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Dithyrambe

Qu’est-ce qu’on a entendu comme louanges de l’Haut lieu l’année dernière, à propos du tour de France !
Le bonus pour Liège… l’extraordinaire exploit sportif… l’entregent du gouverneur Boland… son amour de la bicyclette… On en a fait des rayons.
Concrètement pour le citoyen, ça nous a valu la réfection rapide du boulevard d’Avroy. Pour le reste, une certaine retombée pour les marchands de gaufres à la sauvette.
A Liège, on raisonne en boutiquier. La boutique fait des bénéfices, donc les Liégeois apprécient. Dire que le petit commerce, c’est toute la raison d’être de Liège, c’est enrouler un peu vite le pédalier.
Mais ce Tour, pas comme les autres, nous a permis d’avoir en premier podium les Castor et Pollux de l’amitié indéfectible : Jean-Marie Leblanc et Paul Bolland, le régional de l’étape !
On n’aura jamais vu autant de dithyrambes, à croire que la ville entière n’avait pas assez de voix pour entonner l’hymne à la reconnaissance éternelle. On en avait le pignon fixe brisé menu !
Le vélo étant annexé par l’Haut lieu, il n’est plus possible d’y côtoyer des docteurs Mabuse. Les EPO et autres drogues antisportives, Liège en a trouvé le vaccin : la tolérance zéro ! Le Tour, enfin, est pasteurisé, propre et digne d’admiration. Enfin, c’était ce que l’on a cru comprendre des déclarations de nos Castor et Pollux. Les antidotes au poison de l’exploit plus médical que sportif, c’est sur le terrain même qu’ils ont été administrés sous forme de discours et de résolutions. Plus jamais ça !.
Il faut dire que pour les loustics de l’écriture, c’était surtout Popaul et Jean-Marie qui intéressaient, par une sorte de réflexe clientéliste, une manière d’être trop ancienne pour qu’elle pût changer. Des inconditionnels établirent en ce mois de juillet 2004 une sorte de nouveau record du monde, c’était à celui qui astiquerait le mieux les pompes de l’Haut lieu.
Pour anesthésier tout à fait le public, il fallait bien quelque sportif exemplaire à mettre en évidence. Qui plus digne que Lance Armstrong, pour ce rôle ?
Ce n’est tout de même pas Popaul et Jean-Marie qui grimperaient l’Alpe d’Huez ! Il fallait un héros moderne. On choisit Lance, dont on se doutait bien qu’il allait arriver à Paris dans un fauteuil.
On jura sur la bible du Tour de France que s’il y avait bien un athlète « clean » c’était bien lui.
Quelques mois plus tard, stupeur et damnation, aurait-on tout faux ?
Qu’est-ce qu’on lit dans la presse de Dallas à Austin ?
« Suspecté de dopage, Lance Armstrong est privé d’une prime de 5 millions de dollars « !
Depuis le triomphe aux Champs Elysées de la vedette texane, il s’en est passé des choses du côté de « l’univers impitoyable ». Il y a d’abord eu le livre des journalistes David Walsh et Pierre Ballester qui avec les témoignages qu’ils ont recueillis mettent en cause l’intégrité des performances sportives du coureur. Son ancien coéquipier Stephen Swart laisse entendre que Lance avait recours à l’érythropoïétine (EPO) au milieu des années 90. Une ancienne soigneuse du prodige parlerait de seringues, bref, il se déverse un chapelet d’horreurs qu’à côté Richard Virenque n’aurait été dopé qu’à la camomille !.

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Mais le comble, c’est que Vance tient à sa prime de 5 millions de dollars et que le procès que la Compagnie d’Assurance entend bien gagner va avoir lieu en plein Tour de France.
Popaul n’est plus concerné. C’est Jean-Marie qui va monter seul aux créneaux.
C’est dommage, en duo, ils auraient sans doute eu leur saoul d’articles élogieux de la presse sportive, sans compter l’occasionnelle… A moins que Monsieur Bolland n’étant plus en exercice, les empressés de l’année dernière ne se jettent aux pieds du nouveau gouverneur, Michel Foret, qui, on le sait, n’est pas un adepte farouche de la petite reine.
Que va-t-il se passer si en juillet Lance Armstrong est convaincu de dopage à son procès ? Pendant les périodes où il a gagné le Tour dans les cols, les mains au-dessus du guidon, alors que les autres avaient la langue qui se prenait dans le dérailleur, aurait-il été chargé comme une canonnière ? Jean-Marie sans Popaul va-t-il rétrospectivement refaire les palmarès douteux ? Est-ce qu’on va homologuer les six tours de l’hyper champion ?
Il est heureux que Popaul ait pris sa retraite fin de l’année dernière ; car, si cela avait été cette année, Liège en aurait vu de belles au départ des coureurs. Et peut-être bien que les discours triomphants eussent été plus modestes et les larmes d’admiration du parterre moins visibles.
Encore que, l’Haut lieu ne refait pas facilement machine arrière.
La politique, c’est comme dans le sport, plus on a tort, plus il faut persister à faire semblant d’avoir raison.

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