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Oudaï et Qoussaï, profession : criminels.

La mort des deux fils de Saddam Hussein ne fera pleurer personne.
Néanmoins elle pose la question de l’homme d’Etat criminel.
En général, on le trouve dans le camp des vaincus. Qui dit vaincu, dit coupable. Si Saddam Hussein et ses fils sont des criminels, ils sont aussi des vaincus. Le coupable désigné n’est pas celui qui déclenche les hostilités, mais celui qui perd la guerre.
En 40-45, les criminels étaient exclusivement allemands et japonais, pourtant ce sont les Américains qui ont lancé leurs bombes atomiques sur le Japon, détruit les villes allemandes avec leur aviation. Ce n’est pas pour minimiser les crimes nazis que tout le monde connaît. La tentative de génocide du peuple juif reste un moment d’horreur absolu dans le collectif de la mémoire. La question est : comment se libérer d’un régime criminel sans le devenir soi-même ?
Le pouvoir, même celui d’une démocratie, est en soi porteur de tous les germes criminogènes. Gouverner, c’est souvent dissocier la morale ordinaire de la morale d’Etat.
Mitterrand était-il un honnête homme ou un criminel ?
Sous son règne bien des affaires criminelles ne sont pas allées jusqu’au bout d’une saine justice. L’attentat du Rainbow warrior avait-il été commandité de l’Elysée ? Berrogovoy, son ministre de l’économie s’est-il suicidé ? Le Commandant Prouteau sur l’ordre de l’Elysée n’a-t-il pas fabriqué des preuves contre les Irlandais de Vincennes ?
En termes identiques est ouverte la question de savoir si l’expert britannique en désarmement David Kelly s’est tranché les veines du poignet ou si des services spéciaux l’y ont aidé ? Tony Blair est depuis dans une tourmente médiatique.
Quant au président des Etats-Unis, si la réforme de la loi de compétence universelle n’est pas votée au Parlement belge, les tribunaux pourraient l’inculper sur plainte de particuliers.
Pourquoi, me direz-vous comparer ce qui ne l’est pas ? Entre des milliers de morts et quelques-uns, il y a une forte différence. Au point de vue moral, je voudrais bien savoir laquelle ? A partir de combien de morts passe-t-on du crime au génocide ?
Le génocide au Ruanda tant dénoncé par nos vertueux ex-colonialistes n’avait-il pas été précédé par de petits meurtres « entre amis » de nos anciens coloniaux, perpétrés parfois même par des institutions chrétiennes ? Ne sommes-nous pas impliqués au premier chef dans l’assassinat de Patrice Lumumba ? Peut-on dire que Kabila, le deuxième président auto-proclamé du Congo que Monsieur Louis Michel soutient, est exempt de tout crime ?
Les affrontements dans les Balkans découlent-ils exclusivement des agissements criminels des Yougoslaves ?
Toutes les guerres sont sales, tous les factieux ont du sang sur les mains.
L’image du démocrate protecteur des faibles est exagérée, sinon fausse.
N’est-ce pas une belle forme d’hypocrisie de se poser à la fois en vainqueur et en père la morale ?
Quand donc admettra-t-on qu’il n’y a pas grande différence entre le criminel et le héros ? Leurs rôles sont interchangeables selon le camp auquel ils appartiennent.
On s’indigne toujours des crimes d’Adolphe Hitler. Saddam Hussein est dans la truanderie une crapule bien neuve par rapport à cette ancienneté. Le temps efface les ressentiments. Napoléon est-il un criminel ou un génie de la construction européenne ? Et Nabuchodonosor, despote épouvantable, qui s’en souvient encore ?
Le temps et la distance atténuent la vindicte. Pol Pot est-il perçu en Europe à la mesure de ses forfaits ? Les guerres coloniales en Afrique et à Madagascar par l’Armée française ont-elles eu des échos comparables aux faits reprochés à Milosevic en Europe ? Un Malgache vaut-il un Européen par comparaison ressentie des sévices subis ?
Les exécutions au garrot que les hommes du général Franco infligèrent aux républicains ont-t-elles été pesées à leur juste poids sur la balance de Thémis ? Et si Franco avait perdu la guerre ? Il eût été pendu pour ses crimes et on aurait applaudi les Républicains.
Amin Dadda réfugié à Djeddah en Arabie saoudite va mourir dans son lit, si ce n’est déjà fait.
Qui s’en préoccupe encore ?
Pourtant, au supermarché de la crapule, il a une console bien à lui.
Il conviendrait que les médias lors de la mort d’un despote, axent l’info sur la haine des guerres plutôt que sur la haine de celui qui meurt. Et que l’on cesse de nous ériger en porte drapeaux de la paix et promoteurs de la démocratie.
Foutaise que cela ! La démocratie : meilleur régime au monde ! Quelle démocratie. ? Qui pourrait dire que la démocratie de Poutine serait supportable par un démocrate occidental ? Qui aimerait vivre en Amérique dans les Etats du Sud et même à New York où contrairement à ce que l’on croit, la ségrégation la plus imbécile et la plus honteuse existe toujours, là où les Lois sont interprétées par le shérif local pour le compte des citoyens blancs. Et la démocratie à la Belge dans laquelle le citoyen n’a pas grand-chose à dire, est-elle supportable par un Suisse?
Restons modestes. Apprenons à nous méfier de ce que l’on nous raconte. N’oublions pas que ce ne sont pas les meilleurs qui dirigent, mais les pires.

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