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Entre bourgeoisisme et révolte.

A trois semaines du référendum français sur le projet de Constitution européen, le non-vote des Belges pour cause d’incompatibilité avec la Constitution de la Belgique me reste toujours au travers de la gorge.
Ainsi, on voit bien en France comme la population se partage entre le oui et le non de manière telle qu’encore aujourd’hui bien malin pourrait dire qui va l’emporter. Ici, du haut de leur pouvoir discrétionnaire ceux qui sont censés nous représenter ne se poseront pas de question, ne se demanderont pas si le peuple est d’accord ou pas, ils accepteront en notre nom le projet de Constitution sans savoir si vraiment cela nous convient.
Ils seront confortés dans leur choix par tous les Européens de leur sorte, cette frange dirigeante et sûre d’elle qui puise ses certitudes ailleurs que dans la dure réalité de la rue et des petites gens.
Quoique nos grands démocrates aient colporté sur tous les toits que le référendum était impossible, il aurait pourtant été facile d’instaurer une Loi d’exception pour ce seul référendum, ainsi le prétexte de la susceptibilité flamande n’aurait pas eu cours et tout ce serait passé légalement.
Cela les arrange bien, dans le fond, cette bizarrerie de notre Constitution qui interdit au peuple dans les grandes occasions à se prononcer. Ainsi, ils ne sentiront pas le vent du boulet de la défaite et resteront parmi les bons élèves de l’Europe.
Ce qui est extraordinaire en France, c’est la coalition des médias et des politiques, à peu près tous unanimes pour vanter le « oui » et pourrir le « non ». Alors qu’on voit très bien une autre opinion se profiler derrière le trompe-l’œil d’un François Hollande qui joue sa tête sur cette question, une opinion pour le « non » qui ne reçoit le concours d’aucune forte pointure, si ce n’est celle de Fabius, d’aucun grand journal et d’aucune personnalité exemplaire.
Ce n’est pas en Belgique qu’une telle alternative échoirait à Di Rupo, après la mascarade du Congrès de Liège qui donnait l’impression d’une unanimité, à part quelques originaux qui faisaient la fine bouche avant d’être d’accord.
La gauche belge ne se prononcera pas sur la question. On ne courra pas le risque de voir se mélanger les éléments d’extrême droite et les nationalistes tendance « Nuremberg » avec les « rouges » encadrés aujourd’hui par les « rosés ». Mais, n’est-ce pas finalement évacuer un problème qui ne saurait l’être et qui au cours des années à venir ne pourra que grossir ?
L’acceptation aveugle de la mondialisation, la libéralisation généralisée du commerce, la libre circulation des travailleurs s’inscrivent dans la Constitution européenne. Si certains choix sont acceptables, beaucoup sont préjudiciables à la population. Ce n’est pas vrai que ce qui est bon pour le commerce est bon pour tout le monde. La Constitution adoptée et emballée par l’Haut-lieu, il restera un fort mécontentement qui ne trouvera pas son exutoire dans les actions de ceux qui nous représentent. Le « Oui » finalement de Di Rupo et consort pourrait être un boomerang ; car comme la Société européenne dérive, il ne se peut pas que l’aventure se termine bien.

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Que dire quand on aura emballé dans la sacristie du rond-point Schuman le nouvel Enfant-Roi et qu’on s’apercevra que le chômage augmente encore, que les salaires baissent et que l’incertitude du lendemain pour un travail digne de nos jeunes s’accentue ? Oui, que vont dire nos Grands Hommes de gauche quand on s’apercevra que loin d’être en progrès social, cette Europe-là n’est que l’avatar d’une Amérique égoïste ?
En définitive, le malaise ne trouvera sa pleine expression que le jour où la gauche de compromission en compromission ne sera plus que le jouet des forces centrifuges qui agitent les banques et les trusts ; mais il sera trop tard pour elle – ne l’est-il pas déjà maintenant ? – quand, se défaisant de ses arrivistes et de ses planqués, elle se défera en même temps de son « bourgeoisisme » qui convient de moins en moins à la multitude.
Que le PS joue sur les mots et soit devenu un grand parti centriste de gouvernement, c’est son affaire. Ne devrait-il pas alors changer de nom et remplacer « socialisme » par une expression plus adéquate ?
Chimère que le socialisme, alors, si la gauche ne peut pas réinventer une vie plus juste dans la Cité ? Comme sont décrétés chimériques les efforts de quelques penseurs et philosophes pour sortir du système d’aujourd’hui.
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