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Leçon au FOREM.

- Je me présente, Amédée Ménage. Le FOREM emploi-formation m’a demandé un cycle de conférences pour vous aider à chercher un emploi. Mon histoire est exemplaire. Il y a à peine deux ans, j’étais comme vous, à remplir des formulaires et à demander des entrevues aux entreprises.
Lorsque je fus demandé pour un coup de main dans un déménagement. Ici, je vous demande de prêter attention à ce qu’il en est advenu.
L’entreprise de déménagement avait à charger à Dieppe du matériel de la société Darfeuille-Parfums. Je faisais équipe sur le deuxième dix tonnes avec le chauffeur.
Le patron de cette entreprise nous donnait carte blanche pour vider l’ensemble des ateliers en un week-end. Ensuite, nous avions à décharger nos camions le lundi dans des containers à Dunkerque, destination l’Angleterre.
On ne s’est jamais tant marré.
Le patron, plutôt la patronne, une Anglaise charmante était avec nous pour vider son bureau. Quant aux affaires du personnel, elle s’en fichait complètement et nous autorisa à faire notre choix. Je ne vous dis pas l’aubaine en vêtements, machine à café, denrées alimentaires. Un collègue a même trouvé de l’argent dans une boîte marquée « cagnotte du personnel », un autre cinquante euros dans un cache-poussière. Notre salaire, plus les prises de « guerre », j’avais en deux jours ramassé ce que je gagnais en une quinzaine chez Grosfer, que j’ai déménagé par la suite au Portugal.
Revers de la médaille pour cœur sensible, nous avons lu dans les journaux du mardi l’effarement des 48 femmes employées qui le lundi matin ont appelé un serrurier pour entrer dans l’entreprise où il n’y avait plus rien. Cette affaire d’effraction est du reste toujours inscrite au rôle de la Justice du coin, la patronne ayant porter plainte !
Je vous rassure tout de suite. Nous avons agi légalement sur injonction du propriétaire des lieux. Il n’y a pas de loi qui l’interdise. La propriétaire, si on chipote un peu, pourrait se voir inquiétée aux prud’hommes pour non-respect des délais de préavis. Comme elle est installée à Manchester, elle s’en fiche un peu.
Le personnel a été indemnisé par les fonds spéciaux et n’a perdu aucun avantage, ni préavis. C’est donc la conscience parfaitement dégagée que cela m’a donné l’idée de créer une entreprise spécialisée dans le déménagement discret et rapide des entreprises.
Je ne le regrette pas.

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J’ai déménagé Clodor, une fabrique de Chips, sur trois jours chômés. Je ne vous dis pas la joie de mes enfants avec les cent kilos de chips que j’ai rapportés. Là, le patron avait eu l’idée de mettre les 190 salariés en chômage technique. J’ai replacé la division croûton à Pavie, chez un beau-frère de Bandini, le patron. C’est lui qui m’a recommandé à la société Dorite-Sûr une de ses petites affaires dans le Kent qui fabrique des câbles optiques et qui intéressait vachement une société américaine. On a mis tout en caisse en une soirée. C’était le mardi. Le mercredi matin, avec l’administrateur de Dorite-Sûr, on s’est planqué dans les buissons, histoire de rigoler à voir la tronche des délégués du personnel.

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Le plus marrant, c’est quand un importateur Hollandais m’a demandé si je ne connaissais pas quelque chose du côté de Dieppe pour se sauver de Rotterdam. Je me suis souvenu de ma première affaire et il s’est installé dans les anciens locaux de Darfeuille-Parfum. Au passage, j’avais touché ma petite commission, bien entendu.
Aujourd’hui, j’ai une employée qui relève les noms des entreprises belges qui ont des visées de décentralisation à l’étranger et un démarcheur pour leur proposer nos services.
Nous avons un armateur panaméen qui travaille pour nous et mon intention est d’acheter l’année prochaine un cargo au Honduras pour réaliser les navettes Anvers – Amérique du Sud, port d’attache Panama, bien entendu !
Je terminerai mon exposé, mesdames et messieurs, par vous dire que nous sommes en pleine expansion et que j’ai en perspective trois déménagements à Charleroi et dix-sept à Liège! Ce qui donne une idée que la bonne affaire que j’ai créée correspondait à un besoin.
Parallèlement, j’ai ouvert un magasin de seconde main avec du matériel et des vêtements récupérés. Sur le point sensible des gros départs, quelques jours avant les déménagements, j’inaugure une agence intérimaire de l’emploi.
Ma femme a équipé une friture mobile. Elle est sur place le jour où les travailleurs sont à la porte. Ils discutent. Ils restent plantés des heures à ne savoir que faire. Ils mangent des frites pour passer le temps.
On loue aussi des braseros en hiver.
D’une idée peut en jaillir une autre.
C’est la conclusion de ma première leçon.
Je vous remercie de votre attention.
La semaine prochaine, je vous présenterai un comptable qui remplit les feuilles d’impôt au MR.

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