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Liège en délicatesse avec ses architectes.

On ne va pas revenir sur la saga de trente années de galère place Saint-Lambert. La solution actuelle n’est pas mirobolante, mais elle a le mérite de mettre fin au chantier permanent qu’était devenu le cœur de Liège.
Elle n’est pas mirobolante car, comme dans tout ce que l’on entreprend à Liège, il manque toujours des sous pour finir une bonne fois pour toutes ce qu’on a commencé dans le grandiose et le « m’as-tu vu ? ». Il reste deux trous à boucher : gare du Palais et côté Tivoli.
Ainsi du projet de la nouvelle gare des Guillemins.
C’est gigantesque ce qu’on construit. Sera-ce « beau » ? Ce sera en tous cas étonnant. Vit-on jamais pareille élévation de voûte pour faire passer des trains ?
Vu la modestie de ce qu’on est devenu, avait-on besoin d’un pareil édifice ?
Sacrifions donc à la mode des structures aériennes, ajoutons nos poutrelles à la contribution des ensembles à ossature métallique qui depuis Eiffel et Baltard ont singulièrement évolué.
Ce qui est fait, est fait. Ne recommençons pas ailleurs le débat Saint-Lambert.
La gare en voie d‘achèvement, on s’est inquiété de l’environnement immédiat. La placette sous forme de chapeau pointu du premier projet semble caduque. Une fois de plus, on n’a pas réfléchi assez à ce qu’on allait faire devant ce monument aérien. Comme d’habitude, on a multiplié les expropriations par nécessité publique, rue Jonckeu et rue Varin, laissant à une bonne centaine de Liégeois l’alternative d’aller se faire voir ailleurs. Ce qui a pour effet de vider la ville un peu plus de ses habitants.
Du premier coup d’œil, la placette triangulaire sera écrasée par le monstre dressé de la gare. La vue des bâtiments noirs du Ministère des Finances à trois cents mètres de la place est tellement hideuse, qu’il a été nécessaire de la masquer par le subterfuge classique de quelques beaux arbres, qui, on l’espère, croîtront vite.
Une nouvelle proposition exposée dans les gazettes vient de naître. Par rapport au gigantesque de la gare, elle est à sa mesure et clôture le débat. Mais le coût en est croquignolet. Il s’agirait de percer un canal jusqu’à la Meuse et qui se terminerait en bassin devant la gare. Ce projet élargirait la perspective de la gare jusqu’aux berges du fleuve. Ce plan d’eau poursuivrait par sa dimension horizontale, ce que le bâtiment a de hauteur majestueuse.
Comme pour de nombreux autres projets de la place Saint-Lambert, celui-ci ne sera sans doute jamais réalisé, faute de moyens. Et c’est grandement dommage, car il est pour une fois, parfait !
On se bornera au chapeau pointu de la nouvelle place en face de la gare avec des trompe-l’œil pour masquer les bâtiments horribles du Ministère des finances.
Ainsi, une fois de plus on aura primé un projet - celui de la gare – sans se rendre compte qu’une fois réalisé, il susciterait des problèmes de volume à son environnement. On a oublié le paysage urbain ! Déjà que par rapport à la colline de cointe contre laquelle la gare s’adosse, ce n’était pas fameux, voilà que pour en face, on capitule…

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C’est ce qui se passe derrière les nouvelles galeries Saint-lambert, place Saint-Etienne. Que va-t-on plaquer contre le haut mur qui termine cet ensemble ?
C’est bien que l’on ait de l’ambition pour un urbanisme qui entre pour beaucoup dans le plaisir ou le déplaisir qu’ont les Liégeois d’arpenter leur ville. Il ne faudrait pas cependant sombrer dans l’improvisation, quand le travail fait, on s’aperçoit que ce qui reste à faire aux alentours du projet est aussi important ! Ce serait agir comme ces imprévoyants qui repeignent une porte de leur maison et qui finissent par ravaler la façade et tapisser les chambres, sans avoir rien prévu.
De ces observations de bon sens, souvent ceux qui se sont démenés pour penser et prévoir à notre place, n’en ont cure.
C’est ainsi que l’année dernière, alors que la polémique commençait à prendre vie sur l’environnement des Guillemins nouveaux, des responsables s’inquiétaient de ce que la dénomination « Guillemins » pour une gare de « prestige » a de mesquinement locale. Et bien entendu de gamberger sur quelques vocables ronflants, plus en adéquation avec le « grand » rôle de la Ville. Les Liégeois dont la renommée a dépassé la côte Saint-Gilles sont rares. Sébastien Laruelle, ça faisait « casêre », Notger ou Destenay, ridicules. Restait le grand des grands, Charlemagne en personne !
Pendant que les Liégeois se posent des questions sur ce qu’ils vont voir autour des réalisations de prestige, voilà à quoi certains passent le temps !
D’autant que les Liégeois aiment bien appeler le quartier de la gare et la gare elle-même, Guillemins.

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