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Europe et mécanique ondulatoire au PS

Avec une chance sur deux de me tromper, je prends le risque.
Les militants du PS français vont selon toute vraisemblance approuver par leurs votes le projet de la Constitution européenne.
Que l’on soit pour ou contre, c’est en fin de compte la base des socialistes français qui aura le dernier mot et qui départagera Hollande de Fabius.
C’est tout le contraire en Belgique. Les plus chauds partisans de laisser le populo à l’écart du pouvoir de décision se recrutent parmi les dirigeants bobos du PS.
C’est même une de leurs contradictions à ces ambitieux de la démocratie parlementaire. Ils veulent bien que nous les élisions sur des projets de politique générale, parce qu’ils savent bien qu’ils ne tiendront pas compte de notre avis.
C’est ce qu’ils appellent la démocratie par délégation du pouvoir à une représentation élue au suffrage universel tous les quatre ans.
En traînant les pieds, le PS n’a pas empêché les autres partis de réfléchir à la question d’un référendum. Cela devient gênant que jamais on n’ait consulté les gens sur les Traités européens, du premier qui fonda l’Europe, au dernier, le Traité de Nice..
La consultation en 2005 serait cependant symbolique, annonce Le Soir dans son édition de mardi. Lundi soir en Commission de la révision de la Constitution de la Chambre, une majorité semblait se dégager en ce sens. L’idée d’une consultation symbolique avait été lancée à plusieurs reprises par le Premier Ministre Guy Verhofstadt.
Symbolique signifie que quelque soit le résultat, ils approuveront la Constitution Giscard.
Il paraît que le référendum n’est pas inscrit dans la Loi. Pour organiser une consultation populaire, il faut préalablement revoir la Constitution. Ils craignent cela comme la peste. La raison secrète est que si une nouvelle Loi instaurait le principe du référendum, ils trembleraient de tous leurs membres que la Flandre ne se sépare du reste du pays par voie référendaire et donc légale.
La question posée lors de cette consultation pour rire, dont la date reste à préciser, sera : "Le Royaume de Belgique peut-il adhérer au Traité établissant une Constitution pour l’Europe ?" (oui / non).

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On le voit, pour se prononcer en connaissance de cause, on demande aux Belges une double connaissance : celle du projet Giscard et celle de la Constitution de l’Etat belge.
C’est dire comme on va battre le beurre.
C’est là-dessus que compte les socialistes pour argumenter leur volonté d’écarter les électeurs des pouvoirs de décision. Pour le PS, l’électeur est à la fois souverain et con.
Merci, on a compris depuis longtemps.
De la part d’un parti qui a pour vocation de défendre le « peuple », c’est un paradoxe supplémentaire.
A l’Europe, on a l’habitude aussi de se passer de l’avis des Européens. La Commission européenne n’est hélas pas élue par la population. Elle entérine une vision libérale de l’économie. Ce n’est pas un hasard si elle est de sensibilité néo-libérale... Si l’on avait procédé à un vote pour élire la Commission, la droite déchirée par son opposition interne dite « extrême » nationaliste et antieuropéenne, aurait normalement cédé la place à une Commission socialo-écologiste.
Une Constitution européenne devrait au minimum faire l’objet d’un débat démocratique entre les citoyens. Mais bon, la mystification, débutant sous Paul-Henri Spaak, un des pères fondateurs, s’est perpétuée jusqu’à nos jours.
Le public en a conscience. L’inutilité dans laquelle nous confine les décisions prises ailleurs, fait que nous nous sommes peu à peu désintéressés du processus d’élaboration ; et, ce sont ceux qui nous en ont dégoûté, qui s’en inquiètent !
Leur maladresse, en partie volontaire par amour du pouvoir, avec la volonté de ne pas le partager, surtout avec nous, est profondément regrettable, car l’Europe n’est pas une mauvaise chose en soi. La paix y règne depuis cinquante ans.
S’il est si difficile que cela de l’expliquer, c’est parce qu’elle a toujours eu un déficit démocratique qui profite à la théorie du libéralisme absolu.
Ils n’ont pas su nous la faire aimer, malgré leur propagande dès la maternelle, tant pis.
L’abstention record aux élections du 13 juin en France et ailleurs est un signe qui ne trompe pas.
Le débat sur la Constitution n’est pas clos, qu’ils se lancent, sans notre avis, sur des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Europe ! Autant la vocation européenne des pays de l’Est de l’Europe va de soi, autant inscrire dans des négociations un pays d’Asie Mineure sans que tous les pays d’Europe aient été intégrés est une monstruosité de plus. La Turquie admise, même dans dix ans, qui empêcherait Israël qui compte dans sa population trois quarts d’anciens européens, d’en faire autant ?
Nous reprendrions alors une bonne part du fardeau des USA qui tient ce pays dans un état de force incompatible avec son économie.
La boucle serait bouclée.
L’idée européenne aurait vécu.

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