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La réveillonnite.

-T’en as qui inventent, d’autres qui découvrent. Dans les plus enragés découvreurs, t’as des médecins. Enfin quand je dis qu’ils découvrent… Ils constatent, ce que d’autres ont constaté fort longtemps avant eux, sans avoir pris la précaution de dire, stop, on arrête. Je vais vous d’écrire les dégâts du trycophon sur le cuir chevelu. Du coup la trichophylie, c’est la maladie de Gruby-Sabouraud, qui, lui, a pris le temps de publier un rapport..
-Peut-être qu’il avait la chose ?
-On sait pas. Mais c’est lui qui l’a appelée de son nom. Comme l’astronome qui dénomme Julie 3786, un astéroïde qu’il vient de découvrir ; ce n’est pas pour autant sa femme qui voyage dans l’espace ou Jules Destrée qui a donné son nom à une rue de chaque commune socialiste, sans que cela soit lui qui l’ait demandé.
-J’ai des nausées à imaginer comme je vais m’emmerder aux réveillons, je vais appeler ça la réveillonnite.
-C’est pas si simple. Faut d’abord que l’envie de gerber te revienne à date fixe.
-C’est à partir du 15.
-Ensuite, il faut que tes malaises soient partagés par plusieurs malades.
-J’en connais pas mal que ça emmerde d’aller dîner en famille.
-D’autres que ça plaît pas du tout d’arborer des chapeaux en papier et de souffler dans des langues de chat, d’entendre les rires gras et les blagues de l’oncle.
-Ouais, c’est la même maladie. Elle commence par un prodigieux emmerdement anticipatif.
-Tu pourrais appeler ta maladie, le syndrome de Ducrampont-Ernest. Mais ça vaudra jamais le syndrome de Guérin-Stern.
-Pourquoi ?
-Rapport à la richesse du rapport médical. Le Guérin-Stern a décrit comme si c’était de lui l’artro-myodysplasique congénital.
-C’est quoi ?
-C’est une amyoplasie avec rigidités articulaire multiples.
-Quand je bande, je fais une amyoplasie ?
-Non. T’as pas d’articulation là ?
-Je sais pas, avec tout ce qu’on découvre.
-Juste pour te dire qu’avec tes réveillons émétiques, le syndrome Ducrampont-Ernest ne pourrait pas rivaliser en termes scientifiques avec ceux des beaux noms de l’Académie de médecine. Par contre, j’ai la gerbe aussi rien qu’à la pensée qu’il va falloir sautiller, se fendre la gueule et boire du pétillant au moment où une pincée de milliards de gens l’auront décidé.
-Oui. De quoi se mêlent-ils ?
-Tu peux toujours ne pas les faire.
-Quoi, faire l’impasse des réveillons ! Déjà que ma belle famille, les Steinbrocker, ne rateraient pas la messe de minuit, quoique leur nom ne l’indique pas, pour rien au monde. Et non seulement, ils y vont, mais leurs trois filles et leurs maris aussi.

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-Les Steinbrocker ? Ils ont personne à avoir choppé un infarctus du myocarde dans leur parenté ?
-Je ne vois pas. Peut-être le vieux, le grand-père ?
-Il était médecin ?
-Je me demande… Pourquoi tu me poses la question ?
-Parce que le syndrome de Steinbrocker ou syndrome épaule-main est un trouble astéo-articulaire et trophique succédant à l’infar…
-Comme moi quand je soulève la poubelle pour la descendre le mercredi…
-Non. Toi, c’est le manque d’enthousiasme à l’effort. C’est congénital.
-Ça va réjouir Christ de savoir que son grand-pa a peut-être découvert les troubles machins, comme tu dis.
-Seulement, le pépé – si c’est lui – n’était pas tout seul. Un certain Pierre Ravault les avait déjà décrits comme un rhumatisme neuro-trophique.
-Pas étonnant venant de la part des Steinbrocker. Ils n’ont jamais rien fait seuls, surtout lui. D’après Chist, ses deux sœurs ne seraient pas du père.
-Par contre, Christ ?
-Elle, on est certain que non, puisqu’elle est la fille d’un premier mariage de sa mère.
-Pourquoi elle s’appelle Steinbrocker, alors ?
-C’est un beau geste du type… Son géniteur s’appelait Letulle… Edouard.
- C’était un alcoolique ?
-Pourquoi dis-tu ça ?
-Parce qu’un certain Letulle a donné son nom à une cirrhose pigmentaire alcoolique.
-Bon. Allais, vieux, bons réveillons, des fois qu’on se verrait plus ?
-Hé attends, que je te dise pourquoi elle est pigmentaire… L’Ernest est parti, sans avoir fini son verre !

Commentaires

Vivement le 2 janvier qu'on soit quitte de ces réjouissances frelatées et de ces noëls sirupeux!Parle-moi plutôt d'un bon bouquin, d'une bonne partie de jambes en l'air, d'une bonne soirée entre amis à parler de philosophie, de femmes,...!

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