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La télé mène à tout !

L’appauvrissement de la démocratie par le système actuel de la représentation politique est certain.
Tout le monde est d’accord là-dessus : ceux dont la voix n’est pas entendue, comme ceux dont la voix est trop entendue. De ces derniers dépend l’exécutif d’où le mal provient. Si officiellement ils admettent que la démocratie végète, dans les faits ils ne font rien qui se puisse compter en efforts de changement.
Faut-il penser à une démocratie parlementaire républicaine, avec un président de la République ou à un roi garantissant la Constitution démocratique ?
Ni l’un, ni l’autre, disent les Rattachistes qui rêvent que la francophonie belge réintègre le giron de la France. Pourquoi pas, mais c’est un autre débat. En effet, rattachée à la France, la Wallonie n’en serait pas moins confrontée au dilemme d’une démocratie entre parenthèse, la France étant dans les mêmes embarras de gestion du sujet.
En tous cas, pour ce qui concerne la Principauté de Liège, le débat est clos depuis 1792, année d’un plébiscite au suffrage universel, la population ayant voté la réunion du Pays de Liège à la France.
Nous ne lisons plus Montesquieu qui dans « L’esprit des Lois » revient sur la question primordiale de la représentation du peuple dans la vie d’une Nation.
La dernière « imprudence » de Georges-Louis Bouchez au profit de Hadja Lahbib en remplacement de Sophie Wilmès en qualité de ministre des Affaires étrangères, en dit long sur les orientations de recrutement du personnel politique. L’avocat montois a beau triompher en arguant de la qualité de novice de l’ex-présentatrice de journal télévisé, on a compris la manœuvre. Ce n’est pas tant pour aller dans le sens d’une diversification des professions dans le personnel politique, que le président du MR a voulu cette nomination, aussitôt bienvenue au gouvernement, mais parce que tout qui montre ou a montré sa binette plus ou moins longtemps à la télé a acquis une notoriété qui se négocie aux nombres de voix, dans tous les partis politiques.

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L’exemple de l’Américaine, Oprah Winfrey est caractéristique de l’engouement des foules pour la notoriété. Chouchoute d'Hollywood après son discours lors de la cérémonie des Golden Globes, la présentatrice et actrice Oprah Winfrey est élevée au rang de favorite pour les prochaines élections présidentielles aux Etats-Unis, 64% des Américains voteraient pour elle si elle présentait sa candidature en 2020. Elle n'a pourtant fait aucune déclaration officielle attestant sa participation. Si elle se présente, son parcours pourrait ressembler à ceux des personnalités belges, passées du statut de personnalité médiatique à élu politique.
Elles sont nombreuses les Winfrey de chez nous, sautant d’un casse-croûte à un autre, sans aucune autre idée que celle de quitter un job, pour un autre mieux rémunéré.
Hadja Lahbib se dépeint elle-même comme apolitique, sans connaissance aucune des partis autre que celle qu’elle a apprise en lisant les gazettes et en se pliant à l’opinion de ses supérieurs. Nul doute que Bouchez saura la conduire à prendre sa carte au MR, ce qu’elle a déjà probablement fait, et à se plier aux idées politiques de son pygmalion, ce qui est aussi probablement chose faite.
Est-ce que cela est un pas vers une représentation populaire adaptée à la diversité du peuple belge ?
Si aucune règle officielle n'empêche de passer de "star" du petit écran à candidat sur une liste, c’est rabaisser davantage la notion de représentation du peuple que de pratiquer cette forme d’adhésion à la démocratie.
On se souvient de la reconversion de Florence Reuter en 2007, en égérie libérale, après neuf ans du métier de présentatrice. Prise sous l’aile de serge Kubla, elle finit par lui succéder à Waterloo, suite aux démêlés judiciaires de ce pilier du MR. Siegfried Bracke passe de la VRT à la N-VA, comme quoi la notoriété est le booster universel. Aujourd'hui, l'ex-journaliste est président de la Chambre flamande des représentants. Anne Delvaux, présentatrice du JT, et Olivier Maroy, tous deux de la RTBF quittent « l’impartialité maison » l’une pour le CDH et l’autre pour le MR. C’est d’autant plus critiquable pour Maroy que celui-ci animait des réunions politiques « Mise au point », au cours desquelles il faisait semblant d’être au-dessus de la mêlée.
Le premier à avoir eu une vocation tardive fut Luc Beyer que d’aucuns connurent avec cet air pincé « fin de siècle ». Il semblait vouloir rester au-dessus de la mêlée Il finit par sombrer dans la machine libérale, ouvrant la voie à tous les autres.
Cette engeance de nouveaux notables n’apporte rien par elle-même à la démocratie. Ses impétrants épousent l’opinion de ceux qui les introduisent dans le Jackpot national. Ils alourdissent le contentieux qui sépare le peuple de ses élus. On pourrait demander à Crucke ou Ducarme, ce qu’ils pensent de la dernière foucade de leur chef ?

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