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L’Amérique mystique.

Il paraît que le film The Passion of the Christ de Mel Gibson déchaîne les foules américaines.
Bien entendu, cela risque aussi par mimétisme et goût pour ce qui touche le chewing gum et Hollywood de nous tournebouler l’esprit à notre tour…
Déjà, c’est un succès avec un rapport de 20 millions de dollars rien que pour la première journée d’exploitation du film.
Pour le reste, comme tout ce qui touche aux religions, c’est une légende de légende racontée avec un décalage de 2000 ans. C’est dire, comme la vérité historique, on s’en fout.
C’est qu’il ne reste rien de précis sur l’aventure humaine d’un prophète qui s’appelait Jésus.
On ne sait où il est né et quand. On ne sait rien sur sa famille et s’il avait des frères et des sœurs. On ignore la région ou les régions qui l’ont vu grandir et même mourir, puisqu’il n’y a aucun témoignage du temps. On ne sait même pas s’il a été crucifié comme les catholiques le prétendent et en font grand cas.
Alors, sans vouloir offenser personne, que feraient des gens normaux avec si peu de renseignements ? Ils la fermeraient. Eh bien ! c’est le contraire. Tout le monde y va de son petit détail « qui va changer le monde ».
Je ne vais pas revenir sur les deux lignes de commentaire de Josèphe, l’historien romain, qui commente l’événement à peu près 60 ans après la mort de Jésus, ni sur les quatre évangiles écrits en grec dont le plus proche de la mort supposée du Christ est de cent années postérieures aux écrits dudit Josèphe. Mais sur les mœurs du peuple juif et sur celles des légats de Rome en Palestine.
Une femme procréant hors mariage chez les Juifs était punie de lapidation. Si ce fut le cas de Marie, Joseph - qu’il fut le père ou non - lui a sauvé la vie. La mortalité des enfants en ces temps anciens était épouvantable. Aussi, une femme devait-elle avoir au moins sept enfants pour conserver une chance de sauver un fils. Il est vraisemblable que le Christ eut des frères et des sœurs. Une femme n’ayant qu’un seul enfant était quasiment mise en quarantaine dans la société juive. Même dans les légendes les plus noires qui entourent Marie rien de cette « tare » n’apparaît.
La crucifixion n’était pas en usage chez les Juifs, mais la lapidation. Les Romains ne s’occupaient pas des crimes commis par et contre des Juifs qui ne touchaient pas à leurs intérêts. Les Romains étaient en Palestine en conquérants. Ils méprisaient ce qui leur apparaissait comme une sous-civilisation comparée à la leur. Ils traitaient les Juifs comme les Français ont traité les Algériens dans les années 50.
Un tribunal juif qui aurait condamné Jésus à la lapidation, est l’hypothèse la plus vraisemblable.
Si l’on compare le supplice de la croix pratiqué à Rome avec celui que l’on suppose être du Christ, force est de constater que le matériel n’est pas le même décrit dans les Evangiles. Le bois en Judée étant assez rare, aussi rare qu’il l’était à Rome. Le martyr romain se contentait d’un pilier central de moins de deux mètres. Les hommes de l’époque étaient de petite taille. Il est vraisemblable que le Christ ne devait pas mesurer plus d’un mètre soixante. Les fûts de quatre à cinq mètres étaient réservés aux charpentes des toits. Donc une élévation de la croix de maximum 2 mètres est très vraisemblable. On nous représente le Christ entre deux larrons, en croix eux aussi. Voilà qui augmente davantage l’invraisemblance. La juridiction romaine étant séparée et de toute manière prenant toujours le pas sur la juridiction « tolérée » des Juifs, il n’y a aucun exemple de confusion.
S’il fallait Quae sunt Caesaris Caesari les deux larrons auraient été des voleurs surpris dans le camp romain pour qu’ils fussent crucifiés. Si cela avait été, le Christ et eux n’auraient pas été condamnés de la même façon et au même endroit, puisque un l’aurait été par les Juifs et les deux autres par les Romains.
Les deux larrons étaient attachés et Jésus cloué. Cela aussi à son importance. En admettant qu’il y eut ce jour-là trois crucifiés, pourquoi Jésus aurait-il été puni davantage par les Romains à qui il n’avait rien fait que les deux larrons coupables de crimes envers l’autorité d’occupation ?
Parmi les récits du temps et notamment la révolte des esclaves sous Tibère, le supplice de la croix - d’un usage courant - était une manière de faire durer le plus possible le martyr du supplicié. Il n’y a pas d’exemple à Rome d’un supplicié cloué. En effet, la saignée qui en résulte le vide rapidement de son sang. Ce n’est pas ce que recherchaient les bourreaux.
A tel point qu’il fallait payer les légionnaires chargé de la surveillance afin qu’ils brisent les membres inférieurs des condamnés ou qu’ils les percent avec leur lance et qu’ils meurent plus rapidement.
Or, les récits bibliques mentionnent que les larrons étaient liés et Jésus cloué. Le Christ serait donc mort bien avant les deux autres ?
De même, il existait sur le bois central un repose pieds de manière à ce que le supplicié ne succombe pas par asphyxie. En effet le poids du corps, bras écarté, empêche la cage thoracique de se soulever. Les poumons manquent très rapidement d’air. Les liens aussi serrés soient-ils se distendent sous la charge. Le corps glisse en déboîtant les épaules. Les jambes fléchissent sans repose-pieds. On estimerait la mort par asphyxie à moins de quinze minutes.
N’importe quel médecin légiste vous le dira, le poids du corps est trop important pour qu’il soit possible de le maintenir sur la croix en le clouant par la paume des mains. Il faudrait le clouer par les poignets pour que cela fût possible. A cet endroit, ne pas détériorer le système sanguin veineux par un percement direct relève de la chirurgie fine.

Notre curieuse époque loin de s’écarter par la raison des religions, semble au contraire y délester de plus en plus sa laïcité. Déjà sous nos climats réputés modérés, une certaine forme de censure nous empoisonne la vie. En son nom on cloue le bec des gens avant de les clouer carrément sur autre chose.
Le bidule de Mel Gibson tombe pile pour exciter les intégrismes, raviver la haine au cœur de tous les énergumènes saugrenus, qui refont surface pire que jamais.
S’il ne s’agissait que de nous raconter des fariboles, passe encore, les contes, lorsqu’ils sont de fée, ne font du tort à personne. Mais sur une planète où dans certains Etats les femmes sont toujours lapidées et où les religieux omniprésents font régner la terreur, qu’il soit permis aux sceptiques d’avoir raison garder et d’envoyer se faire voir ailleurs tous les barbus et chevelus qui veulent absolument que nous nous couvrions de nos cheveux et nous nous affublions d’une barbe.
Le merveilleux n’est abordable que lorsqu’il exalte le beau, le bon, le généreux, la paix, l’amour, la vie, le respect, etc. Lorsqu’il s’abat sur des tours, construit des murs ou se fait exploser dans la rue, que ce soit aux noms des dieux ou aux noms des hommes, c’est absolument dégueulasse.

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