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C’est arrivé le 8 mai

8 mai 45 !... cela fait déjà un bail que la Wermacht a déserté les bords de Meuse. On en est à l’heure des comptes. Les Conseil de guerre déroulent leur papier cul d’infamie, tandis que le fou se fait brûler à deux pas de son bunker avec le dernier bidon d’essence des SS.
Ça sent encore le roussi quand les premiers Popov entrent dans la Chancellerie.
Les Gardes wallonnes reviennent de Tcherkassy. Le beau Léon ronronne déjà sur les genoux de Franco.
Les « manteaux-zig-zig » des prostipatriotes s’accrochent dans les armoires à naphtaline pour les trottoirs du prochain hiver.
Des grand’mères à la remonte se tapent des files de G.I. Black, comme au bon vieux temps des Floches quand les Julot se faisaient des couilles en or avec le feldwebel.
Travaillé au corps par les exploits de l’Armée Rouge, le petit peuple songe sérieusement à changer le Régime. Le capitalisme occidental n’en mène pas large. Ce n’est pas le moment mais cela va le devenir de vanter les qualités du chewing-gum et du bacon amerloques. Les libéraux se la jouent discrète. Jusqu’à ce qu’on désarme l’aile dure du maquis, on ne les voit pas traîner dans les rues. Les industriels bleus vert-de-gris, avant de se reconvertir au new deal, procèdent au toilettage de leur comptabilité Todt et brisent les disques de Marika Rökk.
Les cathos pour une Europe chrétienne cachent leur honte d’avoir été sodomisés par Adolphe. Leurs fils revenus « de la croisade », comme le futur Benoît XVI, sont dans une merde noire.
Dans les gazettes, on en entend de belles ! Les dénonciateurs, pris la main dans le sac du facteur qui dessert la Gestapo, se voient pendus. Les Résistants ont tondu fin 44, les têtes de quelques sulfureuses avant leur jugement. Ces coiffeurs pour dame d’un nouveau genre n’ont pas su répondre à l’ignominie par le mépris.
Mado se reconvertit au dollar, après avoir fait des passes en mark. A cinquante piges, elle a la poitrine abondante des femmes qui ont beaucoup donné au sport horizontal et le cul d’un affût de 105. De la cave où à cause des robots, elle a établi ses bureaux, elle remonte dans son deux-pièces encombré de rations « K ». Sous un poster de Mae West, une lampe abat-jour rose éclaire un lit où ronfle un GI pris de boisson. On a oublié de la tondre, quand on a fusillé son proxo qui avait terrorisé le quartier, depuis qu’en 42 il s’était laissé pousser une moustache identique à celle du fou. Au moment d’être pris, ses poches étaient encore pleines de Mauser.
Les négociants en café et cigarettes du marché noir négocient leurs bénéfices papiers contre de l’or massif.
Ducon court s’inscrire à la bataille du « çarbon » du Flamand Van Acker. Léopold III hésite à nous revenir du camp de concentration-gentilhommière de Prégny en Suisse.
On relève dans les mines les prisonniers russes par les prisonniers allemands. Les patrons retrouvent l’âge d’or de l’esclavage. Certains ne s’en remettront pas !...
Liège sur carte postale du temps a, certes, des chicots noirâtres par-ci, par-là, rapport aux V1 et aux V2, mais l’unité de ses façades, de ses boulevards et de son centre ne donne pas à penser que trente années vont suffire pour en démolir les trois-quarts. Destenay va bientôt retrousser ses manches et s’attaquer au Centre, plus sûrement que les Forteresses le pont du Val-Benoît.
En 45, les Liégeois pansent leurs plaies et rembourrent leurs capitons de comptoir qui avaient fondu.

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L’ouvrier est au centre des convoitises politiques.
Le Parlement renoue avec ses grandes gueules rapatriées de Londres, sorties de la résistance ou planquées en Belgique. La réconciliation au nom du commerce et de l’industrie s’était accomplie les derniers mois entre les patriotes atlantistes et les patriotes du Grand Reich. Tout le monde s’est reconverti à la démocratie libre échangiste On arbore des brassards de FFI et on montre la plus grande sévérité à l’encontre des collaborateurs imbéciles qui n’ont pas eu le temps de jeter leurs Ausweis dans le caniveau.
Plus salées sont les factures des pauvres couillons qui ont cru au mugissant du Reichstadt, en prenant l’uniforme. Après quoi, l’idéaliste à la croix de fer a repassé dans les mêmes cellules que ceux qu’il y enferma..
Les gens renouent avec la liberté, mais pas trop, comme le souhaitent les patrons. On peut à nouveau critiquer les partis, puisqu’on remet en place le système d’avant-guerre et que les premières élections sont encourageantes de conformisme.
L’Haut-lieu a un peu vieilli. Il n’a pas trop souffert du rationnement. Dès 42, il a senti que le petit peintre autrichien ne serait jamais qu’un barbouilleur. Une seule inquiétude : la montée du parti communiste. On n’a pas encore assassiné Julien Lahaut, mais on y pense. Si le capitaliste est un rat pour l’homme, quand sa survie en dépend, il sait lâcher ses sous. Le plan Marshall va heureusement balayer dans ses rognures de chips et ses nouvelles Ford, les soucis du Belge moyen confronté au marxisme montant.
Le reste de l’histoire ? C’est aujourd’hui, avec nos gueules au chômage et les traitements de star des businessmen. L’Haut-lieu pète dans la soie. Ma tante a un fibrome et t’emmerde...
Les grosses donneuses sont mortes depuis vingt ans. Il n’y a plus que l’extrême droite flamande qui couine à l’amnistie pour les salauds qui ont mis des enfants juifs en wagons plombés pour leur dernier voyage. Et j’ai regret à l’écrire, cette racaille collabo était plus nombreuse en Flandre, qu’en Wallonie. Ceci dit sans vouloir mettre de l’huile sur le feu aux pourparlers de B.-H.-V. !
Qu’est-ce que vous voulez, il n’est même pas dit que conseillé par Dieu, l’homo belgicus se serait mieux conduit. C’est sa nature à ce pauvre type de déconner et pas qu’en 45…

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