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Greater Middle East.


Le Grand Moyen-Orient, c’est la nouvelle poussée d’urticaire de Bush au cours de cette année électorale.
Déjà avancée par le père, c’est une sorte de remodelage de toute une région qui du Maghreb au Pakistan engloberait en gros tous les pays musulmans.
Le Président US est si entiché de son nouveau programme qu’il sera proposé au prochain rendez-vous du G8 à partir du 8 juin en Floride, tandis que le volet sécurité sera à l’ordre du jour au sommet de l’OTAN les 28 et 29 juin à Istanbul.
Ce plan consisterait à « aider » économiquement et politiquement à faire entrer des pays aussi disparates que le Maroc et l’Afghanistan dans un concept « moderne » et démocratique.
Les réactions sont assez vives dans les capitales arabes. On rapporte que le président du Yémen, Ali Abdallah aurait déclaré : « Nous devons nous raser la barbe avant que les Américains ne nous la tondent ! ».
En Europe, on se tâte. C’est qu’on a été surpris de voir dans le plan américain pas mal de suggestions de concertations entre le Maghreb et l’Europe reprises froidement comme venant de l’Administration Bush. On se rappelle la propagande US lors du conflit yougoslave qui avait conduit les populations à croire que tous les dons et efforts financiers de l’Europe étaient en réalité une contribution américaine.
Bush veut éradiquer l’intégrisme musulman. Ce plan servirait à la fois de prétexte et de couverture à une pénétration de l’OTAN et des Marines dans des pays à la foi incertaine envers la démocratie, voire hostile à la propagation de l’idéal US.
Ce qui d’emblée à fait tiquer les pays concernés, c’est l’absence du Liban et d’Israël de ce projet.
On soupçonne Bush d’évacuer le problème palestinien en attirant l’attention du monde sur d’autres projets que celui de la paix de cette région.
Le mur de Sharon qui mord gaillardement dans les Territoires et qui poursuit son avancée a détruit complètement tout espoir de régler pacifiquement le contentieux avec le gouvernement actuel de Tel-Aviv.
Le dernier raid israélien à Ramallah visait trois banques où la troupe a saisi sept millions d’euros ! Cette nouvelle ère inédite de violence fait penser qu’il ne suffisait pas à l’armée de Sharon de répliquer au terrorisme par le terrorisme, mais qu’en plus il se devait de tâter au gangstérisme avant les autres. Voilà qui est fait.
L’Europe va bien être obligée de trouver une position commune pour répondre aux Américains. On sait déjà que la France est assez hostile avec l’Allemagne à ce projet. Va-t-on à nouveau, après le clivage de la guerre d’Irak, assister au partage de l’Europe entre les « pour » et les « anti » ?

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L’offensive diplomatique américaine sur ce nouveau plan de l’Administration ne fait que commencer. Avec leur maladresse habituelle comme partout ils se présentent, on le voit bien en Irak, les maîtres du monde iront-ils jusqu’au bout de gré ou de force ? C’est que si la Libye s’est rangée des voitures, la Syrie et le l’Iran, sans compter la nébuleuse égyptienne, ne sont pas des « clients » faciles. Mieux que l’expérience désastreuse de l’Irak, la tournure des événements en Afghanistan et le magma intégriste du Pakistan montre bien la limite d’une intervention américaine sur les deux plans : militaire et diplomatique.
Et pendant ce temps, défiant la puissance américaine : le mollah Omar et Ben Ladden courent toujours. Ne risquent-ils pas de fédérer l’opposition musulmane de la pire des façons au projet américain ? Ben Ladden passe déjà pour une sorte de Robin des Bois parmi des millions de musulmans. Un pareil bouleversement des mœurs et des habitudes qui rappelle par certains côtés paternalistes le colonialisme franco-anglais d’avant-guerre ne ferait-il pas courir beaucoup plus de risques que de profit pour la paix et le progrès ?

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