« Une admiration sans borne ! | Accueil | Nuit américaine sur Bagdad »

Quand l’équateur vagabonde vers le Nord !

Les événements tragiques à la suite de la canicule en France n’ont pas vraiment trouvé un écho en Belgique. Certes, l’opinion s’est sentie interpellée à l’annonce du nombre de décès – plus de dix mille – mais, à en croire les journaux, nos hôpitaux et les Maisons de retraite sont bien mieux équipés pour faire front à l’affolement des thermomètres.
En est-on si sûr ?
C’est l’Institut royal de météorologie qui nous le signale, il a fait moins chaud en Belgique qu’en France et ce serait les quelques degrés de différence qui ont plaidé en notre faveur. D’autre part, les traditionnels départs de vacances en Belgique se font majoritairement au mois de juillet, alors que la France privilégie le mois d’août. Que ce serait-il passé si nos hôpitaux et nos Maisons de retraite avaient dû faire face à la crise au mois de juillet alors que les personnels soignants tournent à personnel réduit ?
Les assurances des services sanitaires ne satisferont qu’à demi, dans la mesure où il n’est pas répondu à ces questions.
Reste que nous avons eu des morts et que l’on n’est pas assez prudent à l’égard de ceux qui sont hors d’état de boire et se ventiler sans l’aide d’autrui.
Et nous arrivons au second point de notre réflexion.
Les morts anonymes en France, les témoignages des voisins et des personnels soignants tout concorde pour dénoncer la grande solitude de la plupart des personnes âgées. Cette situation dont on ne parle jamais est la même en Belgique qu’en France. On a beau multiplier les déclarations visant à maintenir le plus longtemps possible la personne âgée chez elle, les services itinérants assurant l’essentiel des soins à domicile, des aides soignantes et des contacts d’urgence, tous personnels hautement dévoués, souffrent d’un manque criant de moyens et par conséquent ont des difficultés d’assurer les services par manque de personnel.
Le taux des pensions souvent ridiculement bas cloue littéralement les personnes âgées chez elles, les empêchant de se vêtir et de consommer normalement. La cherté des loyers fait le reste.
La vie moderne exclut pratiquement les vieux des familles souvent éclatées. Le jeunisme dans les mœurs et dans la vie professionnelle accentue encore cet écart entre les actifs et les inactifs. Une personne âgée aujourd’hui est coupée du monde. Ses infirmités lui ont fait perdre sa mobilité. Quant à sa famille ou elle n’existe plus, ou pire, elle est indifférente au sort de son aïeul.
L’indifférence tue certainement autant que la canicule et cela toute l’année.
Lorsqu’on entend les commentaires de nos ministres sur l’argent à trouver afin de poursuivre le payement des pensions, loin de rassurer nos vieux, cette problématique n’est pas de nature à leur rendre confiance. Les sociétés caritatives et les organismes de protection du troisième âge sont eux profondément alarmés et inquiets ; car ils attendaient plus de moyens à commencer par la réévaluation des pensions, et on leur prêche la modération !
Si une société est jugée d’après la façon dont elle traite les citoyens en état de faiblesse physique et économique, on ne peut pas dire que nous soyons dans le peloton de tête dans le domaine de la générosité. Il faut dire que la politique libérale que nous suivons n’est pas de nature à s’ouvrir à la compréhension vis-à-vis des citoyens les plus faibles.
Je ne doute pas qu’à l’instar de Chirac et du maire de Paris, si une hécatombe pareille à celle d’août en France se produisait en Belgique, nous aurions le Chef de l’Etat et les ministres derrière les cercueils des morts que personne ne réclame. Mais en attendant et en espérant qu’un malheur pareil ne survienne pas, cela fait une belle jambe à ceux qui se retrouvent dans l’expectative d’une canicule au mois de juillet qui les trouverait aussi démunis et sans secours que nos voisins français.

Poster un commentaire