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La Belgique brandelorisée !

Dans le chef-d’œuvre des cinquante premières années du siècle dernier : « Le Voyage au bout de la nuit », Louis-Ferdinand Céline met en scène un rengagé, le sergent Branledore, qui avait appris au cours de ses séjours dans les hôpitaux à attirer puis à retenir la sympathie active des infirmières.
Nous sommes pendant la guerre de 14. Le séjour à l’hôpital dispense de remonter au front. Le sergent Branledore avait trouvé son truc pour rester planqué. … entre deux étouffements, s’il y avait un médecin ou une infirmière à passer par là : « Victoire ! Victoire ! Nous aurons la victoire criait Branledore… Ainsi rendu conforme à l’ardente littérature agressive, par un effet d’opportune mise en scène, il jouissait de la plus haute cote morale. Il le possédait, le truc, lui. » (page 113)
Nos parlementaires, politiciens, chefs de file, présidents, délégués, tout ce que l’on veut, sont d’une certaine manière brandelorisés. Ils possèdent le truc, eux aussi !...
La crainte de retourner d’où ils viennent, qu’ils s’agissent de bureaux d’avocat, d’employés d’administration, ou même de la rue, les rend enthousiastes de là où nous n’allons plus guère qu’en traînant les pieds : la Belgique, l’Europe, la démocratie, le travail (la santé même !).
Ce qui nécessite notre absolue adhésion et qui nous accable, les stimule, les électrise, au point que les plus sceptiques d’entre nous les voient au bord de l’hystérie patriocarde.
C’est Anne-Marie Lizin qui accueille le public au Sénat et Hermann De Croo à la Chambre, tous deux frétillants, rassurés que des fesses populaires en écrasant les velours des fauteuils, juste le temps d’en sentir le moelleux, en garderont l’empreinte indélébile au point de s’en montrer éternellement reconnaissantes.
Et les voilà tous deux à pousser de la voix la chansonnette d’amour à la Branledore :
Victoire ! Victoire ! Vive la démocratie, nom de Dieu !...
Même branledorisation aux étages inférieurs.
Liège, le Conseil communal des Enfants, c’est quelque chose… Une sorte de mise en condition pour les futurs qui déchantent, les détentions provisoires prochaines, les mises hors jeu des chefs… Leur assurance vie en quelque sorte : la jeunesse émerveillée.

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Qu’est-ce que ce populisme exacerbé ? Cette jalousie perverse ? C’est un malade ce Richard III ? Et eux, alors, c’est pas de la démagogie populiste, entre ce qu’ils promettent et ce qu’ils ne tiendront pas ?
On comprend la réaction des permanents et continuels de la foire parlementaire des illusions, les exaltés du grandiose par l’Europe, les surdoués de la patrie, les aborigènes communautaires, les travaillés de la grandeur, les champions du centrisme.
Les preuves que le ci-devant n’est pas si fou qu’on le croit ? ?
Elles abondent. Tout le monde peut se les procurer, se les fourrer sous le nez, les dévorer dans les maisons de la presse, les preuves...
A l’heure des grandes misères, des inflations honteuses, des pensions à mille euros (Et encore, elles sont parmi les meilleures à 1000 euros !) :
Parlementaires : traitement de base 6.244 € par mois + indemnité forfaitaire de 28 % + indemnités de bureau entre 20 et 72 % + indemnité forfaitaire supplémentaire de 28 à 60 % de l’indemnité de bureau + un pécule de vacances + une prime de fin d’année + des allocations familiales.
Les ministres 16.005,05 (admirons les 5 cents !) par mois, plus évidemment les petits à cotés repris ci-dessus.
On passe les bourgmestres, les échevins, les députés permanents, les députés européens, les commissaires européens (On comprend que Louis Michel ait décidé d’aller jusqu’au bout de son mandat).
Qui d’entre nous à ce tarif là n’aurait pas à cœur d’apprendre la Brabançonne aux enfants des écoles et à couper le cou à des mecs de mon genre ?
Que le petit peuple soit aussi vénal que ceux qui en sont sortis et qui ont réussi, c’est normal. Mais en attendant les petites gens sont dans la merde et, croyez-moi, il n’y en a pas beaucoup qui s’en sortiront.
Ils ont du mérite et pas nous ? C’est ce qu’on entend dire chez les veaux et assimilés.
On retombe dans le branledorisme par l’autre versant : les sacrifices, la volonté de servir les autres, la disponibilité, bref, le côté martyr sensibilise aussi les foules crédules.
Des solutions ? Il n’y en a guère.
Qu’on place l’engeance aux salaires minima, seuls resteront les voleurs. Vous me direz, « Il y en a déjà ». D’accord, mais pas tout le monde. Soyons sérieux. Avec les salaires qu’ils ont, certains se montrent raisonnables, peu reconnaissants, certes, mais gavés, pourquoi voulez-vous qu’ils soient malhonnêtes en plus ?
Tandis que réduit à la misère, vous les verriez tous virer façon PS à Charleroi. Ce qui n’est pas admissible.
Alors que faire ?
Tu n’as plus qu’à t’en foutre mec !
Il ne manquerait plus que tu en fasses une dépression nerveuse.

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