« Tout a un prix, même le vide ! | Accueil | Isotélie ou presque… »

POUTINE : TOUTANKCANON.

Le Prince Igor est un bref poème russe du XIIme siècle. Igor fut le défenseur de sa patrie et porte-parole d’un certain programme politique qu’on retrouve chez Poutine, à savoir l’expansion de la Russie vers les territoires méridionaux, expansion dissimulée sous l’étendard de l’héroïsme et de la religion.
La guerre étant une barbarie, on ne se préoccupe plus comme jadis, d’envoyer un cartel par ambassadeur ganté, documents à la main sur parchemin, sceaux et rubans figés dans la cire, lequel dépose cérémonieusement aux Autorités adverses, la proclamation d’un état de guerre, avec détails et conditions.
Depuis Adolf, plus on agit par surprise mieux ça vaut. Poutine, devenu hitlérien, ne s’encombre plus des précautions et avis, il fait du rentre-dedans. Il ne prend de précautions que pour son peuple à qui il explique que la guerre était absolument nécessaire. Pour un peu, il irait jusqu’à lui faire croire que c’est l’Ukraine qui a dégainé la première. C’est ainsi qu’il a impliqué le parlement et les notables dans cette guerre, à seule fin de fourrer dans le bain le plus de monde possible. En voulant que le peuple entier ait décidé d’en découdre avec les « Nazis » dans une nouvelle odyssée « nécessaire », il use d’une certaine prudence. Il se veut martyr à un possible tribunal genre « Nuremberg ». On le voit très bien en icône dans l’orthodoxie moscovite, sauvant le peuple russe en entendant la voix de Pierre le Grand sur un quai de la Neva.
Il plonge le pays dans une guerre dont il est le seul responsable. En cas de mauvaise surprise, il ne sera pas le seul, dans le box de la justice internationale, accusé de crimes de guerre.
Cette guerre qui remet les rapports entre l’Occident et la Russie au plus exécrable de la guerre froide des années cinquante, est complètement ridicule et peut avoir sur le destin de la Russie de considérables différences avec ce que Poutine, à ses débuts, croyait-on, aurait une politique de paix avec l’Europe.
Le pays le plus grand du monde est seulement peuplé de 120 millions d’habitants. En poursuivant le rêve de Pierre le Grand qui voulait que son Empire touchât à la Turquie et gagnât du terrain sur l’Europe, il semble avoir oublié que les trois-quarts de son pays sont en Asie et que sa plus grande frontière est celle qui le sépare de la Chine, un milliard et demi d’habitants ! En devenant le seul client de la Russie, la Chine va s’imposer et probablement finira par convoiter ces immensités vides qu’elle a en face d’elle, par-delà le fleuve Amour.
Poutine en s’engageant dans une guerre en Europe est probablement en train de compromettre l’avenir de son pays tout entier en jetant ses chars et ses avions sur l’Ukraine et en délaissant les postes frontières à peine gardés avec la Chine.

1acano3.jpg

Même si les mesures économiques ne l’atteignent que superficiellement, c’est toute une politique économique qu’il devra reporter ailleurs, alors que ses défauts de paiement en dollars ne font que commencer et qu’il n’est pas « malin » de se mettre à dos la moitié de la planète.
Déjà, Poutine ne dit plus la même chose qu’au début de la guerre, alors qu’il croyait être plébiscité par le peuple ukrainien, recevoir des fleurs à Kiev, et nommer un gouvernement poutinien à la place des « Nazis » en fuite. Maintenant, sa mission c’est la pacification du Donbass qu’il étend quand même jusqu’au pourtour de la mer Noire. Il se plaint encore que les Ukrainiens ne veuillent pas négocier, comme si la guerre était de leur propre chef.
La propagande et la désinformation travaillent le peuple russe sous la botte du dictateur. On ne peut pas bien situer ce que la majorité pense du conflit unilatéralement monté de toute pièce par son dirigeant. Il ne faut pas se leurrer, s’il y a eu une ouverture vers l’Occident du temps de Boris Eltsine, les Russes trop longtemps sous des despotes, les tsars, les tyrans de l’URSS et maintenant Poutine, n’étaient pas en condition pour s’occidentaliser. D’autant que si les dictatures ont de graves défauts, le capitalisme n’en est pas exempt. Il semble que l’Amérique soit la bête noire, non seulement de Poutine, mais de bon nombre de Russes pour qu’ils se méfient d’un libéralisme à l’américaine.
Malgré tout, on aurait pu envisager autre chose que la pire solution d’une guerre en Europe.
L’immense territoire russe le plus souvent resté à l’état naturel, est probablement le dernier territoire en partie vierge de la planète. Il est collé à l’Europe. Il regorge de pétrole, de gaz, de métaux rares. Avec l’Ukraine, il produit un tiers des récoltes de blé dans le monde.
Globalement la Russie est un pays à peine développé, son PIB est égal à celui de l’Espagne. Qu’est-ce que Poutine est venu faire en Ukraine, si ce n’est retarder de vingt ans la modernisation de son pays !
Reste le pire, on ne sait pas si acculé par ses erreurs, il n’aura pas à affronter une forte opposition intérieure. Poussé dans ses derniers retranchements, qui sait s’il n’irait pas jusqu’à déclencher une troisième guerre mondiale ?
Les Chinois l’espèrent et pas que… l’enjeu ne serait pas moins que la suprématie du dollar et l’hégémonie des USA sur l’Europe et l’Amérique du Sud.
L’avenir est vraiment un monstre inconnu qui pourrait compromettre gravement la survie de l’humanité et, pour cela, pas besoin de l’arme atomique, la bêtise et la cupidité humaine sont bien plus destructrices.

Poster un commentaire