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Mariah si tu me lis…

Guère de chance de te rencontrer, cependant.
L’éloignement des cultures, des pays, des mœurs, la différence d’âge… rendent la chose d’une grande improbabilité.
Quoique cela n’ait pas d’importance, juste une petite frustration.
Pourquoi Mariah avec un « h » ? Consonance étrangère ou étrangeté volontaire ?
Ton vedettariat d’un genre particulier t’interdit-il de décliner ton vrai prénom ?
Pudeur ? Cela m’étonnerait. N’importe quel salopard peut détailler tes parties intimes et apprécier tes gestes les plus suggestifs, sans que tu puisses t’en défendre. Au contraire, le nombre de visites accroît ton bonheur.
Tu mets en scène tes instants d’émotion... un art consommé qui t’est venu d’une expérience inégalée à remettre cent fois sur le métier ce que la nature t’a donné à profusion.
Toutefois, il reste un point obscur à percer, pour tout autant que l’on puisse encore te percer quelque chose.
As-tu une nature tellement généreuse, au point que ton travail te procure autant de plaisir ou bien n’est-ce qu’un effet de ton art à jouer la comédie ?
Note que, nature généreuse ou talent, ces deux hypothèses prises séparément ou simultanément n’enlèvent rien à tes mérites.
Ta vitalité est étonnante. Un malotru, espèce fort répandue dans des métiers annexes de ton industrie, te donne 67 ans ! A cet âge, tu possèdes encore une belle capacité de plaisir que bien des femmes « honnêtes » envieraient. Une générosité naturelle, qui s’étend à tous tes partenaires : le caméraman, le portier de l’hôtel, les voisins de palier et la multitude des mateurs du NET, n’est pas ton moindre mérite, quand on songe aux efforts physiques que la Production exige de toi.

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J’en connais à ton spectacle qui vérifient illico sur leur personne ce que J.-S. Bach dans un élan mystique attribuait à la passion du Christ pour « que sa joie demeure ». Ce qui à notre époque vulgaire et irrespectueuse s’appelle une branlette.
Uniquement comédienne, ton mérite ne serait pas moindre sur un autre registre, celui plus complexe de l’art. Ce serait faire honneur à la corporation que des Deneuve, des Adjani et des Huppert t’adjoignent à elles lors des festivals de Cannes ! Dans la salle, plus d’un coquin auraient à ton égard des signes de connivences. En vérité, tu surpasserais tes rivales pour le prix d’interprétation par l’extrême sincérité de tes roucoulements suprêmes.
Tu t’adaptes à n’importe quel décor pourvu qu’un lit soit en plan large. Aucun autre accessoire n’est utile, sinon une étrange machine dans une caisse et qui ne sert qu’aux one woman show.
Tu nous offres à la fois l’art et la femme sans que l’un fasse fi de l’autre. Car, pourquoi t’avoir doté d’une mâchoire en or massif sinon pour nous donner l’occasion de te voir sans artifice, brut de décoffrage, a contrario de l’image de ces comédiennes toutes en implants mammaires et bridges dont la moindre faïence coûte le mois de salaire du premier accessoiriste et qui pour réussir une scène de sexe cherchent l’inspiration à Lourdes !

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Ainsi, dans la nudité de ton jeu, tu n’as besoin ni de guêpière, ni de prothèse, ni même de robe de chez Karl Lagerfeld pour étaler ton incomparable savoir faire, juste des bas noirs attachés à un porte-jarretelles des plus classiques.
Comme toutes les grandes, l’âge n’a pas entamé ton potentiel, on dirait même que la ménopause loin d’avoir stoppé ta carrière l’a au contraire projetée au plus haut à l’égal de Jeanne Moreau et de Line Renaud, tes homologues en longévité et talent. Ce qui, pour les autres femmes de cet âge qui peuplent le cinéma français, ouvre de vastes perspectives.
Chère Mariah, si tu me lis, sache que je suis parmi tes plus fervents admirateurs.
Tu devines que la chose au monde qui me tiendrait le plus à cœur serait que tu me consacres quelques instants d’intimité.
Tu me dédicacerais sans doute le préservatif.
Je n’ambitionne rien tant que de devenir un jour ton plus fidèle et respectueux serviteur.
Une reine servie par Richard III, quoi de plus naturel ?

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