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Un lynchage médiatique

Il n’a guère fallu de temps dans la jeune carrière de Marie Arena pour qu’elle tombe dans le travers des vieux briscards de la politique : népotisme, dépenses somptuaires, justifications dilatoires. Pour atteindre à la perfection, il ne lui reste qu’à imiter Philippe Moureaux dans l’art d’interrompre les autres et de les accuser de poujadisme.
Si la ministre-présidente passe le cap et qu’elle réussit à transformer les casseroles qu’elle traîne en modestes pintes en fer blanc, on peut lui prédire une brillante réussite.
Ce n’est pas dans la poche.
Les gens sont bizarres, influencés par la dernière Heure, les voilà remontés contre la ministre pour des choses qui se passent partout et dans tous les ministères, sans qu’apparemment personne ne s’en émeuve.
Qu’on dénonce au cabinet de la ministre sa gestion de la rénovation du bâtiment de la Communauté, place Surlet de Chockier, à Bruxelles, cela part d’une bonne défense de la démocratie, mais oublier que de pareilles « erreurs » se font ailleurs et presque chez tous nos ministres, cela prend la forme d’une chasse au sorcière.
Et là, je ne suis pas d’accord.

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L’histoire de son architecte omniprésent, qui « triomphe » magistralement de ses concurrents, enlève des commandes non seulement à la Communauté, mais aussi dans les demeures particulières de la ministre, de Forest à Binche, l’engagement du fils du dit, hyper compétent- évidemment - fait penser à cette affaire d’Edith Cresson, commissaire européenne, qui contribua à la démission de Jacques Santer.
La relecture de l’affaire Cresson vaut la peine. La voici en quelques mots :
« Quand Madame Cresson arrive officiellement à Bruxelles en janvier 1995 pour prendre ses fonctions de commissaire, elle emmène avec elle son "ami de trente ans", René Berthelot, ancien dentiste de la bonne ville de Châtellerault, le fief de la brave Edith, dont elle était maire jusqu’en 1997. Berthelot, peu aimé par le reste de l’entourage pour le rôle qu’il joue dans la mouvance Cresson, a besoin de "gagner" sa vie à Bruxelles. Car Cresson ne veut à aucun prix se priver de sa compagnie. Berthelot est défini par des proches de la commissaire comme son "gourou". Il lui prédit l’avenir, la voyait déjà dans le temps accéder aux fonctions de président de la République, bref, il la conseille dans un domaine beaucoup moins scientifique que le secteur de la recherche que le commissaire français est appelé à diriger et au sein duquel Berthelot sera censé travailler plus tard. Cresson se procure un appartement à Bruxelles et y loge également Berthelot. C’est du provisoire, mais au début, on s’organise comme on peut. »
Que Madame Arena ne s’effraie pas. Madame Cresson a été relaxée des poursuites intentées contre elle. Parce que le pouvoir discrétionnaire laissé aux puissants de ce monde n’est pas réglementé et dès lors, ne constitue pas un délit. Les mœurs de nos élites n’ont guère évolué depuis l’Ancien Régime, comme on peut voir.
N’est-ce pas notre faute aussi de n’avoir jamais rien voulu savoir de la popotte de nos phénix ? C’est plus commode de faire confiance sans rien vérifier, n’est-ce pas.
Mais cette manie qu’ont les puissants de traîner derrière eux leurs « Ménines » est fort répandue et n’est condamnable que sous le seul aspect éthique.
Evidemment se fendre d’un discours sur l’austérité nécessaire du chômeur, après ce que l’on sait, deviendra pour « La Mostra » un exercice difficile.
La lamentable prestation d’un Di Rupo, moins fringant que d’habitude à l’émission Mise au point de ce dimanche 19 décembre, montre à suffisance comme il est dur de ramer pour les autres quand la malchance l’embarque dans une galère à laquelle il ne s’attendait pas.
Les libéraux rêvaient que les socialistes aient leur Ducarme. C’est fait !
A la maladresse de la dame aux yeux de braise, se joint la maladresse de son président de parti ; car enfin, les fils de… sont très répandus en politique, sont-ils aux postes qu’ils occupent par la seule vertu de leur mérite ? Certes, non. Cela est bien connu. Que les lignées soient ou non directes, les cousinages, les amants de sous le boisseau, les oncles par alliance ou même, comme l’a fait astucieusement remarquer Elio Di Rupo, les prétendues belles-sœurs, n’avaient jamais jusque là dérangé le tiers payant.
Pour le coup, il n’a pas tort, le successeur de Vandervelde et de Destrée.
Et les cabinets politisés ? Mais, c’est vieux comme la IIIme Internationale !
Nos ministères sont truffés d’espions au service des partis traditionnels. En principe, ils sont là pour faire avancer le schmilblick, en réalité pour tenir le ministre à l’œil, tous hauts fonctionnaires, nourris dans le sérail, beaux diplômes, grosses galettes et grandes fringales de mordre dans les budgets. Alors pourquoi pas un fils d’architecte favori chargé d’établir la liaison avec l’archiscénographe qui – de façon fortuite – se trouve être également le père du prodige, afin de renseigner celui-là des différentes fissures ou anomalies rencontrées dans le merveilleux édifices de la Communauté ! Parler en plus trois ou quatre langues n’est pas incompatible !
Bref, mercredi prochain, quand la sémillante ministre reviendra plancher à nouveau au Parlement wallon, que les députés décident que les 10 % rognés aux fastes et aux frasques gouvernementales aillent directement grossir les indemnités et les pensions des plus démunis, personne, pour une fois, n’y trouvera à redire et la messe sera dite.

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