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Tu fais quoi ?

Je ne cède qu’à la nécessité. L’effort gratuit m’emmerde.

La saison le veut. Le soleil revient et avec lui le sport de plein air.
Déjà que tout l’hiver nous avons subi la culture supporter à Sclessin.
Avant coureurs de la belle saison, par tous les temps des bourgeois en survêtement ont allongé leurs foulées dans les rues. Quelle dépense d’énergie !... des quadragénaires quasi groggy sous l’effort… jusqu’à un vieux naturiste torse nu dans les bourrasques du plateau Saint-Gilles.
N’y aurait-il pas une façon plus intelligente de se dépenser ? En un mot : se fatiguer utile ?
C’est une opinion : le sport est aussi bête qu’une table de multiplication, mais en moins nécessaire.
La « compette » remonte au guerrier préhistorique, gros muscles et petit cerveau. Toute tactique raisonnée, sans suite musculaire adaptée, ne sert à rien.
« Dépasser sa souffrance » pour être le meilleur est un affront à l’esprit.
C’est le moyen de conduire à l’épuisement et à l’imbécillité.
« Le challenge » transposé au boulot quotidien, c’est juste ce qu’il faut de prétexte aux employeurs pour exploiter gratis la connerie humaine. Stakhanov est un sot qui croit aux balivernes. Arriver le premier est en réalité se désigner comme un parfait crétin.
Le sportif de haut niveau s’astreint à un travail de forçat. A moins d’en tirer de quoi gagner sa vie, plier son corps à une discipline de fer pour battre les autres, m’a toujours paru d’une grande présomption.
Quand un exploit rapporte gros, il se trouvera toujours un petit malin qui prendra des substances afin de supplanter « l’honnête » sportif. Dans certains sports, presque tous les pratiquants se droguent ! Quoique puissent raconter les managers et les personnels d’encadrement, soigneurs et médecins, c’est une obligation pour ne pas finir à chaque étape bon dernier et se faire virer par le patron de l’équipe à la fin de la saison.
Les contrôles deviennent-ils plus sévères ? Des docteurs Mabuse inédits surgissent des stands et des paddocks pour proposer aux amateurs des recettes indécelables.
Quel est l’enfoiré qui prétend que le sport est une formidable école de vie ? Sur un terrain de foot, le rentre dedans élimine le talent.

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Quand il y a des fortunes au bout d’un match, la tromperie et la dissimulation font souvent la différence.
Les supporters se disent sportifs à leur tour. Si leurs exploits sont moins éprouvants pour les muscles, ils se projettent nerveusement en imitant leurs idoles et en buvant des bières. Ils endossent la même tenue et finissent par leur ressembler. Combien de sosies de Zidane et de Schumacher ? Beaucoup plus que de Claude François.
Rien n’est plus éponyme qu’un match par rapport à un autre. Les règles étant immuables, les parties finissent par se ressembler. Les joueurs se fondent dans le même moule.
Monter le record d’un cran, reculer les limites de l’exploit en disent long sur l’élasticité des règles et la capacité humaine. Le super-léger en métaux rares et composites met la moindre perche hors de prix et le vélo inaccessible au commun des cyclistes.
Cependant, tous les gouvernements favorisent le sport.
Il est partout conseillé.
A l’école, des pans entiers de l’éducation s’effacent devant lui. A des jeunes gens qui savent à peine lire et écrire tant on trouve cela accessoire de nos jours, on fait croire que jouer au foot, ou courir le cent mètres peut valoir des consécrations financières et surpasser un diplôme.
Le pouvoir tient les banlieues en laisse grâce à ce mirage.
Cela arrange bien du monde.
Même la baston à la sortie d’un match est préférable à une grève ou un vote sanction.
C’est comme ça.
Le monde ne changera pas.
Comme dit notre grand sportif national Jean-Claude Van Damme : « Tu regardes à l’intérieur de toi… et tu deviens aware of your own body ! ».
Le sportif a toujours été quelqu’un de l’intérieur, certains diront d’ailleurs.
Le braillard sportif, de service au micro, appelle « extra terrestres » une kyrielle de gens ordinaires qui ont le seul mérite d’un saut en hauteur, d’un but au bon moment, d’une descente en slalom ou d’un coup de poing dans la gueule de l’autre.
C’est tout à fait lamentable.

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