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Charlemania.

La Destenay mania (complexe de Charlemagne) n’est pas morte. Le bétonnage du centre ville a toujours ses chauds adeptes. Le goût du grandiose touche encore de nombreux élus. On l’a vu dans le choix de la gare des Guillemins, certes, chef-d’œuvre de Calatrava incontesté ; mais placé au centre d’un quartier aux maisons de briques à un ou deux étages, l’ensemble fera un coup de poing sur un œil – un de plus – parce qu’on n’ira pas au bout du projet de l’architecte avec la percée d’un canal bordé d’avenues jusqu’à la Meuse et qu’ainsi, l’ensemble au centre des maisons anciennes apparaîtra comme monstrueux et inutile.
Admettons que cette gare magnifique n’était pas faite pour nous, puisque nous ne sommes pas capables d’en finaliser l’implantation.
Mais le syndrome Destenay se cristallise ailleurs, maintenant que les dés sont jetés pour les Guillemins.
En effet, la crise de trente années de la place Saint-Lambert, si elle a accouché de bâtiments de type soviétique place Saint-Michel, et qu’en face, à l’espace Tivoli, personne n’a vraiment une idée valable pour contrecarrer les bétonnières qui piaffent d’impatience dans les starting-blocks de la gent immobilière, Didier Reynders, le bourgmestre empêché par les électeurs, et le vrai, Willy Demeyer, sont pour l’excroissance bétonnière de la justice au-dessus de la gare du Palais et se bagarrent ferme avec les riverains et une bonne partie de la population liégeoise. Le montage au-dessus des voies du chemin de fer à deux pas du palais des Princes-Evêques, d’un blockhaus, du type « mur de l’Atlantique » afin de caser les dossiers poussiéreux et quelques chambres juridictionnelles éparses dans la ville et aussi pour accompagner l’impression fâcheuse de la façade jaunâtre et plate de l‘îlot Saint-Michel, est la pire catastrophe architecturale que des décideurs publics veulent imposer à la ville.
Pour une fois, les riverains se sont insurgés en première demande d’arbitrage. Le Conseil d’Etat leur a donné raison. Les maniaques d’en face ne l’entendent pas de cette oreille. Au lieu de reconnaître que leur projet est insensé et chercher un lieu où déposer dame Thémis, par exemple la magnifique abbaye Saint-Laurent bientôt disponible, non, c’est trop. Ils n’aiment pas que l’opinion leur résiste. Ils remettent ça, dans un soi-disant nouveau projet qui n’est que le même qui n'a pas changé d'une brique.

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On se dirige à nouveau tout droit vers un nouveau recours au Conseil d'Etat !
Pour ceux qui ne savent plus si cette ville est dirigée par des fous ou si ce sont les citoyens qui le sont, le Conseil d'Etat a pour mission de nous protéger de l'arbitraire des Autorités, face au refus du dialogue et des arguments de fait. Il est donc normal de se tourner vers lui, en démocratie.
Le Conseil d'Etat ne se prononce que sur la légalité du permis, c'est-à-dire le respect ou non des normes et règlements, ou la manière dont on motive les dérogations à ces normes. L'opportunité du projet actuel, que les opposants ne cessent de contester, est de l'entière responsabilité des Autorités.
La nouvelle demande de permis n’apporte aucun élément permettant d’estimer qu’il s’agit d’un nouveau projet à considérer.
Pour mettre un peu de baume sur la plaie, les responsables avaient imaginé une compensation sous la forme de promesse concernant l'entretien et la rénovation du Palais des Princes-Evêques. On connaît la valeur des promesses. On en attend même des tombereaux à quelques mois des élections. D’autant que le plus beau monument de Liège du fait de son classement sera obligatoirement restauré dès que certains dépôts d’archives de la justice auront vidé les lieux. On se demande même comment il se fait que les Services Incendie des pompiers n’ont pas déjà fermé certaines salles aux installations électriques défectueuses, quand on sait comment ils sont pointilleux quand des particuliers transforment leur maison.
Vraiment si toutes ces imprudences, ces manquements à la sécurité, finissaient par dégrader ce magnifique édifice, pire, à le réduire en cendre, ce serait accablant pour les promoteurs des délirants projets actuels qui ne trouvent pas d’issue.
On croise les doigts, pour qu’une catastrophe de cette ampleur n’arrive jamais.
J’espère que l’urgence de sortir d’une impasse déterminera les services publics.
Les partis adhérents au projet « gare du Palais » devront vite se ressaisir et caser ailleurs une Justice qui n’a rien à faire au centre ville.

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