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Jésus est américain

C’est clair, quelque chose ne tourne pas rond chez moi. C’est ce qu’affirme Jésus qui m’envoie du courriel régulièrement.
C’est qu’il s’inquiète, le bougre. Il me voit mal finir dans le charabia philosophique et la morale douteuse. Il sait de quoi Il parle avec ses mille cent hérésies chrétiennes sur les bras. Il en a connu des tordus, avec des convictions, des églises et des simagrées, même parmi ses évêques, ses papes qui avaient le droit de le traiter de cousin, de ces enfoirés parfaitement ignobles qui n’avaient qu’une seule idée en tête : prendre sa place..
Alors, vous pensez à ma chétive personne qu’il s’intéresse encore, je n’en reviens pas !
J’essaie parfois de lui demander des explications, mais je tombe sur une boîte postale américaine. Ah ! encore une chose, Jésus ne parle plus que l’américain… C’est fâcheux pour les francophones, et c’est regrettable pour les Araméens qui l’ont connu moins fier.
Les contacts avec dieu ne sont pas simples. Je ne comprends pas toujours ce qu’il me veut.
D’accord, je suis un mauvais fils. J’ai beau lui répondre que l’on ne se fait pas faire, qu’il est même un peu responsable de mon gâchis. Il reste inflexible. Mes raisonnements ne le touchent pas. Tout ça, c’est du laïque et compagnie, me dit-il implicitement ; car dieu parle toujours de façon implicite, pour mieux faire comprendre que les choses avec lui vont toujours de soi.
J’ai essayé de lui parler du « je ne sais quoi » de Jankélévitch. Je lui ai dit le plus gravement possible « Si la mort n’est pensable ni avant, ni pendant, ni après, quand pourrons-nous la penser ? ». Il m’a répondu « Je ne sais pas ! » Est-ce une réponse, ça, pour quelqu’un qui sait tout ?
Cependant, comme il reste d’une bonté infinie, il veut bien me pardonner mon fâcheux penchant aux plaisirs frelatés (pour lui, tous les plaisirs le sont), mais sous certaines conditions.
Nous abordons ici un de ses mystères, par conséquent ne me demandez pas d’interpréter les moments difficiles qu’Il traverse. En un mot, Il est gêné en ce moment.
Ce sont des choses qui arrivent. S’il vit en Amérique comme ses lettres en témoignent, il doit avoir de grands frais. C’est bien connu, monter une affaire là-bas ne se fait pas en prêchant la bonne parole au porte à porte.
La première condition de son pardon, c’est que je l’aide à surmonter ses difficultés financières. L’aumône ne suffit plus à payer le personnel. Les banquiers juifs lui en veulent toujours. Quant aux marchands, ils se souviennent du temple….
Il me fait des propositions, certes honnêtes, venant de sa part, avec toutes les garanties de l’indicible d’un remboursement échelonné. Et mieux, si je suis parmi ses heureux élus, ce qui ne saurait tarder et que je m’exécute, je pourrais toucher une prime de cent mille dollars avant de monter au ciel !
Mais c’est fou ce qu’il est compliqué, dieu !... A part son numéro de compte dans une banque totalement inconnue de ses prosélytes, rien, aucune indication où je pourrais le toucher.
Malheureux ! toucher Jésus, mais vous n’avez pas le droit, s’écrieront ses plus proches collaborateurs (autrefois on disait les apôtres).
Voilà où nous en sommes. Je dois Lui faire confiance, c’est tout... La foi du charbonnier quand il n’y a plus de charbon, cela devient abstrait.
La question est de savoir en ces temps troublés, si on peut être assuré qu’à point nommé, Jésus m’enverra cent mille dollars ? Je veux bien croire au miracle, mais celui-là serait tellement inouï qu’il me convertirait à tout jamais.
Ce n’est pas pour mettre en doute son divin message, mais j’en connais qui ont eu à se plaindre. Sa parole n’est plus ce qu’elle était.
Y aurait-il des magouilles au ciel aussi ?

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On en serait resté là, Lui dans l’espoir de ma conversation, moi dans l’espoir des cent mille dollars, quand la semaine dernière, il a décidé de mettre d’autres moyens à ma disposition afin de me faciliter mon retour dans le bercail.
“Only Best Vibrators here, try and be happy”, m’écrit-il derechef. Et voilà qu’il dévoile sa quatrième personnalité, les trois autres étant bien connues de ses fidèles, en signant : TRY NOW!!! (ça on savait) suivi de « Jack Rabbit Vibrator Sex Toy ».
Voilà qui change tout. Le ciel ne serait pas ce lieu où l’on feint d’éclater de joie en réprimant un bâillement compulsif. Ce serait tout simplement un « sex shop » comme il peut y en avoir à La Vegas et dans tout autre lieu de culte. Je crois bien que je vais souscrire.
Quant à l’accompagnatrice mystique, si vous connaissez un ange qui démarque en ce moment ?

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