« Robert compte pour du beurre. | Accueil | Une bouche de la vérité bien nourrie »

La cata… la cata… la cata…

Les Twin towers et le drame du 11 septembre ne se sont pas éloignés de nos esprits. Les répliques des USA sont toujours en cours. Par contre, nous n’avons intégré cet événement d’histoire que comme un avatar de la folie meurtrière de quelques fanatiques, alors que sa répétition à Madrid et surtout en Irak devrait nous faire sentir qu’il y a sous ces attentats une dimension qui nous échappe. Celle d’une guerre possible opposant des puissances formidablement armées contre des factions brandissant des tournevis et des cutters.
Bien entendu, nous sommes dans le camp de la guerre fraîche et joyeuse et, par conséquent, nous sommes remplis d’horreur à l’encontre des criminels qui s’en prennent à des civils.
Le plus révoltant des attentats a été celui revendiqué par Shamil Basayev, d’un commando tchétchène prenant près de 1.200 personnes en otages - dont la moitié d’enfants - dans une école d’Ossétie du Nord, le jour de la rentrée des classes.
J’avoue avoir versé des larmes de dégoût en regardant les scènes épouvantables de cette barbarie à la télévision.
Chose curieuse, j’ai, par contre, ressenti un sentiment de vengeance justifiée lorsque tout dernièrement j’ai revu des reportages sur le bombardement de Dresde en 1945, quelques mois avant la fin de l’Allemagne nazie, dans lequel périrent des dizaines de milliers de femmes et d’enfants, tout aussi innocents que les otages d’Ossétie sous les bombes américaines et anglaises.
L’homme est une bête curieuse. Ce qu’il condamne d’un côté, il l’accepte de l’autre. Alors que toutes les guerres sont des saloperies sans nom. Dans le cas des attentats, on nous a fait remarquer que ce n’était pas « faire la guerre », qu’il ne s’agissait rien d’autre que d’une maffia criminelle. D’accord. Mais alors, qu’on me dise ce qu’est une maffia criminelle, où commence-t-elle et où devient-elle une « juste cause » démocratique ?


On dit que le troisième millénaire a commencé le 11 septembre 2001, que c’est une véritable coupure historique. L’événement de ce jour-là est sorti du virtuel pour entrer dans le réel.
A revoir les films amateurs qui ont été tournés au moment des faits, on est frappé de l’incrédulité qui se lit sur les visages. Les gens ont du mal à croire ce qui leur apparaît comme insensé et impossible, à peu près de la même manière que s’ils contemplaient un phénomène inexplicable et qui pourtant a lieu, comme a pu être le tsunami ressenti comme une vengeance des dieux par les populations insulaires !
Mais alors, la pire des monstruosités, du fait de la nature ou de celui des hommes, devient possible ! En principe, ce qui devient possible, ne l’était pas auparavant ! La logique voudrait, que si cela s’est produit, ce soit au contraire, qu’elle était possible ! Donc, tout peut arriver.
Ainsi, une fois de plus, nous aurons passé de l’abstrait au concret, sans bien comprendre...
Proust dans « Albertine disparue » décrit le désarroi et l’incrédulité qui saisissent les gens devant l’imprévisible. « Pour se représenter une situation inconnue l’imagination emprunte des éléments connus et à cause de cela ne se la représente pas ».
C’est bien le drame des démocraties dont les dirigeants ne gèrent que l’immédiat et surtout ne préparent pas les lendemains possibles, a fortiori s’ils les pressentent catastrophiques.
Nous payons chèrement le slogan électoral : « Votez pour moi et cela ira mieux ! ».
C’est le problème de Bush qui ne signe pas les accords de Kyoto et qui pousse l’Amérique à vivre dans des conditions telles que cela s’avérera une lourde faute aux générations américaines futures. Il ne le peut pas, comme ne le peuvent pas tous les dirigeants occidentaux pour la bonne raison qu’ils sont élus pour des « challenges » euphoriques et prospères, et non pour des prévisions aléatoires.
Un homme politique est élu pour gaspiller, non pour prévoir les difficultés générées par son gaspillage. « Après nous le déluge » est la clé du code. Résultat, tôt ou tard, c’est le déluge. Eh bien ! nous y sommes…
Si les actes barbares du type « 11 septembre » sont inscrits dans la mémoire collective et donc possibles, il en est des crises de civilisation tout aussi redoutables, mais qui restent dans les esprits comme « impossibles ». Les gens pensaient exactement la même chose cinq minutes avant l’attentat contre les Twin towers.
Une crise de civilisation réputée « impossible » est, cependant, « certaine ».
Le tout est de savoir quand elle aura lieu ?

cata1.JPG

Il y a d’abord l’enseignement de l’Histoire.
Rien ne dure. Rien n’est infini. Tout évolue jusqu’à un point de rupture d’une civilisation qui dès lors, devient « ancienne ».
Qui ne voit comme l’économie productiviste pousse l’homme vers des impasses et comme les signes avant-coureurs sont nombreux qu’une telle chose nous pende sous le nez !
Cette civilisation qui allait soi-disant faire entrer l’homme dans une ère de prospérité sans égale s’achève sur des décombres et en ayant déçu tout le monde. Le premier des signes d’une crise majeure est dans l’absolue foi de façade de nos contemporains dans l’avenir. Un peu à la manière de Clint Easwood en manager de boxe dans son dernier film. Derrière la façade, la peur du lendemain partagée par tous.
Le deuxième signe se vit sur le terrain où se constate l’énorme différence entre ce qui se dit dans les sphères du pouvoir et la réalité de la rue.
Et enfin, comme la romaine et la grecque qui périrent de leur incapacité à intégrer leurs esclaves, notre civilisation se perd dans la même incapacité, avec ses centaines de millions de travailleurs-esclaves et de chômeurs misérables.
Les éléments naturels malmenés, les huiles fossiles épuisées, à eux seuls seraient suffisants pour précipiter une fin de civilisation par un effet « mécanique », pareil à la catastrophe qui mit fin aux dinosaures.
Il y a un argument imparable qui rend crédible la vraisemblance du scénario. C’est le même qui a fait croire impossible l’effondrement des Twin towers : c’est la certitude obsédante et imbécile que la démocratie libérale est la seule voie possible, ce qui a pour conséquence une absence cruelle de projet ou plan de remplacement sur d’autres critères comme l’écologie et la fin du productivisme.
C’est justement, parce qu’on la croit debout pour mille ans, comme croyait Adolphe son IIIme Reich, que la démocratie approximative qui saupoudre ses « valeurs » soporifiques, pourrait s’effondrer dans les mêmes cris d’incompréhension des spectateurs des Twin Towers..

Poster un commentaire