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Votation et délégation

Il faut se rendre à l’évidence, notre système est, comme en France, dirigé par des gens cyniques qui tiennent le même langage. La seule différence concerne la sophistication de nos montages entre Flamands et Francophones pour faire faire à la patache, plus de tours de roues que les chevaux d’attelage ne peuvent supporter.
L’élection de Macron est le signe de l’épuisement du système politique français, quand deux électeurs sur cinq adhèrent à ce choix, sans adjoindre parmi les hostiles ceux qui ont boudé les urnes. À y regarder de près, nous ne sommes pas loin de ce décompte en Belgique, avec les votes blancs et le « n’importe qui dans l’urne parce qu’il faut voter ! ». Voilà qui montre ce genre de démocratie sous un jour particulier : nous sommes dirigés par des minorités !
Le résultat des élections législatives des 12 et 19 juin prochains en France précisera l’ampleur du mandat du président Emmanuel Macron et les contours de son programme. De notre côté, le gouvernement De Croo restera jusqu’à la fin de la législature, parce que nous n’avons pas la possibilité de le remplacer, sans provoquer une crise dont les suites sont imprévisibles.
Deux fausses démocraties cohabitent la même partie de l’Europe, répandant ainsi un modèle douteux de représentativité.
La question reste pendante de peuples non-représentés par ceux que le système délègue à un pouvoir qui devient usurpé. On y voit facilement poindre les germes de bouleversements allant de l’émeute à l’insurrection.
Les pionniers de la démocratie en fixant les règles ne pouvaient pas imaginer la situation actuelle, puisqu’ils œuvraient dans l’enthousiasme des peuples asservis qui y voyaient une situation nouvelle plus juste. Il faut croire que l’asservissement des peuples est une condition nécessaire, pour asseoir toute autorité élue, dominatrices par essence.
Puisqu’elle affecte une majorité d’électeur qui la stipendient, la démocratie telle qu’elle nous est servie ne remplit plus ses fonctions par le seul suffrage universel. Il faut donc, s’il en est encore temps, que tout soit remis à plat afin de mieux cerner les causes de ce naufrage.
Si on s’interroge en France, en Belgique aucun des protagonistes de la tragédie ne semble s’y préoccuper. Les partis de pouvoir font comme si de rien était dans un système parfait, dont chacun tirerait des avantages selon l’importance de ses adhérents.

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Les discours sont tellement convenus qu’on ne les entend plus, chacun dans son créneau rejetant la faute sur le créneau opposé. Personne ne tire la sonnette d’alarme à chaque après élection, quand il est impossible de nommer un gouvernement, sans au moins une année de palabres et de combinaisons toutes plus foireuses les unes que les autres.
Que fera-t-on, peut-être déjà à la législature suivante, si l’impasse se prolonge et qu’il faille revoter et que le deuxième vote soit identique au premier ?
Tout revient à l’espace réduit que nous laisse l’Europe d’opter pour une démocratie libérale et assujettie au commerce mondial. Toute autre variante est fortement combattue par le libéralisme intérieur des États embarqués dans le même système électif. Outre ce carcan, la Belgique en a un autre, celui de deux peuples de mœurs et de langue différentes que les caprices de l’Histoire ont fait cohabiter depuis 1831.
S’il y a bien une réalité, c’est une Autorité européenne s’ajoutant à l’Autorité naturelle des États. Cela entraîne une situation dans laquelle aucun des 27 États membres de l’Europe en sorte, en innovant dans la modification de ses règles sociales et économiques, en modifiant son appareil représentatif, en procédant par exemple aux référendums d’initiative populaire, sans se heurter aux Traités nous engageant à l’Europe.
L’éthique ainsi reportée aux calendes, avec la crise sanitaire et hospitalière, les difficultés d’approvisionnement énergétique et la guerre en Ukraine, les thèmes de la souveraineté, du pouvoir d’achat, de la relocalisation des activités, de la planification écologique occupent une place croissante dans le débat public. Nous n’échapperons évidemment pas à la crise de régime qui pointe à l’horizon de la législature suivante. Cela a le seul avantage pour le pouvoir en place de le dispenser de parler d’un avenir où se profile sa disparition quasiment complète.
Même si le trublion MR, Georges-Louis Bouchez, est constamment critiqué à juste titre pour son mépris des pauvres et sa persistance obsessionnelle à vouloir que les chômeurs meurent de faim, son initiative à rencontrer le président du Vlaams Belang dans un endroit où plus personne ne peut l’ignorer est un signe que ce pouvoir pourrait encore se prolonger dans une entente avec l’extrême droite flamande. On jetterait quelques fagots pour alimenter le feu de la démocratie telle qu’elle est, sans y rien changer, en y introduisant un loup transformé en agneau dans la bergerie, comme le fit jadis Charles pour la N-VA de Bart De Wever.
C’est du bois de rallonge qui ne changera rien au fond, c’est aussi une manière de renier la parole de ces partis de pouvoir, ostracisant les autres partis dans un pacte dit du Cordon sanitaire.
Si l’opération séduction de GLB réussit, on pourrait encore vivre une législature, comme si la Belgique était éternelle. N’est-ce pas ce qui compte pour nos marchands de merveilleux qui nous promènent depuis tellement de temps dans une démocratie à leur image, c’est-à-dire qui n’en est plus une vraiment ?

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