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Comment désarmer le ministère des armées ?

Depuis qu’on ne fait plus que dans l’humanitaire, si au lieu d’avoir des militaires, on avait des infirmiers, ça serait quand même mieux, non ?
Fini le temps où les paras sautaient sur Kolwezi. Maintenant, ils ne sautent plus que sur des mines qui explosent et ça fait de la peine à Flahaut. Puis, comment raconter qu’on est mort pour la patrie à Nouakchott ou Lubumbashi à protéger des installations de la de Beer en prospection d’or et de diamant ?
Il y a le problème du ministère de la Défense. Comment recaser les hauts fonctionnaires et les hauts militaires qui campent dans les couloirs ? Le chômage bat son plein. On pourrait garder le ministère qui s’appellerait toujours le ministère de la Défense et qui serait chargé de toutes les défenses : défense d’uriner, défense de circuler sur l’autoroute dans le sens contraire, défense de marcher sur les pelouses, etc. Comme ce ne serait pas suffisant, on adjoindrait le département de tenir : tenir son chien en laisse, tenir sa droite. On pourrait même envisager à terme une fusion de défense et de tenir, comme, par exemple : défense de tenir des propos subversifs, ou défense de tenir la rampe d’escalier quand c’est un aveugle qui monte. Comme on voit, le travail ne manquerait pas.
Reste le problème de Flahaut. Il s’agit dans cette suppression d’emploi, ni plus ni moins, d’une atteinte au principe du fédéralisme, base de notre société. Quand on supprime un ministre wallon, il faut supprimer un ministre flamand. On voit le jeu de domino ? Pour finir avec Louis Michel et Verhofstadt qui se partageraient tous les ministères, ce n’est pas la peine. D’autant que si on supprime un ministre wallon socialiste, il faut supprimer un ministre flamand libéral. Mais alors, il faudrait aussitôt supprimer un ministre wallon libéral, question d’équilibre entre les partis. Hé oui ! la vie n’est pas simple sous nos trois couleurs.
Alors, me direz-vous, pourquoi ne pas laisser Flahaut au ministère de la Défense ? Mais parce que par définition, le ministre de la défense actuel n’est pas qualifié pour faire respecter la défense d’uriner, entre autres, quand on pense à l’énorme quantité d’urine que les mess actuels de l’armée déversent à cause de la bière bue ! Comment voulez-vous également qu’un homme de gauche fasse respecter la consigne de tenir sa droite ?
Bien sûr, de nos jours, la droite ou la gauche, on ne sait plus très bien. Justement, ce ministère serait chargé de nous montrer qu’il y a des différences.
Le recaser ailleurs ? L’embêtant, tous les ministres le déclarent un jour, ils ne savent rien faire d’autre. Une vocation, cela ne s’explique pas. Flahaut dès huit ans : Qu’est-ce que tu veux faire, mon petit ? Réponse : ministre ! Que voulez-vous faire contre cela ?
Autre problème. Que ferions-nous de l’arsenal devenu inutile ? Le donner là où nous enverrions nos équipes humanitaires afin qu’elles ne restent pas sans rien faire. Oui, c’est une solution. Mais outre que nous n’en retirerions aucun bénéfice, nous serions victimes de notre générosité.
On a bien songé les couler en mer du Nord pour faire scier nos canons et nos chars par la société hollandaise qui découpe en rondelle le Tricolore, mais outre les frais de transport d’aller et retour énormes, comment ferions-nous respecter « Défense de remonter la Manche à contre sens », si nous barrons le passage avec nos débris ?
On pourrait déléguer Laurette, notre vice première, aux discussions préliminaires à la fermeture de la FN. Avec elle, on serait assuré que dix ans plus tard, les parlottes auraient eu raison des passions ! Quelle usine peut encore se vanter d’avoir dix ans de travail devant elle ?
Reste enfin notre armée de métier. Comment s’en débarrasser ? Il n’y a plus de colonie et on a découragé les Américains de nous employer dans leurs expéditions pacifiques. C’est peut-être cruel, mais le propre d’un soldat de métier n’est-il pas de mourir en héros ? N’en sont-ils pas dignes ? Il suffirait de créer les occasions de mourir en héros. Mais des occasions pacifiques, il va de soi, comme faire un concours au plus gros mangeur de saucisses, celui qui résiste au plus haut voltage, qui saute sans parachute de mille mètres et qui vise une meule de foin. Evidemment, seules des solutions collectives viendraient à bout du problème. Bernard Pivot pourrait organiser une dictée « spéciale militaire ». Peu en réchapperait. Comme on voit, toutes les propositions sont bienvenues.
Comme toujours, c’est quand on a le nez sur l’obstacle qu’on y pense. C’est bien belge cela.
Clemenceau qui ne pouvait rien faire sans imiter avait repris de Voltaire « Notre santé est une chose trop importante pour la confier aux médecins », pour s’écrier un jour « la guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée aux militaires ».
C’est donc à l’issue de la Grande Guerre que l’on savait que le ministère de la défense créerait des problèmes. On a attendu près d’un siècle pour s’en rendre compte.
Que cette imprévoyance des armées et de leur ministre soit sanctionnée par un licenciement immédiat et sans indemnité, et nous voilà débarrassé de ce ministère inutile. Il conviendrait cependant de retirer toutes les armes des casernements avant la notification de la sanction. L’ennui, c’est qu’on n’a pas le personnel pour appliquer les mesures.
Et puis, dans le fond, qu’est-ce que ça gêne un ministère qui ne sert à rien ?
Il y en a tant d’autres qui travaillent sec pour finir avec le même résultat !

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