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Ontologie

S’il y a une chose répandue dans la chrétienté et toujours d’actualité même chez les agnostiques, c’est ce constat ontologique d’Aristote : « Charité bien ordonnée commence par soi-même. »
A cette aune-là, tous les Belges sont charitables.
Tout est question de distance. Y a-t-il plus proche charité que celle qui commence par soi-même ? Plus on a de soin à se rendre plus on s’apprécie.
Prenez l’exemple de Marc Dutroux, il est le seul à trouver sa conduite intègre et parfaite. Qui d’autre que lui l’estimerait à la valeur où il se situe ?
Comme la plupart des gens, il se dit incompris. Les cris de fureur des autres, il les recouvre des éloges qu’il se donne.
Le plaisir de n’avoir rien à justifier, puisqu’il est sans conscience, n’est-il pas, ce que nous ressentons tous pour de moindres méfaits ? Sinon, l’épreuve du miroir est impossible. Nous nous flattons comme Dorian Grey de projeter une image morale immuable.
Il faut donc que nous nous acceptions d’évidence plus beaux et plus intelligents que quiconque – en un mot meilleurs dans tous les sens du terme - ; que nous arrivions, en quelque sorte, à oublier que nous avons une conscience. Ce que fait excellemment un tas de gens aujourd’hui.
Quand on songe au temps que l’on perd à nouer des liens, à rechercher l’estime des autres, la charité qui commence par soi-même nous en dispense, puisque si les autres nous estimaient autant que nous nous estimons, tout effort de séduction serait inutile.
A l’air réjoui de nos compatriotes, je crois qu’ils n’y ont pas trop mal réussi.
Tous les défauts, les vices, les égoïsmes ne sont-ils pas devenus des qualités dans une société qui accélère l’enrichissement des uns au détriment des autres ?
Un exemple célèbre de charité commençant par soi-même, n’est-ce pas le héraut du libéralisme, Tocqueville lui-même ?

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S’il y a bien quelqu’un qui s’est replié sur lui-même après les effusions de sang de 1848, c’est lui ! Les idées qu’il a développées n’ont-elles pas leur origine dans la vengeance d’un aristocrate mortifié par des inférieurs ? Et cette punition du genre humain sous couvert d’une liberté élitiste n’est-elle pas le réflexe parfait de l’égoïste à talons rouges qui correspond à l’égoïsme du MR d’aujourd’hui ?
Les choses seraient autres si l’ego reprenait des dimensions plus modestes, nous replaçant ainsi à l’infime place que nous occupons dans l’univers.
Hélas ! sous prétexte que l’univers n’est peuplé que de nous et qu’à notre fin, il n’y a rien, notre charité commençant par nous-mêmes se surdimensionne. Nous sommes l’unique choix possible. Nous ne procédons pas de l’univers, c’est lui qui procède de nous. Il existe parce que nous existons. On dirait bien que notre immodestie nous a joué un sale tour, si on en juge aux dérives de la société. Nous sommes arrivés à la conclusion que nous existons parce que nous sommes immodestes !
Notre challenge tient en un mot : conquiers !
Reste le paradoxe de la religion, un de plus !... Si la charité commence par soi-même, comment expliquer qu’il faut tendre la joue gauche après que la droite ait été souillée d’un crachat ?
On voit bien que la foi redoute le raisonnement et que la religion accueille toujours très bien ceux qui en manquent.
Il est possible aussi d’y voir une facétie de Dieu s’ingéniant à nous prouver qu’il n’existe pas.

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