de la conscience.
Le plus terrible est à venir.
Ceux qui la décident, après l’avoir fomentée parfois des années durant, ne la font jamais en première ligne. Le plus souvent très loin du théâtre des opérations. Bien au chaud, à l’abri, ils la regardent et la commentent sur de larges écrans de télévision. Ils donnent ensuite des instructions au bout desquelles des hommes et des femmes vont mourir sous les décombres des villes bombardées.

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Souvent les raisons d’une guerre sont inconnues. La version de ceux qui la fomentent est souvent mensongère. Elle vise à galvaniser les troupes et soutenir les populations dont les fils sont appelés sous les drapeaux. On croit mourir pour la patrie, écrit Anatole France, et on meurt pour des industriels.
Il n’y a rien qui puisse justifier ces horreurs et surtout pas le fait du prince qui s’ennuie dans son palais et se jette dans l’action comme un chevalier du moyen-âge, sauf que ce n’est pas lui qui entre en lice.
Puisqu’elles sont inévitables et que des foyers guerriers existent un peu partout, des moralistes se sont accordés pour réfléchir à ce qu’il est permis de faire pour tuer l’adversaire et ce qui est interdit.
Bien entendu, d’une manière ou d’une autre personne ne respecte à la lettre la façon permise de tuer. Les sanctions que devaient encourir ceux qui dérapent sont rarement appliquées, parce que sans moyen de les utiliser.
Par le fait même qu’ils sont des puissances nucléaires, on ne peut pas appliquer ces sanctions aux états dotés de l’arme suprême. On se contente de traiter les dirigeants de criminels de guerre. Et comme à la guerre succède la paix, en principe, les criminels de guerre s’asseyent à la table des pourparlers pour la paix. Ils changent alors de statut et de criminels de guerre, peuvent briguer le Prix Nobel de la Paix.

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