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La sexualité chez le ver à bois.

Tous les insectes ont un sexe, une émission pas comme les autres de Philippe Crampon. Aujourd’hui le ver à bois.

- Professeur Zuschauer votre ouvrage “Der Wurmähnlichholz und Liebe“ fait autorité en matière de reproduction du ver à bois. Comment vous est venue l’idée de cette recherche ?
- J’avais quelque mois à peine quand je fus changé de nourrice. Frau Shöne-Khon avait un bijou en forme de scarabée sur sa vaste poitrine. J’avais le choix entre devenir sénologue et entomologiste. Ma chaise d’enfant était ancienne et percée d’une multitude de trous. J’étais déjà à six mois un bon observateur.
- Revenons à votre étude.
- Voilà des insectes qui vivent trois ans dans des troncs en creusant des galeries toujours parallèles qui ne se recoupent jamais, par définition. Le ver, si vous préférez, la larve quand elle sort est un animal parfait. Il y a donc eu quelque part des rapports sexuels, mais comment et où ?
- Oui, comment un ver à bois fait-il l’amour ?
- C’est le sujet de mon livre. Vingt ans de recherche et de notations.
- Vous avez enfin trouvé ?
- Je crois avoir percé une partie du secret. D’abord écartons le Lyctus. C’est un coléoptère qui fait l’amour sur les plantes qu’il butine. La femelle pond ses yeux sous l’écorce des sapins et sa larve y reste l’hiver, pour se métamorphoser au printemps. La larve est un parfait ver blanc sans sexe. Le bois qu’elle mange lui permet d’être à l’abri dans la cavité qu’elle creuse. Le capricorne des maisons est plus complexe. C’est un gros insecte qui affectionne les meubles de style avec une prédominance pour le Louis XVI et le directoire.
- Sans doute parce qu’on employait des bois plus tendres à l’époque…
- Pas nécessairement. C’est un insecte doué de culture. On a observé qu’il fréquentait volontiers les bancs des écoles des Beaux-Arts. Par exemple à Lüttich - Luik si vous préférez - les chaises de l’Académie sont tellement vrillées que cela fait une sorte de courant d’air qui rafraîchit sous les jupes des filles. C’est un insecte esthète. Il adore les fauteuils d’orchestre…
Bon. Fixons notre attention sur la Vrillette. C’est le sujet de notre étude. Sa larve est nettement pourvue d’un appareil sexuel avec pénis et testicules apparents…
-Mais professeur Zuschauer l’insecte parfait ne se reproduit-il pas ?
- Je suis formel. La Vrillette perd son sexe à force de se traîner sur le ventre pour ronger et former des galeries. Au bout de six mois de galerie, la larve n’a plus de sexe ! L’adulte est ce qu’on appelle en entomologie un Geschlechtzonderbiroute. Je vous passe le commentaire.
- Mais alors comment le ver à bois de la Vrillette se reproduit-il ?
- Il n’a que les six premiers mois de son existence pour se perpétuer. Je dirai même mieux, le premier mois est capital !
- Ah bon !
- En effet, le ver à bois avance d’un dixième de millimètre par jour de mastication. Il mesure trois millimètres, cela lui fait trente jours avant de disparaître complètement dans la cavité qu’il creuse. Mais entre le vingtième et le trentième jour seul son cul dépasse encore. C’est alors que les mâles peu scrupuleux partent à la chasse à la femelle qui ne saurait protester dans la situation délicate qui est la sienne. Voilà pourquoi le ver à bois femelle ne connaîtra jamais le père de ses œufs !
- C’est un drame de la nature !
- Absolument. C’est le sujet de mon dernier chapitre « Né de père inconnu ! ».


- Comment cela se termine-t-il ?
- Mal et bien à la fois. Mal parce que le ver à bois n’a qu’une très brève période de reproduction et une seule façon de faire l’amour, bien, parce qu’ayant perdu son sexe à l’état adulte, il ne s’en souvient plus.
- Oui, mais la femelle n’a pas perdu son sexe…
- Vous avez raison et ce sera le sujet de la suite de mon étude. « La femelle du ver à bois : einen Geschlechtgrössebesoin.
- C’est intraduisible ?
- Non. J’attends le traducteur de chez Gallimard qui est occupé à traduire en français les chansons de Bertrand Cantat, de Noir Désir.
- Dans la conjoncture actuelle, il faut profiter de la moindre actualité.
- Mon œuvre n’aurait jamais vu le jour, si je n’avais moi-même été au cœur de l’actualité.
- Vous faites allusion à ce ver à bois dans une chaise du Limbourg et parfaitement bilingue ? Merci professeur Zuschauer. C’était Philippe Crampon de RTL-TVi.
Prochain débat : L’hareng saur peut-il mariner en famille sans reconnaître les siens ?

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