Pascal Lamy, utopiste de lannée.
Ce nest pas moi qui le dis, mais pascal Lamy, Commissaire européen. Je cite : « Le système actuel des relations internationales permet-il de maîtriser la mondialisation ? Clairement non. » Sensuit évidemment un bémol à cet excès de franchise : « Peut-on envisager dy changer quelque chose ? heureusement, oui. »
Cest sur ce discours là que depuis pas mal de temps le personnel politique nous promène.
La mondialisation est non seulement immaîtrisable, mais elle ira jusquau bout de sa logique. Et ce sera sa perte !
Pourquoi ?
Parce quon na jamais vu dans le monde une situation produite par les égoïsmes et les différents pouvoirs de largent sinfléchir à plus de morale et déquité.
Il ny a pas dexemple dans aucune société quun pouvoir se soit effacé de lui-même, par civisme et raisonnement. Or ici, il sagit du plus influent de tous : le pouvoir de largent !
Cest clair, non ?
Cela signifie en gros que ni la démocratie, ni les dictatures daucune sorte, ni même laction dun despote éclairé ne changeront rien au lent cheminement dun long processus qui ne se conclura que sur le mot FIN du système capitaliste. Quand il ny aura plus quun maître de tous les moyens de production par continent, ils se disputeront la présidence mondiale dans le dernier Conseil dAdministration de la planète.
Et tandis quils clôtureront la séance, la porte dentrée de ce Conseil volera en éclat sous la pression de tous les crève-la-faim !
Pour infléchir le système, il faudrait pouvoir travailler en dehors de lui. On ne peut pas à la fois se servir des structures et les dénoncer.
Sil navait pas été si irrémédiablement incurable, le communisme aurait pu jouer ce rôle.
Sinon, vous entrez dans le virtuel. Un monde qui nexiste pas et qui dans son immatérialité ne peut dégager un consensus quà des types dans mon genre. Cest-à-dire à une infime minorité ne disposant daucun pouvoir, ni moyen de pression. Pour parler un autre langage, cette engeance comique que la démocratie tolère, mais quelle tolèrera de moins en moins, quand elle sera de plus en plus sous lemprise du seul moteur résistant à tout : le profit, sera vers la fin assimilée au terrorisme et exterminée.
Lacceptation passive du monde comme il va est le lot du plus grand nombre. Non pas que les gens soient convaincus que le marché est sacré et que là est leur salut. Mais, ils ne croient plus au poids de leur opinion et à la démocratie.
En réalité, les bénéficiaires des profits engendrés par la mondialisation et pour qui tout projet alternatif est une contrainte, disposent de tout, par persuasion médiatique et par effet dune démoralisation collective à la suite des délocalisations et des diminutions massives des personnels.
La contraction mondiale des frais et dépenses de fonctionnement touche aussi les politiques qui gèrent dorénavant les entreprises publiques comme des sociétés anonymes. Cela a pour conséquence de montrer la vassalité du politique à léconomique.
La contradiction du discours de Lamy tient en quelques mots. Le commissaire européen dénonce dabord les utopies et les comiques dans mon genre. On croirait quil a une alternative dans sa manche à mi-chemin entre mondialisation et altermondialisation.
Pas du tout… sa recette est toujours celle de léconomie de marché, mais dite dune autre manière. Je le cite à nouveau : « …une volonté dagir sur le capitalisme, mais aussi sur les logiques de puissance et de domination à lœuvre dans le monde. Pour que la mondialisation, encadrée, gouvernée et maîtrisée, se fasse au bénéfice de tous. »
On se demande comment dans sa parfaite orthodoxie du capitalisme, cet activiste du grand capital va bien pouvoir agir sur les logiques de puissance et de domination ? On le voit mal persuader ses patrons dagir au bénéfice de tous, quand tous les gens quil sert retirent tout leur pognon de létat de fait actuel !
Ou alors, nous aurions dans ce fonctionnaire délite un Che Guevara qui signore, un comique de mon espèce en quelque sorte…
Si tel avait été le cas, il y a longtemps quil aurait été dégommé des postes quil occupe et sa voix se serait perdue dans la multitude de ceux qui ont appris sur le tas à fermer leur gueule pour bouffer tous les jours.
Ceci est le plus bel exemple de tartuferie qui soit.
Pascal Lamy, utopiste de lannée ?
On se demande !