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Douche froide.

À voir avec quel peu de zèle ce gouvernement prend des mesures pour soulager la misère des Citoyens qui travaillent pour pas grand-chose et la haute considération qu’il observe pour d’autres, souvent oisifs et actionnaires, on se demande par quelle loi centrifuge ce pays nous agglomère encore ?
La nécessité, sans doute, d’être de quelque part, de n’avoir pas besoin d’un plan des rues pour déambuler dans la ville, de reconnaître tel ou tel passant avec lequel on a des affinités, ses parents proches ou éloignés qui vivent les mêmes galères ou s’en sortent mieux, bref d’y avoir fait son trou dans lequel nous y avons déposé nos meubles et nos souvenirs.
À l’heure où l’écaille nous tombe des yeux, le spectacle paraît tellement différent de ce que nous en escomptions, que la déception est immense !
L’affectif n’est pas tout. L’impression de vivre en marge dans ce qu’on appelle, dans les milieux de pouvoir, une démocratie et qui ne ressemble plus à rien pour la majorité des gens, fait qu’on reste sur la faim de quelque chose qu’on n’a plus ou qu’on n’a jamais eu.
Cette impression de n’être plus du peuple, que le patois soudait jadis par quartier ou par village, s’est accrue par une nouvelle sorte de citoyens venue s’installer, comme dans la fable « Le chat, la belette et le petit lapin », de ce bon Monsieur La Fontaine. Son occupation pacifique, en y dédaignant nos mœurs et nos coutumes, serait par l’afflux d’arrivants, comme une marée d’équinoxe propre à nous submerger, dit-on à droite et « que non pas ! » dit la gauche se moquant !
Sans idiome et sans terroir, le seul bien commun : la langue française, sous le poids de l’informatique et des langues étrangères infiltrées avec les locuteurs de la transhumance, est en train, elle aussi, de partir en quenouille par le haut, des universités et des intellectuels trois étoiles qui en sortent pour nous manœuvrer et en même temps la dépecer, pour la rendre compréhensible à d’autres cultures.
De ce bouleversement découle la signification de notre insignifiance. Nous ne valons même pas l’attention que devraient apporter à nos existences, les gens de pouvoir qui en principe, ne sont là que parce que nous avons fait en sorte qu’ils y soient. Comment expliquer ce phénomène, cette magie des urnes qui invariablement met en scène les mêmes dont on fait les gouvernements qui parient, une fois la mise emportée, de jouer la partie contre nous !
Ils n’ont pour toute excuse que d’être eux-mêmes pris dans un engrenage qui les dépasse et les utilise, comme nous, sans demander leur avis.
Nous voilà enfermés derrière une double porte !

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Nous sommes en trop, probablement, dans ce pays. Nous encombrons les endroits où en principe des générations de nos parents ont vécu et sont morts, comme allant de soi, pour que nous en prenions la suite.
L’organisation par nos votes est devenue une histoire ancienne, a-t-elle seulement été un puits de vérité où se puisait la démocratie ? N’avons-nous pas été les victimes d’une hallucination collective depuis la Révolution française selon laquelle un vote, une voix, devait conduire au bonheur des peuples ? Ce serait seulement maintenant que nous nous en apercevrions, balayés par les circonstances économiques du fait de la pandémie, de la guerre et d’une nouvelle génération importée pour alimenter les usines et les champs, à nos corps défendants ?
Si nous ne valons rien aujourd’hui, c’est parce que nous ne valions déjà rien hier.
Nous l’avons su trop tard, quand notre destin était remis aux bons soins de l’Europe et que nos élus devenaient des intercesseurs et des complices.
Nous aurions dû nous alarmer bien avant que nous ne fassions partie de leur système, quand nous étions déjà des pions interchangeables propres à servir de complément à leurs machines, plutôt que leurs machines soulagent nos peines.
Nous imaginions que le progrès était pour nous, alors qu’il n’était que pour eux.
Comme l’industrie produisait de plus en plus, nous devînmes des servants-consommateurs et pendant fort longtemps nous y crûmes.
Aujourd’hui que les masques sont tombés, nous sommes abasourdis et fâchés contre nous-mêmes de n’avoir pas senti la vieille imposture. Il est vrai que deux guerres ont éclairci les rangs des blouses bleues à la veille de comprendre. Bientôt en uniforme, ceux qui étaient sur le point de prendre le pouvoir qui leur revenait, sont revenus des combats à plus de vingt millions dan des caisses à la première et plus de quarante millions, dit-on, à la deuxième.
Qu’importe ce que nous avons raté, nous ne le devions qu’à nous-mêmes. Par ces temps tragiques, tout est différent. La nasse s’est refermée, nous sommes dedans de manière quasiment définitive, par le système économique profondément inégalitaire et par une morale de circonstance qui nous somment de poursuivre un chemin que nous ne voulions pas en servant des intérêts qui ne sont nettement pas les nôtres.

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