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Américanolâtrie

On aurait pu croire que les américanolâtres se calmeraient au vu de l’explosion de la violence aux USA sous Trump et puis Biden, comme de l’incroyable retour en arrière des Juges de la Cour suprême remettant en cause la liberté d’avorter. Nos Américains de cœur ne sont même pas effrayés de la politique va-t-en-guerre de l’OTAN, ayant poussé le dictateur russe à envahir l’Ukraine. La suite est bien connue, dans ce conflit qui se passe sur l’aire d’influence, de l’Europe, alors que c’est en réalité l’Amérique qui dicte à l’Europe ce qu’elle doit faire !
Eh ! bien non, les américanolâtres ne se sont pas calmés. Au MR et ailleurs, jusque chez les socialistes, l’amour pour ce pays allié reste aussi grand qu’il l’était en 44-45 à la Libération.
La raison principale tient dans ce que l’Amérique représente au figuratif de liberté d’entreprendre, le nirvana pour la bourgeoisie belge.
La preuve ? L’Europe continue, malgré les avatars vécus à la pandémie, de pousser ses États membres à détruire les structures économiques et sociales publiques au profit des entreprises privées. La Belgique est aux premières loges pour ce saccage, poussant au néolibéralisme et au libre échange avec la ferveur des premiers chrétiens périssant sous les coups des empereurs romains, plutôt que d’abjurer leur foi. Tout pour l’imitation sans nuance des Américains, voilà ce à quoi nos bourgeois tendent. Derrière eux, la race moutonnante des badauds s’ébaubit à l’étalage de leurs vitrines.
Alors que le tableau d’une Amérique sociale est pénible à voir, avec ses hôpitaux délabrés et ses mouroirs pour accidentés de la vie, sa population brèche-dents faute de pouvoir se payer le dentiste, ses longues files de chômeurs « welfare », ses ghettos et son racisme toujours aussi actif envers les Noirs et les Sud-Américains.
Les bourgeois et assimilés belges ne voient que l’excellence partout où il faut payer pour être soigné avec tout le reste, de la Cadillac à l’Hôtel cinq étoiles, sous le dais à l’entrée duquel un Noir, en tenue de groom de cinéma, ouvre les portes et filtre les indésirables. Ils aiment tout de l’Amérique après avoir expurgé son image des horreurs d’un apartheid réel entre le riche et le pauvre, le Blanc et le Noir et maintenant le cuivré comme au Texas et en Alabama.
Cette middle-class belge, même au bord de la faillite, croit toujours au rêve américain qu’elle s’auto- projette : l’argent facile aux courageux, Hollywood, les cartoons de Disney, le ronronnement de gros chat de la Harley Davidson route 68, les belles et longues voitures de Chrysler et Ford, Marylin, Elvis et James Dean. Les images qu’elles suggèrent frappent les imaginations. J’en suis imprégné malgré moi.

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La preuve que cette culture du clinquant fascine toujours, le regain, après le Covid-19, du tourisme belge pour les USA. Tout bénéfice pour la culture bourgeoise de Lasne et autres domaines privés de Cointe à Knokke-Le-Zoute. Cette saga racontée par le club Jean Gol fait passer la soupe aux orties sociales sous les ailes des Boeing 747 pour Los Angeles ou New-York. C’est tout juste si les réseaux ne mettent pas aux enchères le slip de Karine Lalieux, comme on le ferait sur Fox-News, pour se moquer de sa réforme « stupide » des pensions et lui offrir les premiers dollars ainsi recueillis pour financer ses « folies » dispendieuses.
Les MR de cœur vont en moyenne une douzaine de jours par an aux USA, eux qui toute l’année durant ont américanisé leur anglais sous la contrainte des notices d’IBM, d’Apple et de Microsoft. Ils y vont la tête pleine d’images de CNN et de You Tubes en manipulant leur smartphone sur Activision, et leur petit écran branché sur Netflix.
De bons auteurs ont tenté d’ouvrir les yeux des masses vacancières tendance néolibérale, en décrivant avec précision le mécanisme de domination culturelle du soft power d’outre-Atlantique.
Plus mon petit Lyré que le Mont Rushmore, Joachin du Bellay peut repasser avec sa culture des siècles passés, Vespucci a navigué avant lui dans les cervelles de nos compatriotes, vacanciers absolus des canyons indiens et des bayous profonds de Louisiane.
Le plus clair des congé-payés « classes moyennes » est toujours aveuglé des mythes trop puissants comme la possibilité offerte à chacun de devenir riche en moins de dix ans ou de rencontrer une Jackie qui vous offrirait le rôle de Kennedy juste avant Dallas, à cent dollars la « passe » inoubliable à Palm Beach en Floride.
Le Belge classe-moyenne MR n’est pas raisonnable. On l’entend bien par les discours de son gourou Georges-Louis Bouchez, lui et ses tatouages, son chien, ses costumes. Il ne parle pas aux Belges les pieds bien plantés dans une réalité qui n’est pas de carte-postale, non, il parle à John Wayne négligeant de recharger sa Winchester pour abattre vingt Sioux d’une traite !
Ah ! si encore l’opposition à ces clichés de cinéma proposait la lecture de « Sanctuaire » de Faulkner (Popeye, un violeur impuissant, abuse d’une jeune femme à l’aide d’un épi de maïs), ou encore « Les raisins de la colère » de John Steinbeck, mis magistralement en bobines de cinéma par John Ford.
Peine perdue, rien à faire, nous sommes tous des Américains pour la vie, même votre serviteur à son corps défendant.

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