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Mais laisse mes mains sur tes hanches

Au club Jason Maudit, ce fut l’inspecteur Arnaud Tillus qui constata le décès du disc-jockey Adrien Adéklarez. Le DJ s’était raidit, le nez sur ses platines, arrêtant « Les Filles du Bord de Mer » au passage : « Z’étaient chouettes pour qui savaient y faire ».

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Le jour avant, Arnaud était le témoin d’une mort aussi suspecte au « Calixte Noire » un club homo, alors qu’il sortait en compagnie de Jean Suizun, le fils du commissaire Eloi Suizun-Aussy. La DJ, Bernadette Dejeux, était tombée dans la poubelle sur les restes du dernier frites-poulet qu’elle n’avait pas terminé. Si bien, puisque Arnaud avait ordonné que l’on ne touchât à rien en attendant les experts, le 45 tours d’Adamo « C’est ma vie » avait tourné pendant trois quarts d’heure rendant fous les gays qui n’avaient pu s’échapper, la porte étant gardée par Suizun.
On n’avait pas tout de suite vu la flèche au curare fichée dans le piercing de Bernadette.
On avait assassiné la DJ !
C’est la semaine suivante, quand Arnaud au club échangiste « Le Joffre Hélademande »,
trouva le DJ flamand, Colin Bourjoix foudroyé avec à la main « Dolce Paola », que Arnaud Tillus comprit qu’il y avait en ville un serial killer !... un psychopathe en liberté qui avait des pulsions de meurtre quand Salvatore Adamo passait par les amplis.
Le curare est un poison rare. On soupçonna le grand chef Maori qui était en tournée au Cirque Pinder et à l’UNICEF, mais il avait un alibi en or. Il avait passé les quinze dernières journées au Luxembourg à se faire recoller la lèvre inférieure.

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Arnaud résolut de frapper un grand coup.
Il remplaça au pied levé le DJ de Kinshasa Mokoko Riko au club « André Pression » avec sous le coude « Tombe la neige », « Vous permettez, Monsieur », le redouté « Mes mains sur tes hanches » et l’indispensable « Inch Allah ».
Comme c’était un club berbère et musulman, il mit Jane Birkin et les accordéonistes de Hammamet en intro. Ce fut un désastre. Il fut bousculé, piétiné et ne sauva sa vie que grâce à la sculpturale patronne grecque Ella Danloss.
Le calme revenu. Il expliqua sa présence au club. Tous les sans-papiers disparus, il restait à peine une demi salle et Arnaud Tillus crut que pour ce soir-là c’était râpé.
Flic jusqu’aux bouts des orteils, il mit « Mes mains sur tes hanches » le must dont il attendait tout. Si le serial est à moins de dix kilomètres plaisanta-t-il à Ella Danloss, il sera là dans un instant.
De la salle résignée ne parvint que quelques cris hystériques : « non, non, pas ça ! ».
C’est au dernier refrain que l’attentat eut lieu. La sculpturale grecque s’effondra, les seins enfonçant le tourne-disque, ce qui donna à la voix d’Adamo celle d’Yvan Rebrof, au passage « tu seras ma… boum boum boum… dernière chanson ! ».
C’est alors que Arnaud qui avait quand même été jusqu’à sa troisième moyenne, compris le machiavélisme de l’assassin.
Celui-ci pendant l’échauffourée avait collé, chargée de poison, l’aiguille convexe dans un sillon. Après un certain temps et ayant acquis de la vitesse, elle sortit de la platine comme la sarbacane de Francis Cabrel !
Arnaud Tillus fit bloquer les sas et procéda à des interrogatoires.
Il se souvint que sur les photos prises dans les autres discothèques, la petite blonde qui était dans la salle apparaissait deux fois.
C’est ainsi que fut arrêtée celle qu’on appela la psychopathe adamophobe, la serial killer des boîtes à sons.

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L’histoire de Georgette Unjûd est très simple. Lad à « Crottinville » elle eut à soigner un hongre qui avait vécu toute sa vie dans une prairie joignant la propriété de Salvatore Adamo. Son propriétaire avait remarqué qu’à force d’entendre Salvatore répéter, la bête s’était mise à l’imiter. On entendait dans les modulations des hennissements, des couplets entiers du chanteur. C’est ainsi que le cheval avait appris par cœur « Tombe la neige » et il était en train de mettre au point « j’avais oublié que les roses sont roses ».

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Après six mois d’Adamo dans les écuries, Georgette Unjûd s’était enfuie.
Elle vécut quelques années sans plus entendre parler de rien. Se maria même avec Reno Noss, mais le mariage ne tint pas. Son dernier amant avait été pharmacien. A défaut d’héritage, il lui avait laissé quelques recettes fameuses.
Un jour, l’effet Chantal Goya remit Salvatore dans les bacs.
Quand il entra dans le top 10, elle craqua et commit son premier meurtre.
Son avocat crut intelligent de faire entendre « Inch Allah » au tribunal.
Elle eut droit aux circonstances atténuantes.
Elle écopa de vingt ans.
On la mit en cellule avec une admiratrice de Claude François.
Elle mourut six mois plus tard d’un arrêt cardiaque tandis que sa co-détenue écoutait « Alexandrie-Alexandra ».

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