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Blair aux affaires, Tony au départ.

Tony Blair a raison de nous gourmander à sa manière, avec son amour total de l’Amérique, il nous trouve bien tièdes dans l’acte de foi en la grandeur d’une démocratie de laquelle nous devons tout. Mais c’est ainsi, parmi les Européens, les Belges et les Français sont les moins exaltés et les moins reconnaissants. Aussi Tony Blair ne nous aime pas. C’est lui qui a brisé le rêve de Verhofstadt qui se voulait le Président de la Commission européenne. C’est encore lui qui s’est dissocié de notre refus de s’en aller croiser le fer avec les troupes de Saddam, qui ne veut pas de l’Euro et qui n’est Européen que pour mieux torpiller toute initiative qui ferait sortir l’Europe de la notion keynésienne du Libre Echange.
Bref, ce magnifique partenaire nous quitte dans un an, parce que son parti Le Labour, l’homologue de nos rosés, se voit en perte de vitesse à cause de la minceur de la doctrine qui le sépare des Conservateurs.
Mais, qu’est-ce que ce champion du socialisme « couche-toi-là à l’anglaise » nous laisse ?
Le regret de Margaret Thatcher ? Pour certains homme de gauche, paradoxalement cela se pourrait.
Il nous lègue surtout l’exemple d’un socialisme accompagnateur, dérivé si l’on pourrait dire du libéralisme dit démocratique, ce dernier terme accolé au précédent, on ne saurait dire pourquoi.
Et surtout, il est le symbole d’un rapport de force déséquilibré entre les nouveaux riches d’un marché financier qui travaille depuis dix ans à l’anglaise et les nouveaux pauvres victimes de la dérive des inégalités à l’américaine.
On se souvient qu’à l’issue des « Trente glorieuses » les inégalités avaient reculés en Belgique. Une étude montre que l’écart qui séparait les 10% de pourvus aux autres citoyens avait atteint son niveau le plus bas dans la décennies 70-80, de même les détenteurs du patrimoine en détenaient 60% en 1960 et 54% en 1985.
Depuis cette date, l’assiette anglaise a retourné la situation.
Aujourd’hui, grâce à la flambée de l’immobilier et de la Bourse les revenus du capital galopent et les revenus du travail plongent.
L’effet anglais joint à la profonde hypocrisie du socialisme européen ont permis ce petit désastre social avec comme cerise sur le gâteau, les revenus des chefs d’entreprise et les hauts dirigeants ont augmenté de 260 % par rapport aux gagne-petit de leurs univers concentrationnaires de production.
On s’en doute qu’un tel renoncement au progrès, qu’un tel accompagnement des piroguiers attendris par les sirènes du Mississipi, font qu’on se demande par les temps qui courent si la gauche européenne à conscience que le laxisme anglais a engendré les évolutions sociales vers le bas qui sont le lot des travailleurs européens, ou bien si elle estime avoir fait son boulot, et avoir usé de la force de ses électeurs au travail, pour distribuer à chacun sa part de prospérité ?
Car, c’est cette dernière alternative qui va être le leitmotiv de la campagne électorale d’octobre en Belgique, comme il sera le « cri du cœur » des militants du Labour au départ de ce cher Tony, en 2007.

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De quoi demain sera-t-il fait si notre « conducator » Di Rupo poursuit sa séance d’hypnose collective, en ne ramassant pas la gifle qu’il mérite aux élections ?
La tendance à l’américaine va nous pousser davantage vers les British, soit l’individualisation des salaires et une plus grande flexibilité.
Et on le voit venir, le néolibéralisme au rhinfort, on les sent pointer le bout du nez sous la rose et les cris lancés en lieu et place de l’Internationale aux meetings de la cueillette aux voix.
« Chacun sera rémunéré selon son efficacité réelle. »
L’essentiel sera de savoir quels sont les critères, s’ils seront applicables de haut en bas de l’échelle sociale et qui va déterminer le degré de rentabilité de chacun. Je ne vois qu’une personne capable de ce tour de force : Dieu… s’il existe.
C’est plus qu’un changement de mode qui nous pend sous le nez, mais la traduction d’une logique admettant l’inégalité croissante, conséquence de l’application des lois dites « naturelles ».
Sans le savoir, avec l’Anglais, nous courons dans les bras des libertariens américains, groupe d’économistes d’extrême droite, avec Nozick et Rawls, comme têtes de file.
Merci Tony, merci la gauche.
Il ne reste plus qu’à ouvrir des camps de concentration pour les récalcitrants à la nouvelle démocratie.

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