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Simonet, pourvoyeur d'un Guantanamo local.

Jacques Simonet, le bourgmestre d’Anderlecht, n’y va pas par quatre chemins.
48 sans-papiers qui occupaient l’église Notre-Dame Immaculée de la rue Docteur De Meersman à Anderlecht depuis presque deux mois se sont fait embarqués vite fait, direction Vottem, notre Guantanamo local, sur ordre dudit.
Ah ! un peu qu’il était à l’affût le MR, pour expulser l’engeance !...
Trouble de voisinage, désordre sur la voie publique, bagarre entre occupants de l’église, le virtuose du calme et de la Loi municipale attendait son heure. Cela le travaillait depuis deux mois, vous pensez comme ça chauffait ses neurones !... Le bougre, le jour J, avait mis le réveil sur 6 h 30, pour ne pas éveiller l’attention des Comités de soutien.
Ce fut raté. Le catimini du gros minet n’eut pas le résultat escompté. Mieux, ce fut un désastre médiatique, tant les chaussettes à clous de la Commune et les propos diserts mais embrouillés du premier magistrat ont fait plus de tort à la cause libérale que de bien.
Quant aux riverains, ils ont sauté du lit comme un seul homme aux tintamarres que faisaient les défenseurs de l’ordre, ravis de ne pas perdre la main pour cause de fin de saison footballistique des champions.
Patatras, aussitôt au baroud, les hommes de main du bourgmestre tombent sur les représentants de l’UDEP, l’union de défense des sans-papiers, quelques dizaines de militants levés tôt pour les droits de l’homme et rapidement agrippés aux portières des voitures de police et cela devant le commissariat central de la zone de Bruxelles-Midi, rue Démosthène à Anderlecht.
Rue Démosthène, quel symbole !...
Il est vrai que le parangon des démocrates ne comptait pas les esclaves comme humains.
A l’excès des représentants de l’ordre alternèrent les excès des manifestants : pneus dégonflés, gesticulations, et barrage humain devant les camionnettes, heureusement sans mort d’hommes
Le manque complet de respect pour le drame humain des sans-papiers, l’absence de tact des Autorités, le racisme sous-jacent de la Belgique officielle, par ailleurs hypocritement contre, faisaient comme un cocktail de tout ce qui ne va pas dans ce pays donneur de leçons.
Et c’est bien le paradoxe des gens qui pensent comme Simonet. On les voit aux grands-messes des ONG, assidus aux « dons et contributions » des pays riches aux pays pauvres, mais dès que la misère humaine débarque dans leur quartier, on les voit pousser des cris d’horreur et de dégoût. Ces gens-là ont la phobie de la contagion. Issus des anciens pays colonialistes, malgré l’apparente raison que la race humaine est une, il reste dans leurs veines un sang « supérieur » qui leur vient de leurs ancêtres qui ont « cassé du nègre » pour asseoir leur fortune.
Alors, la Loi, rien que la Loi, devient leur leitmotiv. Cela les arrange de savoir qu’ainsi leurs agissements sont couverts par elle, pour la raison spécieuse émise jadis par le Français Michel Rocard, selon laquelle « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Ce qui, quand on y réfléchit bien, est d’une absurdité totale, la misère du monde s’évaluant par milliards.

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Notre Guantanamo vient de cela. Nous parquons à Vottem « les déchets » qui osent disputer le pain que nous donnons aux pigeons. « Hommes, femmes, enfants, vieillards, tous y étaient descendus » comme dirait le bon Monsieur de La Fontaine.
Il ne se passe pas une semaine sans que nous n’apprenions par les journaux qu’une famille – par ailleurs bien intégrée avec enfants scolarisés et travail d’au moins un adulte – soit inquiétée par l’Office des Etrangers.
Chose curieuse, à chaque expulsion mal reçue des populations locales qui se mobilisent pour empêcher ce meurtre prémédité, les ministres interrogés ne savent pas, vont se renseigner et, après quelques jours, si la mobilisation ne faiblit pas, arrivent avec « de bonnes nouvelles ». Mais, qu’est-ce que c’est que ce pays qui laissent à son Administration subalterne le soin de traiter ce genre de situation ?
Et quel est le rond-de-cuir pointilleux qui examine les cas et prend des mesures d’expulsion jusqu’à faire embarquer des jeunes filles sur des lignes régulières, menottées comme des psychopathes, poussant à la mort l’une d‘entre elles ? On se souvient de l’histoire du coussin étouffant et de Samira.
Quelle est cet étrange pouvoir qui a l’air de réjouir un Simonet ?
Comment ne pas trouver plus que des crimes, des fautes, dans ce gâchis, fautes contre nous-mêmes handicapant nos rapports de capitalistes parvenus avec les Autorités des pays pauvres ?
Aux Nations Unies nous devrions cesser de jouer aux grands humanistes, lorsque nous ne sommes qu’une Nation de bourgeois racistes et fiers de l’être.

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