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Un Tonton belge !

Quand on pense à la « génération Mitterrand » très médiatisée en Belgique et qui correspond à peu près au début du militantisme actif d’Elio Di Rupo au PS, on se demande si « La force tranquille », l’ultime slogan de Tonton, ne s’est pas imposée à tout jamais chez nous, au point d’être la force tranquille de l’homme endormi, que fut le président montois de 1999 à 2019 ?
On trouve chez Di Rupo bien des points communs avec le Français. Il serait peut-être flatté en lisant cela, si ce n’est que dans l’esprit de beaucoup de militants, Mitterrand serait à la base de l’effondrement de son parti, François Hollande, moins de vingt ans plus tard, ayant achevé le travail.
Di Rupo correspondrait à la dernière phase du mitterrandisme : l’homme d’État hiératique, là le sauveur de la République, ici le sauveur de la dynastie ; mais surtout, le continuateur des réformes libérales lorsque fin des années 80, le néolibéralisme pointait son nez dans les affaires courantes des pays et de l’Europe. Le socialisme, encore allié au monde du travail, aurait pu casser dans l’œuf, ce qui est devenu le cauchemar d’aujourd’hui.
Cet appauvrissement du « goût des autres » d’un grand parti ouvrier a été à la base de choix douteux et d’un changement de cap, quasiment 90° sur vingt ans. Vingt ans, c’est le temps du long règne de celui qui, à près de 70 ans d’âge, est toujours le président-ministre du gouvernement de la Région wallonne, au cœur de la mécanique et de l’organisation dont dépend le sort des francophones de ce pays.
Le PS en 2019 a changé de chef. C’est un leurre. Le nouveau a sa belle-mère attachée à ses basques. Son « double » à la Région garde tous les apparatchicks conservateurs du parti derrière lui. Même si Magnette en avait l’intention, cela reste à démontrer, il ne pourrait impulser un nouveau souffle au PS, capable de redonner des couleurs et remettre à flot le parti !
Sous le règne de Di Rupo, les électeurs de gauche et particulièrement les électeurs socialistes de cœur et de tradition, se sont retrouvés devant les mêmes pièges électoraux à chaque législature. S’abstenir ou voter à contre-cœur, tant la gauche de gouvernement faisait peine à voir, tant les compromissions pour mettre en selle un ou l’autre cacique dans le gouvernement, vidaient de toute substance sociale et créative les aspirations des syndiqués de la FGTB, qui, faut-il le rappeler, ont toute la direction affiliée au parti socialiste.

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Les obstacles présentés par les leaders du PS, impossibles à surmonter, sont restés les mêmes depuis les débuts du déclin : l’UE plus libérale que jamais et les marchés financier, institutions qui, de la bouche même de Di Rupo, torpilleraient tout programme socialiste.
Un esprit caustique pourrait demander ce qu’il fait dans les allées du pouvoir libéral, sinon le cautionner !
Alors, ces hauts dirigeants à la Rose ont géré le manque au lieu de changer la vie !
Ils n’ont pas résisté à la vision répandue d’une pression centripète, persuadés que la société changeait de paradigme et qu’on assisterait à une telle élévation du niveau de vie, que la classe laborieuse en serait aspirée. Toute la politique aurait consisté à suivre le courant, afin de coller à la réalité de la masse.
Grossière erreur, dont on n’a pas fini de payer les conséquences.
Ce début d’automne présage un hiver qui comptera dans les annales des saisons catastrophes.
Les chefs des trois grandes sections Liège, Mons et Charleroi partagent des idées semblables. Leur seul objectif est à présent de monter de toutes pièces une alternance, en réalité un grossier enfumage, dans lequel l’électeur ne s’y retrouvera pas.
Les années ont accumulé les défaites et les déceptions puisque dorénavant cette association du PS au parti libéral le lie sans espoir aux règles strictes du capitalisme, jusque y compris dans son incapacité de répondre aux besoins des populations.
Qu’ont fait ces élites sous la direction de Di Rupo ? Gâcher leur rapport avec les Gilets Jaunes belges qu’ils ont tué dans l’œuf, par des propos singuliers dans la bouche d’un homme de gauche, taxant ces pauvres gens de communistes. Rater la lutte contre le Covid en laissant supposer que le ministre de la santé Vandenbroucke, socialiste flamand, est dans la continuité de ce que Maguy Deblock a fait sous Sophie Wilmès, alors qu’elle a détruit l’hôpital en même temps que les masques, dans cette folie libérale de « rentabiliser » le social.
Enfin, on attend toujours au PS, que monte une voix singulière stipendiant la politique de l’Europe à propos de la guerre en Ukraine, de l’inflation et des ressources en énergie qui pourraient manquer cet hiver.

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