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Une féconde blessure…

Les policiers montois s’attellent à la poésie par devoir...
Finies les lectures des magazines de foot et de sexe dans les WC des commissariats. L’heure est au sérieux.
La ville de Mons se devait de briller dans tous les arts, puisque son bourgmestre empêché l’avait déjà hissée à force de persuasions parmi l’élite du socialisme mondain, au sommet de l’intelligentsia wallon.
Les lectures éthérées ne doivent pas faire oublier l’objectif : démasquer le dépeceur de Mons !
C’est à la suite d’un témoignage anonyme que l’information est arrivée aux médias. Le monstre pourrait avoir été édité par la maison de la Poésie d’Amay.
Le poète interrogé n’en est pas encore revenu. On attendra donc qu’il en revienne.
L’enquête suit son cours.
La Ville la plus culturelle de Wallonie devait bien ça à Thomas de Quincey, l’auteur inoubliable et pourtant oublié « De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts ».
Il est vrai que la Maison de la poésie, par manque de lecteurs, dépèce beaucoup dans les caves les chefs-d’œuvre invendus !
Interviewé à la Télé, son aimable directeur a avoué ne pas avoir compris grand-chose à la poésie du poète suspecté.
Serait-ce que l’on éditât l’illisible dans cet antre de l’alexandrin ? Gageons que l’artiste incriminé écrit en vers libérés, à toutes fins utiles.
Il conviendrait que les Sherlock Holmès de Mons interrogeassent le comité de lecture, car enfin, si le directeur ne comprend rien à sa poésie, il se pourrait que le dépeceur de Mons y ait des complices. A moins que cette maison d’Edition ne soit finalement qu’une vulgaire imprimerie à compte d’auteur. Dans cette alternative, le Comité de lecture serait disculpé parce qu’il ne servirait à rien, convaincu de servir davantage la cause du tiroir-caisse, que la poésie…
Toujours est-il que ce coup de pub va donner des couleurs à la poésie contemporaine et notamment augmenter le tirage des oeuvrettes du présumé innocent.
Si une pareille alternative survenait, il ne resterait plus qu’à nos poètes liégeois si discrets et si peu édités, de se précipiter dans le crime.
C’en serait fini des titres culminant à deux cents exemplaires !
Même Gallimard y regarderait à deux fois avant de nous traiter de ringards paysans.
Reste à consulter la police montoise sur ses goûts en la matière.
Y aurait-on jamais pensé avant cette dénonciation ?
Tant il est vrai qu’un certain mépris persiste de la part des élites envers ces pauvres travailleurs de rue que sont nos policiers.
Illettrés, eux ? Allons donc. Et comment aurait-il écrit leur demande pour entrer dans la police ?
La seule chose gênante, c’est qu’à la maison de la poésie d’Amay, il n’y ait aucun policier-poète, même à compte d’auteur !
Peut-être grâce à la poésie ensanglantée montoise, le genre policier fera-t-il florès un jour ?
Au lieu de jouer aux morpions dans les camionnettes de filature, la saine lecture de Chase ou de Steeman éclaircirait les esprits en même temps que les énigmes.
D’ici là, il faudra se contenter des écrits de tous les siphonnés un rang au-dessus de la maréchaussée communale : professeurs inspirés, avocats enflammés, psy comme s’il en pleuvait, sans oublier le pensionné de l’U. de Liège, béotien tourmenté d’une discipline à laquelle il ne comprend goutte, mais que son statut rend compétent.
Je me suis toujours demandé si je n’allais pas envoyer quelques vers à cette aimable compagnie culturelle amaytoise. Au vu de ce qui s’y est passé, je crains que gagné par l’ambiance délétère et sinistre, je ne suive les traces du dépeceur en altérant la fluidité de mon vers…
J’attendrai donc les résultats de l’enquête avant de me déterminer.
Et si le poète montois est blanchi, je ne pourrai qu’applaudir le formidable coup de pub et me demander s’il n’y avait pas en-dessous un joli coup de pouce de Gros QI ?

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Dieux ! de l’auguste jour, le pâle et tendre reste
Va des jours consumés joindre le sort funeste…

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